Conséquence de l’importation du système français de commercialisation de l’eau dans une île tropicale loin de la France

Crise de l’eau en Guadeloupe : vigilance à La Réunion

28 septembre, par Manuel Marchal

Comme à La Réunion, plusieurs points d’eau potable dans chaque habitation sont la norme en Guadeloupe. L’eau est facturée 55 % plus cher qu’en France, entre 60 et 70 % de l’eau se perd entre l’usine de potabilisation et le robinet. Une partie de la population fait la grève des factures. Le principal problème est l’importation du système français qui pousse à surconsommer l’eau. A La Réunion, ce système est responsable d’une consommation moyenne par habitants de 180 litres d’eau potable, soit l’équivalent de 9 bidons, alors que 2 litres par jour suffisent. La pression sur une ressource indispensable augmente, alors que la crise climatique réduit cette ressource.

Selon un article de Reporterre, début septembre, plusieurs habitants de Guadeloupe ont été privés d’eau courante, révélant une crise qui s’aggrave et l’incapacité des autorités à la résoudre.
Notre confrère évoque une habitante de Gosier. Elle a subi une coupure d’eau de neuf jours, situation devenue fréquente avec des coupures à cause des fuites dans les infrastructures, estimées entre 60 et 70 %. Reporterre indique qu’elle « a acheté un appareil qui permet de produire de l’eau à partir de l’humidité de l’air. « Il m’a coûté 2300 euros, ce qui est une grosse somme, mais il me permet de récupérer 13 litres par jour » ». Ces 13 litres servent pour tous les usages. C’est moins de 10 % de la consommation moyenne par habitant à La Réunion.
Le quotidien des habitants, c’est aussi se ruiner en achetant des packs d’eau en bouteille.
« En Guadeloupe, les habitants paient 6,74 euros (hors taxes) par mètres cube. Soit 55 % plus cher » qu’en France, dit notre confrère. En plus des coûts élevés, de nombreuses factures restent impayées (43 % en 2023), une révolte initiée il y a plus de dix ans. Les investissements dans le réseau sont jugés insuffisants et l’état des infrastructures compromet l’approvisionnement. Malgré les réparations, la pression reste trop faible pour desservir toute la région, laissant les habitants dans une situation de pénurie chronique.

Plus de 60 % de perte dans les tuyaux en Guadeloupe

Ce qu’il se passe en Guadeloupe est un élément d’une crise globale. La Réunion est également concernée. En effet, le manque d’eau provoque des coupures d’eau. C’est notamment le cas à Salazie, où l’eau est coupée plusieurs heures par jour pour préserver la ressource.
La crise de l’eau en Guadeloupe rappelle des éléments existants à La Réunion. Le système de distribution de l’eau est le même. Des kilomètres de tuyaux relient des usines de potabilisation aux robinets dans les maisons. Comme à La Réunion, ce type d’installation est impossible à entretenir correctement. Dans notre île, 35 % d’une eau potabilisée à grands frais se perd dans les tuyaux. Cette proportion dépasse 60 % en Guadeloupe.
Dans notre île, ce système de distribution amène une consommation moyenne par habitant de 180 litres d’eau potable par jour alors que 2 litres suffisent. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, un tel système en Guadeloupe doit être responsable d’une consommation analogue.
De plus, la Guadeloupe voit sa population régulièrement diminuer. La pression sur la ressource devrait suivre le même chemin. Mais la pression sur la ressource oblige à des coupures d’eau, elles peuvent durer plusieurs jours.

2300 euros pour produire 13 litres d’eau par jour sans effort

Avec le même système, les Réunionnais doivent être vigilants. La consommation de 180 litres d’eau potable par jour et par habitant augmente la pression sur une ressource fragilisée par la crise climatique. La sécheresse s’est installée, y compris dans l’Est qui était le château d’eau de La Réunion. Les pluies abondantes ne sont plus quotidiennes, tout est bouleversé.
Face au manque d’eau, les Guadeloupéens s’adaptent pour moins dépendre des grandes sociétés françaises et leurs filiales qui contrôlent ce qui est devenu un marché.
Avec une installation coûtant 2300 euros, il est possible de produire 13 litres d’eau à partir de l’humidité de l’air. Ces 13 litres sont suffisants pour la boisson et la cuisine d’une famille. Le reste des besoins peut être assuré par un puits ou une citerne stockant l’eau de pluie.
Cela semble plus adapté dans un pays tropical insulaire comme La Réunion, où la crise climatique rend l’eau plus rare. Il est important d’agir pour prévenir les conflits d’usages qui ne manqueront pas d’arriver si la consommation journalière d’eau potable reste à 180 litres par personne.

M.M.

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