
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
13 mars 2007
Pascal Rousse a soutenu, entre deux alertes rouges, une thèse portant sur le comportement d’une guêpe inoffensive pour l’Homme : Fopius arisanus. Cette espèce a été introduite en 2003 à La Réunion par le CIRAD (Centre de Coopération Internationale de Recherche Agronomique pour le Développement). Il est très rare qu’un organisme scientifique décide, sciemment, d’"importer" une espèce dans un écosystème. Si une telle décision a été prise, c’est que Fopius arisanus pouvait contribuer à réduire notablement les mouches des fruits.
Les ravages des mouches des fruits
Tout d’abord, il ne faut pas confondre ces dernières avec les drosophiles, comme la mouche du vinaigre qui est gênante certes, mais qui n’est pas un ravageur nuisible. En outre, il faut savoir que l’étude la plus récente qu’on ait date de 1993. Elle montre qu’à l’époque, les mouches des fruits représentent un million d’euros de pertes (par les ravages qu’elles provoquent sur les cultures + le coût de la lutte).
Appelées scientifiquement Tephritidae, les mouches des fruits comptent plus de 4000 espèces. Sur ce nombre, huit sont présentes et nuisibles à La Réunion : quatre s’en prennent aux légumes ; quatre attaquent des fruits. Dans le cas des légumes, les mouches attaquent les cucurbitacées (notamment les courgettes et les chouchous) et une espèce agresse particulièrement quelques solanacées dont la tomate. On considère qu’une mouche est polyphage lorsqu’elle attaque plusieurs familles d’hôtes. C’est le cas des mouches des fruits qui vont s’en prendre à un grand nombre de cultures. En revanche, les mouches des légumes attaquent un seul type de culture. Au niveau des mouches des légumes, il est important de présenter Bactrosera cucurbitae. Elle est spécialisée, comme son nom l’indique, sur la famille des cucurbitacées.
Dans le cas des mouches des fruits, il y a la plus connue : Ceratitis capitata. Elle est présente dans une grande partie des zones tropicales et méditerranéenne (ce qui explique que son nom commun : la mouche méditerranéenne des fruits). Elle a un pouvoir de nuisance sur plus de 250 espèces végétales différentes, cultivées ou non. Malgré ce grand spectre de capacité à attaquer les plantes, elle n’est pas la plus nuisible, du moins à La Réunion. Ainsi, la mouche de la pêche, Bactrocera zonata, la dépasse-t-elle par les dégâts économiques qu’elle cause. Depuis son introduction à La Réunion au début des années 1990, elle a pris la première place de nuisible à Ceratitis rosa qui avait déjà supplanté sur ce point la Ceratitis capitata. Et pour avoir une vue complète des mouches des fruits, il nous faut citer la quatrième espèce, la Ceratitis catoirii, endémique de La Réunion. Au niveau mondial, elle n’a pas essaimé en dehors des Mascareignes du fait de ses pauvres aptitudes à la compétition avec les autres mouches. En ce qui concerne sa survie, elle est mise en danger par les trois autres mouches beaucoup plus agressives qu’elle. Elle est en train de disparaître principalement parce que les autres sont en train de la mettre dehors.
La protection biologique intégrée
Depuis une trentaine d’années, on tend à remplacer la lutte chimique par de la protection biologique intégrée. Ce procédé se substitue à la méthode traditionnelle qui est purement chimique : les pesticides. L’un des outils de cette lutte intégrée est la lutte biologique : son principe consiste à utiliser des organismes vivants (des auxiliaires de lutte) ou de leurs produits (bio-pesticides) pour réduire les populations d’un autre organisme (le ravageur). Le plus souvent, on va utiliser des parasitoïdes. Ce dernier est différent du parasite. Certes, les deux vont se développer aux dépens de son hôte. La particularité du parasitoïde réside dans le fait qu’il doit obligatoirement tuer son hôte pour finir son développement. C’est le cas du film Alien où un parasitoïde se développe à l’intérieur de son hôte humain.
Cependant, comme le met en évidence Pascal Rousse, la lutte biologique peut également engendrer des effets dévastateurs pour les écosystèmes si elle n’est pas bien préparée. À cet égard, le cas du gouvernement australien, en 1935, est révélateur. Il essaie de lutter contre les vers blancs de la canne en introduisant un prédateur vertébré : le crapaud buffle. Ce dernier s’attaque non seulement aux vers blancs, mais à tous les insectes. Cependant, n’ayant pas de prédateur lui-même parce qu’il est toxique, rien ne peut l’arrêter ! C’est pourquoi depuis maintenant quelques décennies, on privilégie les parasitoïdes et avant de les introduire, on les étudie beaucoup plus longuement en laboratoire.
L’État des connaissances en 2003
Cela nous amène à l’introduction de Fopius arisanus en 2003 par le CIRAD. Que connaissait-on en 2003 de cet insecte ? L’introduction ne présentait pas de grand danger car on connaissait et suivait cet insecte depuis soixante-dix ans. Plus particulièrement, il a été introduit à Hawaii en 1946 et il a eu un succès énorme là-bas. C’est une des plus grandes réussites de la lutte biologique. Plus particulièrement, on savait qu’il s’attaquait à deux des huit espèces de mouches des fruits nuisibles de La Réunion. En revanche, on ne connaissait que peu le comportement de cet insecte avant son introduction à La Réunion. En 2003, le comportement de sélection de l’hôte, (c’est-à-dire, pour une femelle de parasitoïde, la localisation, la reconnaissance et l’acceptation de l’hôte apte à assurer le développement de descendance) est donc quasiment inconnu. La question que l’on se pose, c’est donc comment Fopius arisanus fait-il pour trouver et reconnaître son hôte. En d’autres termes, comment l’évolution a façonné son comportement pour trouver sa place dans l’écosystème ?
L’apport de la thèse de Pascal Rousse
Au-delà des connaissances révélées, Pascal Rousse répond surtout à deux "erreurs" que Fopius arisanus fait. Pour débuter par le savoir immédiat apporté, on sait désormais que Fopius arisanus s’attaque aux huit espèces de mouches des fruits localisées à La Réunion. On connaît désormais qu’il y en a une sur laquelle il n’arrive pas à se développer, Bactrocera cucurbitae. A l’opposé, Bactrocera zonata, la plus ravageuse économiquement parlant, va être un très bon hôte. Ce qui est très curieux réside dans le fait que, même si Fopius arisanus ne se développe pas sur Bactrocera cucurbitae, il la préfère quand même à d’autres cibles. On a ici une première erreur.
La seconde erreur réside dans la manière avec laquelle le parasitoïde trouve son hôte. Comment un insecte de deux millimètres de long va faire pour trouver un oeuf à des dizaines de mètres ? Pascal Rousse a mis en évidence que Fopius arisanus utilisait des odeurs qui viennent des feuilles de l’arbre mais aussi du fruit et également de l’hôte (l’œuf). Plus de quatre-vingts espèces végétales peuvent l’attirer. Néanmoins, il s’est aussi posé la question des fruits qui ne devraient pas l’attirer car aucune présence de mouches de fruits n’est décelée dessus. Et pourtant, sur un fruit tel que la fraise, on se rend compte que le Fopius arisanus vient baguenauder. Donc, c’est une deuxième erreur car c’est une déperdition d’énergie et de temps.
Pourquoi y a-t-il des erreurs ?
Fopius arisanus peut se permettre de faire des erreurs du fait :
1° de la grande diversité des ressources disponibles dans son environnement naturel ;
2° de sa grande polyphagie (il peut utiliser une très grande partie de ces ressources).
Qu’est-ce que cela implique ? Illustrons-le par un proverbe créole : “dann kafé, n’a poin de tryiaz”, c’est-à-dire : le risque d’erreurs est tellement faible qu’il ne va pas perdre du temps à l’éviter. Donc, s’il s’est trompé en se posant sur un des rares fruits qu’il ne peut utiliser, il ira se rassasier sur un autre, très proche de lui. Cette thèse a donc démontré que les “erreurs” de la nature, n’en sont pas et constituent des réponses adaptées à un environnement donné. Jusqu’à présent, Pascal Rousse n’a pas trouvé de comportements équivalents signalés dans la littérature scientifique.
Les applications à La Réunion
L’insecte est installé dans l’île depuis 2003. Pascal Rousse a montré que l’insecte a une préférence pour les BactroCera, soit la pire mouche des fruits, donc Fopius arisanus constitue un très bon outil de protection biologique intégrée. Le parasitoïde ne supprimera pas les mouches des fruits de toute façon, mais va contribuer à les réduire, en particulier dans les zones réservoirs, soit les endroits qui ne sont pas traités. À Salazie par exemple, la Fédération Départementale du Groupement de Défense contre les Organismes Nuisibles (FDGDOM) pourrait reprendre ces travaux pour lutter contre les mouches des fruits sur les chouchous. “Témoignages” reviendra, dans le cadre de la semaine du développement durable sur le développement par la FDGDOM de la recherche faite par le CIRAD.
La recherche réunionnaise au profit des pays africains
Dans un cadre plus large, on connaît plusieurs espèces de Bactrocera invasives qui sont désastreuses sur le plan économique dans de nombreuses parties du monde telles que Bactrosera invadens qui a envahi l’Afrique subsaharienne en moins de trois ans. Cela pourrait être une contribution de la recherche réunionnaise à la lutte contre les ravages des mouches des fruits en Afrique. D’ores et déjà quelques laboratoires se sont déclarés intéressés par de tels résultats.
Un docteur en recherche d’opportunités
Après avoir soutenu, il y a dix jours, sa thèse (financée par le Conseil Régional), il a obtenu le grade de Docteur avec les félicitations du jury à l’unanimité. Pascal Rousse se trouve actuellement en recherche de financement sur des projets afférents au développement d’une gestion durable de l’agriculture. Il souhaiterait avant tout rester à La Réunion.
Matthieu Damian
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