Biodiversité : après la Conférence de Paris (24-28 janvier)

Défis et responsabilités des milieux insulaires

4 février 2005

De retour de Paris, où elle a participé du 24 au 28 janvier à la Conférence internationale sur la “Biodiversité : science et gouvernance”, la délégation réunionnaise a fait hier, à la Région, un point sur sa participation aux travaux et sur les chantiers à mettre en œuvre pour atteindre l’objectif 2010 d’une ’réduction du taux de perte de biodiversité’.

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"Le rythme atteint dans la dégradation de l’extraordinaire diversité biologique de la planète alerte la communauté des biologistes depuis déjà plusieurs décennies. Avec la très forte poussée démographique mondiale, la convergence de l’accord final d’une majorité de scientifiques sur les phénomènes climatiques et leurs conséquences donne une actualité pressante à la préservation de la biodiversité".
C’est en substance par ce préliminaire que Philippe Berne, vice-président en charge de l’aménagement du territoire et du développement durable a présenté l’actualité de la Conférence internationale sur la Biodiversité, où il s’est rendu fin janvier en compagnie de Dominique Weinling (DIREN), du professeur Dominique Strasberg, vice-doyen de la Recherche à l’Université de La Réunion et de deux chargées de mission pour la recherche et la protection de l’environnement, Josiane Irissin-Mangata et Soudjata Radjassegarane.
La Conférence, organisée par le ministère français de la Recherche, s’est tenue au siège de l’UNESCO à Paris et au Musée d’Histoire naturelle (Jardin des Plantes), entre séances plénières et ateliers. Elle a été marquée notamment par un appel des scientifiques "aux décideurs politiques et aux citoyens", dont les principaux points ont été repris dans les recommandations de la Déclaration finale de la Conférence.
Cette déclaration commence par un constat et un état des lieux : ressource vitale pour l’humanité, la biodiversité est d’une part mal évaluée, d’autre part détruite "à une vitesse jamais rencontrée" ; son érosion compromet la possibilité d’un développement durable et un effort majeur est nécessaire pour combler les lacunes de nos connaissances à son sujet.

Recul des milieux naturels

Pour résumer, l’humanité a entrepris de détruire quelque chose qu’elle connaît mal mais dont il est au moins établi qu’elle est indispensable à sa survie. Philippe Berne a énuméré quelques-uns des constats dressés par les scientifiques, de loin les plus nombreux des participants à la Conférence de janvier. C’est d’abord "l’accélération très rapide des pertes en biodiversité", mesurée par des systèmes de comptage mettant en évidence que "les disparitions constatées sont de 50 à 600 fois plus importantes que celles qui se produiraient dans une biodiversité stable", a dit Philippe Berne. Dans ce tableau, les mammifères seraient parmi les espèces les plus touchées.
Lié à ce premier constat, un deuxième met en avant ce que les scientifiques appellent un "changement qualitatif" : à toutes les époques, des espèces disparaissent ; mais nous serions dans une situation comparable aux deux grandes périodes géologiques de disparitions.
À quoi s’ajoute les conséquences des changements climatiques.
L’ensemble brosse un constat alarmant du recul des milieux naturels, pillés par une exploitation plus forte des ressources (poissons, forêts tropicales...).
Dans un des quinze ateliers de la Conférence - centré sur la biodiversité des îles et forêts tropicales et subtropicales -, a été présentée la biodiversité de l’océan Indien, à l’échelle d’une forêt ou d’une île entière (Maurice, Rodrigues ou La Réunion), ou encore de l’ensemble des Mascareignes. Nous évoquerons ce point dans une prochaine édition.
En conclusion, a dit le vice-président de la Région, "la situation est grave, mais nous avons assez de connaissances pour savoir qu’il faut agir dès maintenant, en privilégiant des programmes de recherches pluridisciplinaires".
D’ici quelques mois, il devrait sortir des rencontres de janvier des orientations stratégiques et un plan de financement répondant aux attentes formulées dans la Déclaration finale, d’un "processus de concertation international (...) guidé par un comité de pilotage équilibré".

P. David


An plis ke sa

Partenaires pour la biodiversité
"Dans la stratégie nationale pour la biodiversité élaborée après le Sommet de Rio (1992), chaque région est appelée à avoir sa propre stratégie", a fait observer à son tour le responsable de la DIREN, en notant que "l’essentiel de la diversité biologique de la France et de l’ensemble européen se trouve outre-mer", ce qui autorise aussi "d’importants partenariats".

Séminaire en juin 2005
Les ministères de l’Outre-Mer et de l’Écologie préparent conjointement pour le mois de juin un séminaire sur la biodiversité en milieu tropical, qui aura lieu... à Paris.

Éduquer à la biodiversité
Les scientifiques et responsables politiques ressentent le besoin de lancer d’importants programmes d’éducation et de sensibilisation des citoyens à la connaissance de la biodiversité, de son rôle dans la chaîne du vivant et de l’utilité vitale de la protéger.


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