Forte houle sur Terre-Sainte

Des cases inondées, des terrains emportés

14 mai 2007

Une très forte houle s’est abattue sur Terre-Sainte. Une énorme houle jamais vue de mémoire d’homme. C’est la désolation tout le long du front de mer. La plateforme des pêcheurs est envahie de roches, des cases ont été inondées, des familles évacuées, des terrains emportés... Et on s’attend au pire aujourd’hui.

Une pelleteuse tente d’effacer les dégâts.
(photo Toniox)

« Vintan, épi karantan d’sa, la mèr lété for. Zamé moin la vi ali for konmsa ». Au milieu de la route jonchée de roches, de sable, de branchages et de débris divers, Michel Lebreton constate les dégâts. Il vient de déménager la case de sa fille qui s’est réfugiée dans la famille. La mer a envahi la case, causant des dommages irrémédiables.
Le petit établissement touristique “Le Bordmèr” a lui aussi beaucoup souffert. La violence et la hauteur de la houle étaient si fortes qu’en haut du mur, on aperçoit les impacts des vagues. La force des flots était telle qu’elle a enfoncé les portes et les fenêtres. A l’intérieur, c’est le chaos. L’inondation a quasiment tout détruit.
Pire, sur toute la largeur du terrain, l’océan a mangé au moins deux mètres. Un coup dur après celui du chikungunya. Richard Ivaha avait arrangé de ses mains la petite case pour la transformer en meublé loué aux touristes, et quand ces derniers ont déserté La Réunion, il a loué l’espace meublé à des particuliers. Aujourd’hui, un de ses locataires est logé dans un centre d’hébergement.
L’homme a du courage. Il est prêt à retrousser à nouveau ses manches. Et pourtant, il est étonné par la force de la houle. « Moin néna 48 si mon tèt. Min la abit la. Moin lavé zamé vi sa. Mi kroi pa mon vyé papa lavé vi sa osi. Toulézan, la mèr lé for, mé konmsa... ».
Il s’inquiète pourtant. Il est clair qu’il faudra construire un mur bien étudié si l’on veut conserver cette façade maritime habitée depuis longtemps. D’autant, comme le remarque Richard Ivaha, que son petit établissement sert un peu de bouclier aux cases situées de l’autre côté de la rue.
Dominique, le locataire de “Le Bordmèr”, avoue une peur rétrospective. En entendant le bruit des vagues, il est sorti vite fait de la case. « Vag là lété for. Li té i vyin, moin la shapé », dit-il aujourd’hui. Il n’est pas le seul, plusieurs cases ont été évacuées. Et deux pelleteuses tentent d’effacer les dégâts.
Les élus sont sur le terrain. Gélita Hoarau est présente. Pour l’un, elle a mot de réconfort ; pour l’autre, c’est un conseil. Elle prend quelques notes et déjà, elle envisage pour l’un ou l’autre une intervention auprès des autorités. Et puis, il y a ce mur de protection qu’il faudra construire. Qui va payer ? C’est une interrogation.
On sent aussi monter l’inquiétude. C’est que la météo n’apporte pas de bonnes nouvelles. Avis de forte houle pour cet après-midi. Des creux de plusieurs mètres sont annoncés. Et Michel Lebreton en rajoute une couche : « Dan inn dé zour, sé lo nouvo line. Sé la k’lo mèr lé pli gro ».

Correspondant


Deux personnes disparues

La façade Ouest de l’île de La Réunion a été touchée par une houle d’amplitude importante dans la soirée, et au cours de la nuit de samedi à dimanche, avec des vagues entre 4 et 5 mètres, voire 11 mètres pour certaines. Ce phénomène dit de “houle australe” se rencontre périodiquement au cours de l’hiver. L’épisode actuel est dû à une tempête en cours dans l’extrême Sud de l’Océan Indien. Les vents générés par celle-ci ont créé une houle qui s’est déplacée vers le Nord-Est de l’Océan Indien.
La houle a occasionné la disparition de deux personnes dont l’embarcation a chaviré en proximité du port de Saint-Pierre. Des recherches aériennes et maritimes ont été immédiatement entreprises. Elles se poursuivent, mais n’ont donné aucun résultat. Par ailleurs, deux familles à Terre-Sainte et trois à Saint-Leu ont été évacuées à la suite de l’inondation de leur habitation.


Les dommages...

Au port de Saint-Gilles :
De nombreuses embarcations ont coulé ou sont endommagées ;
Des passerelles d’accès aux embarcations sont détruites ;
Les pompes d’eau de mer qui alimentent l’aquarium sont endommagées ; l’état de la mer interdit actuellement l’évaluation précise des dégâts ;
Le tirant d’eau à l’entrée du port est passé de 1,20 mètre à 80 cm par suite d’un ensablement lié à la houle.

Au Port-Ouest de la Pointe des Galets
Il n’y a pas de dégâts aux infrastructures ;
L’entrée est interdite aux navires de commerce ; les navires de plaisance peuvent y accéder en conservant la plus grande vigilance.

Au Port de Saint-Pierre
5 embarcations ont coulé ;
Pas de dégâts aux infrastructures.

Au Port de Saint-Leu
Une dizaine d’embarcations ont coulé ;
Pas de dégâts aux infrastructures.


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