Élections législatives et ’Grenelle de l’Environnement’

Des occasions pour faire face à l’urgence réunionnaise

26 mai 2007

Pression démographique et phénomènes climatiques tropicaux soulignent l’urgence face à laquelle se trouve La Réunion. Sur le plan environnemental, il est essentiel d’aboutir rapidement à des mesures préservant les conditions du développement. Comme pour d’autres questions essentielles, La Réunion ne peut pas se permettre d’attendre cinq ans pour agir.

Cette année, les passages du cyclone Gamède et d’un train de houle ravageur provoqué par une dépression à plus de 3.000 km ont à nouveau illustré la vulnérabilité de La Réunion aux phénomènes climatiques. De par sa situation géographique, l’île est soumise à un climat tropical. Or, avec le réchauffement global de la planète, les phénomènes extrêmes comme par exemple les cyclones ne vont pas diminuer en fréquence ou en intensité. Au contraire.
Face à cette menace constante liée à la géographie, La Réunion doit composer avec un accroissement important de la population. La perspective du million d’habitants d’ici 20 ans entraîne de nombreux défis. Où construire les nouveaux logements ? Quels moyens de transports prévoir ? Comment produire suffisamment d’énergie non coûteuse et non polluante ? C’est toute une stratégie qu’il faut concrétiser rapidement, et sans droit à l’erreur.
Dans ce contexte, le gouvernement annonce la tenue en octobre prochain d’un "Grenelle de l’Environnement". Cette rencontre ouverte à tous les partenaires concernés par la question environnementale doit déboucher sur des engagements contractuels pluriannuels dans plusieurs domaines. Parmi ces derniers, plusieurs touchent directement La Réunion : préserver la biodiversité, développer des transports moins polluants, favoriser la montée en puissance des énergies renouvelables, lutter contre le changement climatique et ses conséquences.
En donnant au ministre de l’Environnement le rang de numéro deux du gouvernement, et en réunissant quelques jours après son investiture une rencontre préparatoire au "Grenelle de l’Environnement", Nicolas Sarkozy exprime l’urgence de la situation.

Une urgence partagée à La Réunion

Ce sentiment est partagé à La Réunion. D’ailleurs, il est à noter que tous les candidats à l’élection présidentielle ont pu prendre position sur la spécificité réunionnaise au sujet de la question de l’environnement. C’est le sens de la démarche de l’Alliance.
Dans le document adressé à tous les candidats, elle rappelle que « la protection de l’environnement doit être une préoccupation constante du fait de la situation originale de La Réunion : situation dans la zone intertropicale des cyclones, record de chutes de pluies, richesse de sa biodiversité et de ses paysages, son insularité, son relief instable, sa transition démographique, ses difficultés sociales, etc. Pour permettre le développement durable de notre île, aucun aspect environnemental ne doit être négligé, aussi bien en termes de protection des ressources que de prévention des risques ».
Dans sa plate-forme, l’Alliance préconise ainsi la création d’un « syndicat mixte pour l’aménagement équilibré du territoire » « devant bénéficier du soutien de l’État ». Elle propose également un "Plan climat pour La Réunion" chargé d’élaborer « des recommandations fortes en matière d’adaptation aux changements climatiques que devra subir notre île ».
Elle indique aussi des mesures permettant d’atteindre l’autosuffisance énergétique dans la production d’électricité. D’autres pour valoriser les filières de tri des déchets, avec comme objectif la création de nombreux emplois. Elle préconise aussi d’anticiper les besoins en assainissement que nécessiteront les logements à construire, et de renforcer l’efficacité des réseaux d’adduction d’eau. Quant à la biodiversité, l’Alliance rappelle que « le Parc national et la Réserve marine (...) cristallisent beaucoup d’espoir en matière de création d’emplois pérennes ».
Nicolas Sarkozy a exprimé par écrit - comme Ségolène Royal - son accord avec ce constat et avec les propositions réunionnaises.

Une fenêtre ouverte

En octobre prochain doit donc se dérouler le "Grenelle de l’Environnement". Ce débat est une occasion importante pour faire aboutir rapidement toutes ces propositions. Il est nécessaire d’insister sur l’urgence. Si ce processus se bloque, c’est toute La Réunion qui paiera cher le retard ainsi pris. Le pire peut arriver dans notre île tant que ne sera pas mis en œuvre un plan global répondant aux contraintes actuelles et anticipant sur les besoins futurs en matière d’environnement à La Réunion.
Cela explique pourquoi il est tout à fait exclu d’attendre un hypothétique changement de majorité au Parlement pour négocier l’application concrète des préconisations acceptées par le président de la République. Et qu’il vaut mieux élire comme députés les responsables politiques réunionnais les mieux à même de faire appliquer la plate-forme de l’Alliance.
Ce qui est vrai pour l’environnement l’est également pour des questions aussi essentielles que l’emploi, le logement ou la lutte contre l’illettrisme. Il n’est plus temps d’attendre, l’heure est à l’action. Une possibilité est offerte à La Réunion pour voir aboutir ses revendications les plus urgentes. Gageons que la fenêtre ne se referme pas.

Manuel Marchal

Energies renouvelables

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus