Associer les populations du Sud à la préservation de la biodiversité

Des ’petites initiatives’ de grande ambition

11 juillet 2008, par Edith Poulbassia

Les activités humaines sont souvent responsables de la dégradation de la biodiversité. Pour inverser la tendance, il faudrait que ces activités se fassent en cohérence avec l’exigence de protection de l’environnement. Les décisions se prennent dans les plus hautes instances, au niveau des gouvernements, des collectivités, et des organismes de protection de l’environnement. Mais les décisions ne peuvent être efficaces qui si les populations y sont sensibilisées et associées. Mieux, les activités humaines, créatrices de richesse, peuvent se développer à partir de la préservation de la biodiversité. Des petits projets efficaces sont ainsi financés par le Fonds Français pour l’Environnement mondial.

Dans les pays en développement, la nécessité de se nourrir, bref de satisfaire aux besoins vitaux, conduit les populations à l’épuisement des ressources et à la dégradation des écosystèmes. Pourtant, il suffirait d’assurer à ces populations une source de revenus « grâce à la protection de la biodiversité et l’utilisation durable des ressources » pour y remédier. C’est le travail que mène de nombreuses ONG dans le monde. Des actions localisées qui se multiplient, et mettent l’homme en phase avec la nature.
Le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM) et le Comité Français de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) ont choisi se soutenir ces petits projets qu’ils jugent efficaces. Depuis 2005, le programme Petites Initiatives a accompagné 56 projets dans les pays du Sud, notamment en Afrique francophone. « ONG, collectivités locales et PME peuvent accéder à de petits financements (50.000 euros maximum) pour mettre en oeuvre des projets de sauvegarde de la nature d’une durée de 2 ans, tout en développant des sources de revenus pour les populations locales comme l’écotourisme, l’artisanat ». En voici quelques exemples.

Au Bénin, les femmes protègent la mangrove

L’association des femmes exploitantes de la lagune (AFEL) produisent du sel au Bénin. De façon traditionnelle, la production de sel entraîne une consommation importante de bois de la mangrove : 15.000 m3 de bois sont consommés par an. Cette activité est pratiquée de décembre à avril. Les femmes « obtiennent des saumures à forte concentration, à partir des terres salées des marais qu’elles
grattent, puis elles stockent et lessivent à l’eau de mer dans de grands filtres (les bous). Traditionnellement, ces saumures sont mises à bouillir pendant plusieurs heures sur des foyers alimentés en bois de chauffe, pour en extraire le sel par évaporation complète de l’eau ».
Préserver cette activité tout en protégeant les palétuviers de la mangrove, c’est l’objectif de l’association. 250 femmes ont été formées à une autre technique : la production de sel solaire. De plus, des zones de mangrove à protéger ont été délimitées, des séances de sensibilisation sont dispensées par l’association dans les villages, et ces actions sont renforcée par des cérémonies traditionnelles religieuses et culturelles. 3000 productrices ont été sensibilisées, et d’autres femmes sont intéressées par l’activité grâce à la nouvelle technique présentée.

A l’île Sainte-Marie, vers un écotourisme baleinier

« Des études montrent que plus de 10% des effectifs mondiaux des baleines mégaptères ou baleines à bosse fréquente les eaux malgaches au cours de la saison de reproduction, pendant l’hiver austral (2 à 4000 individus). Les baleines à bosse, après un voyage de deux mois et demi, choisissent, entre autres, cette passe entre Madagascar (la côte orientale) et l’île Sainte Marie pour venir s’accoupler et mettre bas chaque année. Ainsi, l’écotourisme baleinier s’est développé sur l’île Sainte Marie depuis une vingtaine d’années ». L’ONG Mégaptera tente de développer un écotourisme baleinier durable à Sainte-Marie. Cette activité fournit pourtant des revenus à la population locale. Mégaptera a ainsi entrepris la formation de 390 personnes et la production de codes de bonne conduite et d’information sur les baleines. Des artisans (120) fabriquent des produits écotouristiques et mettent en place des points de vente Par ailleurs, la sensibilisation se poursuit dans les écoles, dans des conférences, des festivals.

A Madagascar, une Aire Marine Protégée avec les villageois

L’association des pêcheurs d’Andavadoaka coopère avec des partenaires publiques comme la Direction de la Pêche et des Ressources Halieutiques, Institut Halieutique et Sciences Marines et des partenaires privés (l’opérateur touristique Blue Ventures Conservation, et l’exportateur de produits de la mer Copefrito). Au départ, le projet ne concernait qu’un village, celui d’Andavadoaka. Un village de 1200 habitants, où 71% des revenus proviennent de la pêche. Une réserve marine provisoire à Nosy Fasy a été crée pour améliorer la production de poulpe. Les autres villagoies ont exprimé leur intérêt pour le projet. La population s’est impliquée à un tel point qu’une Aire Marine Protégée (AMP) va être créée. Les villageois particiepront à la collecte de données écologiques « Ces réserves marines seront entièrement gérées par les communautés villageoises bénéficiaires. Ce projet a pour ambition de développer un modèle national de mise en place d’AMP à travers l’approche communautaire appuyée par les services publics et de développer un réseau national d’AMP. »

Au Congo, les tortues marines relâchées des filets

« Le Congo est un important site de nidification et d’alimentation pour les tortues marines. Cinq des huit espèces de tortues marines fréquentent ces côtes et le suivi des plages effectué au cours de ces dernières années a d’ores et déjà démontré l’importance internationale des plages mitoyennes du Congo et du Gabon pour la ponte des tortues luths (Dermochelys coriacea). La fréquentation des plages congolaises par les tortues olivâtres (Lepidochelys olivacea), espèce classée dans la Liste Rouge de l’UICN, y est également remarquable. Cependant, la chasse des femelles pendant leur ponte et le pillage des nids pour le commerce sont encore des pratiques courantes dans le pays, menaçant ainsi directement la survie de ces espèces. De plus, les données scientifiques existantes sur ces espèces au Congo sont encore très récentes ».
L’ONG Renatura sensibilisela population à la protection des tortues depuis 5 ans. Un centre d’information permet au public, notamment aux écoles de mieux comprendre les études scientifiques sur les tortues. Objectif sauvegarder les tortues et inciter les pêcheurs à les relâcher des filets. L’artisanat et le tourisme sont encouragés pour fournir de nouvelles sources de revenus aux habitants.

Au Sénégal, un conservatoire des plantes médicinales

La biodiversité est menacée au Sénégal par la désertification et le changement climatique. La flore, et notamment les plantes médicinales, première source de médicaments pour les habitants, sont en train de disparaître. L’association Santarun a créé une activité de plantation des espèces rares ou menacées. Non seulement la biodiversité est préservée mais une activité économique est née à Diender. « un terrain de 4 hectares est acquis, aménagé et équipé en irrigation, 200 espèces de plantes sont cultivées avec au moins 25 exemplaires de chaque espèce, avec mise au point des techniques de culture, notamment en agriculture biologique, et production de graines et de plants pour la vente, un programme de techniques de transformation des plantes (récolte, séchage, traitement, conditionnement) est mis au point et vulgarisé auprès des herboristes et des populations ».

EP
(source : www.uicn.fr)

Climat et biodiversité

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