Ce que nous apportons au monde

Développement durable : un combat réunionnais

28 mars 2009, par Manuel Marchal

À La Réunion, la lutte pour le développement durable est une réalité depuis plus de trois décennies. À partir du moment où ce concept a été défini lors de la création du Programme des Nations Unies pour l’Environnement à la conférence de Stockholm, il ne s’est écoulé que quelques années avant que le Parti Communiste Réunionnais ne lui donne un contenu concret. C’est ce que nous montre un extrait du “Plan immédiat de survie” dont nous reproduisons des extraits ci-dessous.
À cette époque, le pétrole restait bon marché, et rares étaient les pays à se lancer dans la recherche de modes de développement capables de se passer des hydrocarbures ou du nucléaire. C’est pourtant le travail qu’a accompli le Parti Communiste Réunionnais, pour une raison bien simple : c’est un parti réunionnais. C’est-à-dire qu’il met en œuvre des propositions à partir de l’analyse de la réalité concrète du pays, pour le développement du pays. Ces idées sont ensuite concrétisées dans des actes, avec tout d’abord le lancement du reboisement de la Plaine de Galets. Retour sur quelques événements marquants de notre lutte pour le développement durable qui passera par une étape décisive : autonomie énergétique en 2025.

27 avril 1975 : Plan immédiat de survie

3°/ - Fabrication de gaz méthane
La décomposition organique des végétaux fournit du méthane, gaz combustible comparable au butane commercial.
Une estimation récente (déclarations A. Isautier à une mission du Conseil Général) faisait apparaître que l’utilisation du 1/10 de la paille de cannes existantes suffirait à produire l’équivalent de tout le butane utilisé aujourd’hui à La Réunion.

Or, l’importation actuelle de 7.164 tonnes de gaz par an représente une somme de 467millions 893.700 Francs C.F.A.(1974).

La production de ce gaz nous permettrait de faire l’économie de cette importation en même temps qu’elle augmenterait la plus-value de nos produits de la canne, ce qui correspondrait à des centaines de millions supplémentaires à distribuer aux planteurs.

4°/ - Autres sources d’énergie

Nous voulons dans ce paragraphe montrer que d’autres sources d’énergie existent et qu’elles sont déjà exploitées dans divers pays.

Il conviendrait d’installer dès maintenant à La Réunion une antenne du Centre National d’Études Spatiales pour la recherche et l’application immédiate de ces nouvelles sources d’énergie.

Citons parmi les possibilités :

a) L’énergie solaire.

L’énergie fournie par le soleil sur toute la Terre est cent mille fois plus grande que celle de toutes les centrales électriques du monde.

Son utilisation pour chauffer de l’eau est déjà actuellement très répandue clans le monde. Il existe déjà des millions de chauffe-eau solaires, et pas seulement dans les pays chauds. En France, à l’hôpital de Béziers, 8.000 litres d’eau sont chauffés par jour. Et ce n’est qu’un exemple.

Il est évident qu’une telle utilisation trouverait une application immédiate à La Réunion. Pas seulement pour les villas individuelles, mais également pour les logements collectifs et sociaux (HLM, SIDR…), ce qui constituerait une importante économie de gaz domestique.

L’énergie solaire est également employée sous d’autres formes, (envisageables aussi à La Réunion, compte tenu de l’ensoleillement particulier dont jouit notre pays) telles que les cuisinières solaires (en Inde), les moteurs thermiques permettant d’actionner des pompes hydrauliques (en Mauritanie), au Sénégal, au Mali, etc...).

b) L’énergie éolienne est celle que l’on peut capter en utilisant les vents.

Cette source d’énergie n’a rien de nouveau, elle a été utilisée de tout temps (bateaux à voile, moulins à vents, pompes hydrauliques, etc...). Il s’agit de lui donner une application pratique et moderne en la transformant en électricité, stockable par accumulateurs, surmontant ainsi les grés des vents.
Cette énergie ainsi transformée peut faire face à des puissances de quelques centaines de KW (1), donc largement utilisable pour l’irrigation, l’électroménager, l’artisanat, etc...
De même devrait être étudiée la possibilité de capter la force considérable des vents ascendants le long des falaises des cirques.

c) L’énergie géothermique provient de l’utilisation de la chaleur des couches profondes de la Terre.

Son application est variée et d’autant plus intéressante que l’on est dans des régions volcaniques (c’est le cas de La Réunion).

Elle peut être utilisée, comme en Italie, en Nouvelle-Zélande... à fabriquer de l’électricité (plusieurs centaines de Megawatts) ou plus simplement à usage domestique comme en Islande ou dans la région parisienne. La Réunion présente à cet égard un immense champ d’investigations et d’applications évidentes.

d) La recherche.

Devrait s’étendre également sur l’utilisation des énergies des mers (Énergie maréthermique, énergie des vagues, énergie des marées ...)

En résumé, on s’aperçoit que si l’on se donnait la peine de chercher avec le souci d’utiliser au maximum les possibilités propres au pays et dans le double but de nous faire dépendre de moins en moins de l’extérieur en matière d’énergie, et d’en produire à moins de frais, ce ne sont pas les solutions qui manquent.

Si l’on veut vraiment sauver ce pays, c’est vers ces solutions qu’il faut s’orienter et non plus vers l’importation systématique comme c’est le cas maintenant. Le bon sens et l’intérêt général du pays doivent primer sur la course aux profits de quelques-uns.

(1) "L’énergie c’est vous" Col. Stock - Ed. Stock Paris.


17 juillet 1976 : l’île aux arbres
Près de six ans après l’élection de l’équipe conduite par Paul Vergès à la tête de la municipalité, "Témoignages" fait le point sur le plan de végétalisation mené dans la cité maritime.
Ce sont 500.000 arbres qui ont été plantés depuis 1971, ils ont contribué à faire du Port une ville verte, remplaçant peu à peu les pagodes, la savane et les pierres, un paysage où ne poussaient que les galets.
En 1976, le parc boisé "Laurent Vergès" en était encore au stade des études, mais déjà 70.000 arbres avaient été plantés.
Quatre initiatives ont été les moyens de cette volonté politique : la création d’une pépinière municipale, une ceinture boisée, un parc boisé et des espaces verts partout.
Les enfants ont joué un grand rôle dans cette bataille. Les élèves étaient invités à planter un arbre et à l’entretenir, ce qui a permis de les responsabiliser en tant qu’acteurs de la transformation de leur ville, acteurs de leur développement, comme les jeunes qui vont faire pousser des arbres le long de la route des Tamarins.
« Mais pour l’enfant qui, en 1973, plantait un jeune flamboyant et voit aujourd’hui un bel arbre, quelle satisfaction ! », indiquait "Témoignages". Gageons que l’Histoire se répétera avec les enfants qui planteront des tamarins et des bois-rouge le long de la route des Tamarins et qui, tout au long de leur vie, verront grandir le fruit de leur acte responsable.

• 23 juin 1979 : Journée du soleil
À l’occasion de la Journée du Soleil, le PCR rappelle l’urgence de lancer toutes les études possibles pour valoriser les énergies renouvelables présentes à La Réunion afin d’aller vers l’autonomie énergétique.
20 ans plus tard, ce mot d’ordre sera lancé par le président de la Région, et des moyens seront mis en œuvre pour atteindre l’objectif défini. Cette politique a permis à notre pays d’être en avance sur ce qui est maintenant une préoccupation mondiale.
Cette préoccupation était réunionnaise depuis de nombreuses années. "Témoignages" rappelle que la valorisation de l’énergie solaire figurait en bonne place dans le Plan de survie présenté en 1975 par le Parti communiste réunionnais.

5 octobre 1981 : le gaz de bagasse
"Témoignages" évoque les annonces faites par un représentant du Commissariat à l’Énergie solaire à l’occasion d’une conférence de presse. Convaincu par tout le potentiel en énergies renouvelables de La Réunion, Marc Vergniet annonce un plan d’action sur cinq ans, visant notamment à la construction et la commercialisation de 1.000 chauffe-eau solaires par an. Quant à la valorisation de la canne à sucre, il annonce la possibilité que La Réunion soit le centre de mise au point d’un système de production d’électricité capable de multiplier par 10 l’efficacité énergétique de la bagasse grâce à un processus de gazéification.
Voici quelques mois, un certain Conseil de l’agriculture, comprenant notamment les usiniers, a évoqué la possibilité de gazéifier le produit de la combustion de la bagasse pour aller vers davantage d’électricité produite.
Or, une information sur cette valorisation a été publiée dans "Témoignages" voici 27 ans. Il y a donc fort à parier que les usiniers étaient au courant de cette possibilité de valoriser considérablement le produit du travail du planteur. Alors pourquoi avoir perdu 27 ans ? Et pourquoi perdre encore du temps ?

• 12 juillet 1983 : le gîte solaire des Tamarins
Le 12 juillet 1983, le président du Conseil régional, Mario Hoarau, le maire de Trois-Bassins et le représentant de l’État inauguraient un gîte rural équipé de panneaux photovoltaïques.
Ce projet pilote est là pour rappeler le rôle pionnier de La Réunion en matière d’énergies renouvelables.
Un quart de siècle après cet événement, de nombreuses étapes ont été franchies. La politique régionale mise en œuvre au travers d’actions telles que le PRERURE est citée en exemple au plus haut niveau. Elle permet également l’émergence d’une nouvelle industrie, capable d’exporter un savoir-faire et des produits, tout en créant à La Réunion des milliers d’emplois durables.

• 30 mai 2000 : électrification de Mafate
Moins de deux mois après le dépôt au Sénat de la proposition de loi de Paul Vergès faisant de la lutte contre le réchauffement climatique une priorité nationale, "Témoignages" faisait le point sur les différentes pistes évoquées pour aller vers l’autonomie énergétique.
Le moment choisi est celui de l’électrification de Mafate à partir de panneaux photovoltaïques.
Ce mois de mai 2000 est celui de la création de l’Agence Régionale de l’Énergie Réunion (ARER), un outil mis en place pour contribuer à atteindre l’objectif de l’autonomie énergétique.
Huit ans plus tard, chacun peut mesurer tout le chemin parcouru. Les énergies renouvelables sont maintenant une véritable filière industrielle. Le résultat de la politique régionale dans ce domaine est salué au plus haut niveau, et permet à notre île de disposer d’une longueur d’avance. Au moment où le monde est touché par la crise, La Réunion a la possibilité de s’appuyer sur un secteur qui sera épargné, c’est celui des énergies renouvelables. Cet atout est le résultat d’une politique volontariste, et il peut encore créer des milliers d’emplois.

• 19 février 2001 : vote unanime de la "loi Vergès"
Promulguée le 19 février 2001, la loi proposée par Paul Vergès fait de « la lutte contre l’intensification de l’effet de serre et la prévention des risques liés au réchauffement climatique » une « priorité nationale ».
Le vote de cette loi a une portée considérable. Tout d’abord, elle a été adoptée à l’unanimité du Parlement, un fait sans précédent pour un parlementaire réunionnais.
Ensuite, elle marque une étape importante dans la prise de conscience d’un enjeu majeur du 21ème siècle : les changements climatiques. Une prise de conscience qui a lieu maintenant au plus haut niveau de l’État. En effet, le numéro deux du gouvernement et seul ministre d’État est celui du Développement durable.
Enfin, c’est, comme l’écrit "Témoignages", « une nouvelle preuve que les Réunionnais peuvent contribuer au progrès de la planète ».
Autant de raisons qui expliquent la portée historique de cette loi.

• 12 mars 2005 : le point sur le PRERURE
Suite à la Loi d’orientation pour l’Outre-mer, le Conseil régional a hérité de la compétence pour la maîtrise des énergies renouvelables. L’objectif du PRERURE (Plan régional des énergies renouvelables et de l’utilisation rationnelle de l’énergie), élaboré par l’ARER, est d’arriver à une autosuffisance énergétique en 2025, en sachant que certaines énergies ne pourront jamais être produites à La Réunion (carburant pour les avions, par exemple).
Le PRERURE a un coût : près d’un milliard d’euros. Le programme des énergies renouvelables coûtera à lui tout seul 706 millions d’euros, dont 283 pour les collectivités publiques (Région, Département, ADEME, État, Union européenne, etc…). Mais pour nos élus comme pour Nicolas Picou, cet investissement en vaut la peine : c’est le prix à payer pour ne plus dépendre des importations et limiter les dégâts d’un développement économique que l’on sait meurtrier pour l’environnement. Selon les documents de l’ARER, si le PRERURE est mis en œuvre, il permettra de garder constant le niveau des émissions polluantes entre 2000 et 2025.

• 26 septembre 2007 : Le Port, ville solaire
Moins d’une semaine après la création de Témergie, la Ville du Port a présenté son projet "Le Port, ville solaire". C’est une grande première. Il s’agit de construire d’ici 5 à 6 ans une centrale solaire en posant des panneaux photovoltaïques sur les toitures de la commune, tout en diminuant la consommation électrique par l’utilisation de lampeco. Plusieurs objectifs sont poursuivis.
Tout d’abord valoriser les toits des habitations et des zones industrielles afin de produire une puissance de 30 mégawatts pour l’électricité, 10 mégawatts en eau chaude solaire, et économiser 3 mégawatts utilisant des lampeco, sans compter d’autres économies rendues possibles par l’adoption de normes de construction plus adaptées à la réalité du climat réunionnais. Total de la puissance minimale dégagée : 43 mégawatts qui permettront sur 10 ans d’économiser 500.000 tonnes de CO2, soit l’équivalent d’une tranche de centrale thermique.
Deuxième objectif : tester les conditions de l’injection sur le réseau électrique à La Réunion d’une puissance de 30 mégawatts produite par une centrale solaire.
Troisième objectif : contribuer à la consolidation de la filière énergie renouvelable en créant des emplois. Jeudi dernier, les fondateurs de Témergie ont rappelé que ce secteur est capable de créer à La Réunion 15.000 emplois en cinq ans.

• 9 janvier 2009 : les éclaireurs de l’avenir
À proximité de la ravine de La Saline, Paul Vergès a planté le premier arbre qui inaugure le programme de végétalisation de la route des Tamarins. 550.000 arbres seront plantés en bordure de cette infrastructure mise en service en juin prochain. Cette action est le début d’un vaste projet de replantation de centaines de milliers d’arbres le long de la future route circulaire de moyenne altitude dont la route des Tamarins est le premier maillon. Au-delà de l’infrastructure qui favorise le désenclavement du Sud et de l’Ouest de l’île, la route des Tamarins est un des outils du développement durable du pays.
Car la route des Tamarins sera couverte de centrales photovoltaïques. L’électricité produite servira à alimenter en énergie les voitures électriques qui remplaceront d’ici 2025 les véhicules à essence sur les routes de La Réunion.

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