Plan départemental d’élimination des déchets ménagers

Donner une nouvelle vie à 85% des déchets

11 octobre 2006

Diminuer la production de déchets, améliorer leur valorisation et limiter au maximum le recours à l’enfouissement, tels sont les objectifs du Plan départemental d’élimination des déchets ménagers, élaboré sous la compétence du Conseil général.

Amener aux normes européennes la gestion des déchets ménagers à La Réunion, tel est l’objectif du Plan départemental d’élimination des déchets ménagers (PDEM). Celui qui s’applique actuellement est entré en vigueur après son approbation par les élus du Conseil général, en octobre 2002. À l’échéance de 2012, ce plan vise à améliorer la valorisation des déchets ménagers produits à La Réunion. Il se fixe comme objectif une valorisation matière (recyclage et réutilisation) de 43%, une valorisation énergétique (incinération et/ou méthanisation) de 42% et un objectif d’enfouissement de 15%. Un objectif ambitieux car actuellement, seuls 15% de ces résidus sont valorisés, dans notre île, mais surtout à l’extérieur, exportés par bateaux vers des centres de traitement qui s’intègrent dans une industrie lourde qui n’existe pas à La Réunion.
La création de ce plan répond d’une part à la préoccupation d’améliorer le cadre de vie des Réunionnais, et d’autre part à la transposition en droit français de directives européennes liées à la gestion des déchets ménagers.

"La démarche d’éco-citoyen"

Pour atteindre ses objectifs, le PDEM vise tout d’abord à initier des mesures pour réduire la production des ordures ménagères à la source, c’est-à-dire en réduisant le recours à des produits jetables après une seule utilisation. Le sac plastique distribué à la sortie des supermarchés est l’illustration la plus connue de ce type d’objet. Chacun peut en effet constater la prolifération de ces sacs en plastique dont on ne sait que faire mis à part les jeter à la poubelle, qui ont une durée de vie de plusieurs siècles quand ils sont abandonnés dans la nature, et peuvent tuer des animaux par étouffement.
Sur cette question, Daniel Gonthier, Vice-président du Conseil général délégué à l’Environnement, souligne en particulier les actions menées en partenariat avec les grandes surfaces. "Un plan de 4 ans a pour but de diminuer les sacs de caisse", précise-t-il. Cette démarche se traduit concrètement par proposer aux clients des grandes surfaces un sac réutilisable. Par ailleurs, certaines enseignes ont des caisses spécifiques qui ne fournissent plus de sacs plastiques.
L’autre démarche “proximité” du PDEM, c’est la densification du réseau des déchetteries, "pour compléter la démarche d’éco-citoyen", poursuit Daniel Gonthier. C’est ce qu’il est ressorti hier d’une réunion entre différents partenaires tels que le Conseil général et l’ADEME. "Le nombre de déchetteries va augmenter", relève Daniel Gonthier, "de nouvelles vont être mises en service à Saint-André, à La Bretagne dès l’an prochain, à Saint-Louis et dans le quartier de Montvert à Trois-Bassins".

Les valorisations préconisées

Une fois collectés en déchetterie, ou par les tournées des camions-bennes, les résidus ménagers qui peuvent connaître une nouvelle vie sont ensuite acheminés vers des unités de traitement qui se situent la plupart du temps en dehors de La Réunion. Les matières triées sont alors engagées dans des process industriels pour ce qui concerne l’acier, le papier, le carton ou le verre. Certains produits peuvent être réemployés tels quels. C’est par exemple le cas des bouteilles de verre. D’autres subissent une transformation qui permet de réutiliser la matière sous une autre forme, c’est ce qui se fait pour l’acier et le papier.
Quant aux détritus d’origine végétale, ils peuvent servir à fabriquer du compost, soit chez le particulier, soit au sein de centres de compostage.
Enfin, ce qui ne peut pas être traité est enfoui dans des centres de stockage de déchets ultimes, situés à Saint-Louis et à Sainte-Suzanne. La décomposition de la matière organique présente au sein de ces résidus dégage du bio-gaz, qui alimente une turbine produisant de l’électricité. D’où une valorisation énergétique.

Vers un nouveau Plan

Conscient des difficultés à résoudre pour atteindre les objectifs du PDEM, le Conseil général prévoit de lancer dès l’an prochain une étude préalable à la révision de ce plan. Cette révision sera l’occasion, souligne Daniel Gonthier, de mettre en œuvre un Observatoire des déchets en partenariat avec les Communautés d’agglomérations. Parmi les obstacles à la réalisation du PDEM actuel, le Département relève des difficultés à construire des unités de valorisation énergétique dûes, selon la collectivité, à un problème de foncier. Ces obstacles se répercutent sur les centres d’enfouissement qui arrivent à saturation plutôt que prévu.
L’étude préalable fera la proposition de 3 scénarios. Ces prospectives seront soumises à débat, auquel sont conviées les collectivités, les associations et la population qui, en cas d’enquête publique, pourra donner son avis. Et c’est tous ensemble que nous élaborerons ce Plan d’élimination des déchets ménagers.

M.M.


Des déchets exportés vers l’industrie lourde

Chaque année, des milliers de tonnes d’acier, de papiers et de plastiques sont exportées telles quelles par bateau sans être recyclées à La Réunion. Pourquoi ?
Selon le Conseil général, les techniques actuelles employées pour le recyclage de la plupart des matières sont des process qui relèvent de l’industrie lourde. Elles utilisent notamment l’aciérie, la papeterie ou la pétrochimie. La masse produite chaque année à La Réunion n’est pas suffisante pour qu’une telle industrie soit rentable ici, même dans 10 ans, note le Département. C’est ce qui explique pourquoi la plus grande partie des résidus qui peuvent être recyclés va continuer à être exportée vers d’autres pays.
Néanmoins, des possibilités peuvent être explorées pour aller vers un traitement partiel de ces déchets, avec à la clé des créations d’emplois. Par exemple, le papier pourrait être exporté sous forme de pâte à papier plutôt que sous sa forme actuelle.
Une autre idée est le recyclage sur place du verre dans le BTP. Le verre broyé peut remplacer partiellement le sable dans la réalisation du ciment.


Valorisation énergétique : Incinérateur et méthanisation

Pour transformer les déchets en énergie, le PDEM préconise deux solutions : l’incinérateur et la méthanisation. La première est aujourd’hui sujet à un vif débat, la seconde est moins connue et mérite quelques explications.
La méthanisation vise à récupérer le gaz méthane issu de la décomposition de la matière organique des résidus. Ce procédé s’apparente à ce qui se fait aujourd’hui dans les centres d’enfouissement techniques, à la différence que cette dégradation biologique s’effectue sous un contrôle étroit, afin d’optimiser la production de méthane pour obtenir au final davantage d’électricité. Pour rendre plus efficace cette décomposition, les déchets sont introduits progressivement dans une enceinte confinée, privée d’oxygène.


Révision dans la concertation

Le premier PDEM a été approuvé en 1996 par arrêté préfectoral. À cette époque, il était de la compétence de l’État. En 1996, le Conseil général a pris en charges cette responsabilité, puis il a mis le PDEM en révision en 2000. Son approbation en 2002 est le résultat d’une concertation, car ce document est opposable aux plans de gestion des déchets des Communautés de communes et à leurs concessionnaires, note le Département. CIVIS, CINOR, CIREST et autres doivent en effet respecter ses préconisations.
La révision du PDEM se fait en concertation avec une Commission consultative où sont représentés le Département, la Région, les Communautés d’agglomérations, les associations de consommateurs, les associations agréées de protection de la nature, l’État, les prestataires et Éco-emballages.
Le fruit de cette concertation est ensuite soumis à l’approbation des élus du Conseil général qui votent le nouveau PDEM, explique le Département.


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