Nouvelle étape dans la bataille pour le développement

Faire vivre l’Agenda 21 de La Réunion

21 février 2007

Document et démarche d’action visant à contribuer au développement à La Réunion, l’Agenda 21 a pour but de relever plusieurs défis posés simultanément aux Réunionnais : la progression démographique, la cohésion de la société, la mondialisation des échanges, la sauvegarde de l’environnement et le progrès économique. Lors de son lancement voici 5 ans, Paul Vergès précisait le cadre de l’Agenda 21 : « l’alternative est simple : soit notre île trouve les voies d’un développement durable, soit les agressions à l’environnement et aux équilibres à préserver seront telles qu’aucun développement ne sera possible et viable ». Cinq ans après, où en est l’Agenda 21 réunionnais ? Réponse aujourd’hui et demain à l’occasion des 3èmes Rencontres réunionnaises du développement durable. Un événement marqué par la participation de Christian Brodhag, Délégué interministériel au développement durable.

Comment sortir du sous-développement et de ses conséquences, notamment le chômage ? À cette question, l’Agenda 21 se donne pour vocation d’apporter des réponses élaborées à La Réunion, par des Réunionnais, aux défis réunionnais du développement. Une démarche qui paraît bien abstraite pour beaucoup car elle change la manière de voir les problèmes. Au lieu d’une approche sectorielle, l’Agenda 21 se décline sous différents thèmes transversaux qui se rejoignent. Car un des buts recherchés est de montrer qu’aucun problème ne peut être résolu s’il n’est pas replacé dans sa globalité. C’est d’ailleurs ce que précisait Paul Vergès, Président de la Région, lors du lancement de l’Agenda 21 réunionnais le 14 février 2002 : « une nouvelle approche de développement s’impose pour concilier, de manière globale, le développement économique, la cohésion sociale et la préservation du patrimoine naturel ». Une approche qui, à La Réunion, s’exprime dans les orientations approuvées le 10 décembre 2003 par les premiers signataires (la Région, le Département, l’Association des maires, les 2 Conseils consultatifs régionaux (CESR et CCEE), les 3 Chambres consulaires et Électricité de France) : « Lutter contre les changements climatiques », « définir une politique de transports durable », « opter pour une nouvelle politique d’urbanisme », « promouvoir et soutenir les filières et métiers du développement durable », « promouvoir l’éducation et la sensibilisation de la population », « encourager la prise en compte du développement durable par les acteurs économiques », « envisager le développement durable à l’échelle régionale » et « être exemplaire dans ces actions ».
Cinq ans après le lancement de ce document, les 3èmes Rencontres réunionnaises du développement durable sont l’occasion de faire le point sur les avancées obtenues. Car, au-delà de l’engagement à atteindre des objectifs contenus dans un plan d’action élaboré à La Réunion par des acteurs réunionnais, l’Agenda 21 est aussi une autre démarche. Il place comme moteur de son action la concertation et la participation.
C’est une méthode qui vise à rendre le citoyen centre du développement. Elle est mise en œuvre pour aider à relever les défis considérables. Les Réunionnais sont confrontés simultanément à plusieurs questions qui conditionnent le développement du pays. Elles s’appellent progression démographique, mondialisation des échanges, préservation de l’environnement, cohésion sociale et progrès économique.

Créer des emplois

L’Agenda 21 a notamment pour finalité d’apporter une réponse globale à tous ces défis qui ne peuvent être abordés de manière isolée.
Pour les Réunionnais, c’est la question de l’emploi qui est au centre de toutes les préoccupations. Comment lutter contre le chômage alors que la population active ne pourra qu’augmenter au cours des prochaines années, sur fond de mondialisation des échanges économiques et humains, tout en tenant compte de contraintes environnementales ?
À cette question qui conditionne le maintien de la cohésion sociale dans La Réunion qui comptera 1 million d’habitants, chaque orientation de l’Agenda 21 peut apporter des pistes, à travers une approche intégrant ces différents facteurs.
Par exemple, la mise en œuvre d’une politique des déplacements plus adaptée aux contraintes insulaires consiste à valoriser les transports collectifs. Construire et faire fonctionner le tram-train se traduira par la création d’emplois directs. Indirectement, il sera nécessaire de fournir suffisamment d’énergie électrique pour assurer la marche de ce moyen de transport. C’est un atout pour insister sur le développement des énergies renouvelables, autre gisement d’emplois. Éoliennes, panneaux solaires et usine géothermique peuvent diminuer la coûteuse dépendance environnementale et économique envers les hydrocarbures qui sont aujourd’hui indispensables aux déplacements à La Réunion.
Des énergies renouvelables qui pourront également être massivement mises au service d’une autre politique de l’habitat. Car le besoin urgent de logements et la quantité importante qui devra être construite pour répondre à la demande future sont autant d’opportunités pour développer un autre type de construction intégrant des normes du développement durable : eau chaude solaire, maîtrise de la consommation d’eau et d’énergie.

Une autre vision

Au-delà de ces projets situés dans l’île, l’Agenda 21 porte en lui la démarche d’ouverture de La Réunion sur le monde à travers le mot d’ordre d’« envisager le développement durable à l’échelle régionale ». Cela peut se traduire par la recherche de complémentarités avec des pays avec lesquels La Réunion partage des liens historiques et culturels. Cela revient à penser le développement de La Réunion au sein de l’ensemble géographique à laquelle elle appartient. Cette région comprend dans un premier cercle les îles de l’Océan Indien et intègre dans un deuxième des pays émergents tels que la Chine et l’Inde. Étant donné le potentiel de tous ces voisins, il apparaît que la mise en œuvre d’une stratégie de partenariat sur la base d’un enrichissement mutuel peut être un moyen de créer à La Réunion des emplois à la hauteur de la contribution de notre île au progrès solidaire des peuples de notre région.
Création de nouvelles filières d’enseignement, de formation et de recherche, ainsi que de nouvelles qualifications et compétences : à travers l’approche globale proposée en prenant pour fondement les défis à relever, l’Agenda 21 de La Réunion donne des possibilités de sortir du sous-développement.

Manuel Marchal


Pour des emplois durables dans l’environnement

Dans l’esprit de l’Agenda 21, une première réponse à la question de l’emploi est apportée par les politiques de valorisation de l’environnement. Ce sont des milliers d’emplois qui ont été créés dans les collectivités dans ce cadre sous le label "emplois verts". Mais jusqu’à présent, ce sont essentiellement des emplois précaires.
L’épidémie de chikungunya a donné une nouvelle dimension à la mission de ces travailleurs. Mis à disposition par leurs collectivités, ils se sont grandement impliqués dans la bataille. Leurs actions sont autant d’arguments pour la pérennisation de leurs emplois. Car si l’on tient compte de la réalité géographique réunionnaise, une île tropicale reste sous la menace constante de flambées épidémiques transmises par des insectes. Nul doute que le réchauffement global de la planète crée des conditions favorables à l’extension de ces maladies émergentes. Or, dans la bataille contre la propagation de ces fléaux, les “emplois verts” sont en première ligne. De par leur travail, ils contribuent à l’éradication des foyers épidémiques par le biais d’une lutte mécanique. S’il était encore besoin de démontrer le travail indispensable fourni par les “emplois verts”, la lutte contre le chikungunya vient à point nommé pour rappeler que des besoins durables doivent être satisfaits par des emplois durables.


Où en sont les signataires ?

Le 10 décembre 2003, l’Agenda 21 de La Réunion a été signé par la Région, le Département, l’Association des maires, les 2 Conseils consultatifs régionaux (CESR et CCEE), les 3 Chambres consulaires et Électricité de France.

Mardi dernier, lors de la conférence de presse de présentation des 3èmes Rencontres réunionnaises du développement durable, Philippe Berne, Président de la Commission de développement durable, a exposé les principales réalisations de la Région. Les partenaires ont également offert une vue d’ensemble de leurs travaux.

- Les services de l’Etat : la démarche implique l’ensemble des services déconcentrés de l’Etat. Néanmoins, certains secteurs sont de la compétence de l’Etat, comme la réserve marine.

- Le CCEE : il participe à double titre à la démarche de l’Agenda 21. En effet, il s’est engagé dans l’Agenda 21 de la Région, mais aussi en initiant des actions auprès des scolaires, notamment en ratifiant la Charte de l’éducation relative à l’environnement, en travaillant sur les interactions entre l’Homme et le milieu ;

- La CCIR : signataire depuis 2002, la CCIR s’est impliquée, à travers ses ressortissants, à la mise en place de la démarche et ce, dans tous les domaines : le tourisme, le transport, l’énergie etc... Afin de donner un poids supplémentaire à la démarche, la CCIR a embauché une Chargée de mission.

- EDF : l’opérateur a lancé l’opération “lampes basse consommation” qui fut un succès : 430.000 “éco-lampes” vendues à 1 euro, en très peu de temps. En outre, EDF a participé à la construction de la filière “chauffe-eau solaire” et la filière photovoltaïque, en partenariat avec la Région et l’ADEME. D’autres opérations ont été menées : une convention avec l’ARAST en faveur des plus démunis, une sensibilisation des industriels au “diagnostic énergie”...

- La CMAR : la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de La Réunion a rejoint la “démarche qualité artisan” lancée sur le plan national, assortie d’une “charte garantie euro-garant”, notamment dans le secteur de l’automobile.

- Le CESR : il s’est notamment positionné sur le dossier de la GIZC (Gestion Intégrée des Zones Côtières) ; grâce au travail mené en partenariat avec la Région, La Réunion a été citée en exemple.

- La Région : Philippe Berne mettait notamment l’accent sur les stratégies développées en matière de maîtrise de l’énergie, des énergies renouvelables, avec la structuration de la filière “chauffe-eau solaire”, qui génère un chiffre d’affaires important et a créé déjà de nombreux emplois. Il a également évoqué le lancement de l’Agenda 21 interne à La Réunion, tout en soulignant les pistes à l’étude : une grille d’analyse des actions et orientations déjà prises, afin d’en déterminer la pertinence et, éventuellement, amorcer une réévaluation ; c’est aussi une démarche visant à promouvoir la production locale...


Un Agenda 21 interne à la Région

Un des engagements des signataires de l’Agenda 21 est d’être exemplaire dans ses actions en œuvrant à la mise en place d’Agenda 21 internes aux institutions. Le 11 avril 2006, réunis sous la présidence de Paul Vergès, les élus de la Commission permanente ont validé le principe d’un Agenda 21 interne à la collectivité.
« Cet Agenda 21 est un plan d’actions de développement durable, construit dans le cadre d’une démarche participative », explique la Région.
Celui-ci repose sur 2 axes. D’une part, la construction d’une politique d’éco-gestion devant permettre de réduire les coûts de fonctionnement et d’optimiser le fonctionnement de la collectivité. D’autre part, l’intégration de critères de développement durable dans les politiques conduites par la Région.


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Messages

  • Bonjour,
    C’est un de vos ressortissants qui m’a "invité" à lire votre journal, notamment celui lié à votre recherche en matière de Développement Durable.

    Après avoir vu à la télévision cette nouvelle catastrophe qui touche encore votre île, après le Chykungunia, La Réunion n’avait pas vraiment besoin de ça, je me permets de m’adresser à vous dans ce contexte des ENR.
    En effet, nous sommes en train de créer une Entreprise-Associative dans le Domaine des Energies Renouvelables et, dans la liste des projets que nous envisageons de mettre au point, se trouve une "Eolienne-Mobile" qui, dans un cas comme celui qui a frappé votre île, pourrait peut-être y trouver son utilité.

    Non pas que je veuille profiter de cette situation pour m’enrichir à vos dépens, mais je suis plutôt à la recherche de "Partenaires" qui verraient dans cette idée matière à subvenir rapidement à certaines urgences humaines.

    Je me tiens à votrte entière disposition pour de plus amples renseignements, et vous prie d’agréer, en plus de mon soutien pour ce qui vous frappe, l’espression de mes salutations distinguées.
    G.Lecoq.

  • Bonjour,

    Je suis un réunionnais de 37 ans, au Québec depuis 3 mois pour étudier en développement régional en maitrise (équivalent mastère recherche), à l’Université de Québec à Rimouski. Dans le cadre de mes travaux de recherches, je dois traiter d’un cas pratique autour de la gouvernance dans les projets environnementaux. Je me suis interessé à l’agenda 21 qui me paraissait interessant de plusieurs points de vue, tout d’abord pour le contexte particulier que connait la Réunion en matière d’emploi, de démographie... mais aussi pour son potentiel et son dynamisme économique, culturel...

    Aussi, pour parfaire mes travaux, je souhaiterais pouvoir disposer de documentations pertinentes qui pourraient m’aider à construire ce travail. Seriez vous en mesure de me communiquer donc, de la documentation qui aborde la stratégie et les modes de gouvernance qui caracterisent cet outil de planification.

    Par ailleurs, je souhaiterais envisager un partenariat avec la Région sur des thémes préoccupant en lien avec le développement territorial que je pourrai traiter. Je reste ouvert à toute discussion qui pourrait nous enrichir mutuellement et qui pourrait contribuer au développement de notre ile.

    Cordialement.

    Mr MALET.

    [email protected]


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