Hier à Saint-Leu a eu lieu le lancement officiel du projet Grand Stella. « Le projet « Grand Stella » consiste à développer un espace végétal et forestier endémique et indigène sur une superficie totale de 78 hectares. La Région Réunion a accordé ici à la ville de Saint-Leu, à titre gratuit, un droit d’occupation temporaire pour une durée de 10 ans, renouvelable. En retour, la ville de Saint-Leu s’engage à procéder à des plantations d’espèces indigènes adaptées, à entretenir les espaces verts existants et les sentiers. Elle s’engage par ailleurs à n’édifier aucune construction, à ne procéder à aucun terrassement afin de préserver la configuration naturelle du terrain. », indique un communiqué de la Région.

Réparer les dégâts de plusieurs siècles d’exploitation

La présidente du Conseil régional, Huguette Bello, Cyrille Melchior, président du Conseil départemental, et Bruno Domen, maire de Saint-Leu, ont participé hier à la cérémonie de replantation. Au cours des 5 prochaines années, 100.000 arbres seront plantés sur ces 78 hectares du foncier de la Région, a annoncé le maire de Saint-Leu. Dans un premier temps, un morceau de forêt semi-sèche des bas sera reconstitué sur 13 hectares, avec le soutien du plan Un million d’arbres du Département. Le travail sera principalement assuré par une cinquantaine de salariés de l’association « Piton Saint-Leu lèv la tête ».
Au moment du début de la colonisation de La Réunion, notre île était recouverte par de vastes forêts du battant des lames au sommet des montagnes, abritant une riche flore endémique. Plusieurs siècles d’exploitation de notre île pour les besoins de la France ont bouleversé le paysage. La partie haute a été sanctuarisée par la création d’un Parc national, qui fait partie de la liste du Patrimoine mondial dressée par l’UNESCO. Cela représente environ la moitié de la superficie de notre île.
Dans les bas et en moyenne altitude, il ne reste que quelques lambeaux de la grande forêt originale. Or les arbres contribuent à la qualité de la vie, une forêt permet de faire baisser la température et il est avéré que la plantation d’arbres permet de lutter contre le changement climatique. Pendant leur croissance, ils absorbent le CO2 pour pousser, et produisent comme déchet l’oxygène indispensable à de nombreuses formes de vie, dont l’humanité.

Reboiser La Réunion

La première grande opération de reboisement à La Réunion date du début des années 1970, quand Paul Vergès devint maire du Port. Une pépinière municipale fut créée. L’objectif était de planter 500.000 arbres pour transformer la région aride de la plaine des Galets en une forêt. Ceci a permis aux Portois d’être les Réunionnais qui bénéficient le plus d’espaces verts par habitant. Un parc boisé ouvert à tous était l’élément le plus remarquable de cette forêt reconstruit. Ces 500.000 arbres ont contribué à faire baisser la température moyenne du Port, et cela bien avant qu’il soit question du Protocole de Kyoto ou de l’Accord de Paris sur le climat.
La construction de la route des Tamarins fut l’occasion d’étendre vers l’Ouest cette opération de reboisement. Une pépinière fut également construite pour l’occasion, avec l’ambition de replanter 500.000 arbres le long de la route des Tamarins. Comme au Port, ces replantations ont impliqué des jeunes scolarisés. L’objectif était à terme de reconstituer la forêt de l’Ouest, comme la découvrirent les premiers navigateurs portugais qui abordèrent notre île au 16e siècle.
Avec l’arrivée de Didier Robert à la présidence de la Région en 2010, tout fut remis en cause. La promotion du tout-automobile était en effet bien plus prioritaire que la lutte contre le changement climatique.
Hier, le lancement de la replantation à Saint-Leu de la zone comprise entre la route des Tamarins et le littoral a marqué donc une étape importante dans la marche pour le reboisement de La Réunion. Il traduit une volonté politique largement partagée.

M.M.