Du côté du marché du Chaudron

Hausse des prix à venir : « I pe pa fèr otroman »

1er mars 2007

Levée de l’alerte rouge à 8 heures, dégâts sur les exploitations, difficultés de circulation : hier matin, les forains étaient peu nombreux à proposer leurs produits sur le marché du Chaudron à Sainte-Clotilde. 1,50 euro, la salade, 20 bananes pour 2 euros, 3 à 4 euros le kilo de tomates : Gamède n’a pas encore eu d’effets sur le prix des produits.

« Kan nou apèl, i di anou sé fini ». Pour ce forain qui s’approvisionne en salades, concombres et autres produits maraîchers auprès de cultivateurs de La Bretagne, de Saint-André, du Tampon ou encore de la Plaine des Cafres, aux quatre coins de l’île, Gamède a fait du mal à l’agriculture. Il vendait hier les salades quelque peu effeuillées qu’il conservait depuis dimanche, jour de marché annulé. Et après ces quelques légumes, qu’aura-t-il à proposer ? « Il faudra attendre que les choses reviennent à la normale, mais avec une ardeur comme ce matin, après les fortes pluies, les récoltes vont cramer. Et puis, là, la terre n’est pas facile à préparer, elle est en colle, il faut attendre un peu avant de replanter » Deux, trois mois pour avoir de nouvelles laitues à présenter sur les étales ? Tout dépendra de l’évolution de la saison cyclonique. Du côté des vendeurs de bananes, en nombre ce matin-là, les prix sont là encore de saison. 20 douceurs pour 2 euros, aucune raison de se priver, d’autant que d’ici 2 semaines, une fois les stocks écoulés, le fruit deviendra plus rare. Après ça, certainement, les prix augmenteront. « I pe pa fèr otroman, commente Didier, forain de Sainte-Suzanne. Plantèr lé oblizé vann pli shèr sinon zot i giny pa ratrap zot pèrt. Anplis ke sa, pou arplanté, i rovien shèr. Si lo pri i ogmant pa in pe, banna i pèrd sat i plant, i giny pi pèy zot sharz sosial. Domoune i kalkil pa tousala. Alé oir dann sipermarshé, zot i déranz pa pou ogmant le pri ; na poin pèrsonn i di rien, tout domoune i ashèt ». Bien souvent, au lendemain d’un cyclone, on oublie rapidement les dégâts subis par les agriculteurs au profit de critiques hâtives sur une hausse des prix. Certains clients se surprenaient hier que les tarifs soient encore inchangés. Les forains, quant à eux, sont sans délais accusés d’abus, d’être des “amprofitèr”, comme si, dans notre société du tout consommation, tout devait augmentait sauf le prix de la tomate ou la salade. Après un choc pétrolier, le prix de l’or noir ne flambe-t-il pas ? Agriculteur, c’est un métier ingrat sur bien des points.

Stéphanie Longeras


Le ralé-poussé de Loulou, charcutier-forain

« On peut compter sur qui ? La politique ? »

La solidarité entre forains était palpable hier. On échangeait sur les différentes pertes de chacun, les dégâts occasionnés par Gamède, les non issues de secours. Les importantes pertes d’élevage vont avoir un impact direct sur l’activité de Loulou, forain qui vend du bœuf, du porc, des salaisons. Mais, en tant qu’artisan, son cas suscite peu d’intérêt, et il le déplore.
« Les forains comme nous n’ont pas de revenu en période cyclonique. Mais ça ne dérange personne. Les banques, les impôts... ils s’en foutent pas mal. Sans travail, les artisans comme nous n’ont pas d’argent à tirer. Comment on fait ? On va voler ? C’est injuste que la Chambre de Métiers ou d’autres organismes ne prennent pas part à notre situation. On peut compter sur qui ? La politique ? On sait bien qu’elle favorise les gros, pas les petits ».

SL


An plis ke sa

Cyclone Gamède : Blocage des prix des produits alimentaires

Compte tenu des difficultés de ravitaillement que rencontre la région Sud, suite à l’écroulement du pont de la Rivière Saint-Etienne, et les Hauts de l’île isolés suite à l’endommagement de nombreuses liaisons routières, le Préfet de La Réunion, Pierre-Henry Maccioni, a décidé, hier, d’instaurer un blocage des prix des produits alimentaires. Afin de « lutter contre tout abus », les tarifs des aliments sont gelés, à compter d’hier midi, sur la base de ceux pratiqués le 24 févier et ce jusqu’au 7 mars, midi. Il invite également les citoyens à ne pas effectuer d’achats « en quantité abusive ». Cette mesure s’accompagnera-t-elle de contrôles de la part de la Répression des fraudes ? Dans les grandes surfaces aussi ? Dommage que le précédent Préfet ait considéré ce type de mesure inappropriée, lorsque les prix des produits répulsifs ont flambé en pleine crise épidémique.


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