Départ du directeur régional de l’O.N.F.

’Il faut revenir à une forêt endémique’

28 juillet 2005

Jacques Trouvillez, directeur régional de l’Office national des forêts, quitte ses fonctions aujourd’hui. Le 1er août prochain, il dirigera le service “Patrimoine naturel” du Muséum national d’histoire naturelle, missionné pour inventorier le patrimoine naturel national.

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"J’ai estimé que l’ONF avait une image très régalienne", déclare Jacques Trouvillez, qui a entrepris depuis 2001, une véritable réorganisation de ses services, qu’il souhaite aujourd’hui "plus proches de la population réunionnaise".
Outil au service de l’État et du grand public, l’Office national des forêts gère près de 100.000 hectares de forêts, en majeure partie endémique. Beaucoup de travail donc pour les quelque 300 agents forestiers, fonctionnaires et contractuels confondus ! Cette réorganisation des services s’est traduite par l’augmentation de la taille des unités de l’ONF. L’ONF est aujourd’hui divisé en 6 unités territoriales. Rien à voir avec l’organisation forestière du 19ème siècle. Les donnes ne sont plus les mêmes.
L’Office national des forêts doit aujourd’hui faire avec le tourisme, et les touristes. Ceux-là n’ont pas tous une connaissance du milieu. Les agents forestiers doivent donc trouver le bon équilibre entre l’accessibilité et la sécurité. "Désormais, nos concitoyens veulent aller partout sans avoir la connaissance que nos anciens détenaient", déplore Jacques Trouvillez. Les agents forestiers, mais aussi tous les services d’ordre, ont dû à chaque fois rappeler les consignes de sécurité, notamment pour l’observation de la coulée du volcan.
Par ailleurs, l’ONF œuvre toujours pour offrir aux randonneurs réunionnais et étrangers des sentiers sécurisés. Et nous ne pourrons que saluer la réouverture du sentier de la brèche, qui relie Maïdo et Roche-Plate, ou encore le sentier de la canalisation Gustave à Mafate. Pour ce dernier, il a fallu réunir 375.000 euros, ce qui correspond à une somme importante pour le service forestier. Mais outre les travaux de réhabilitation ou de création de sentiers, l’ONF est aussi responsable de l’aménagement et de la gestion durable des forêts, un autre volet important de son action. Jacques Trouvillez se félicite du travail effectué pour redonner à nos forêts ses couleurs et ses senteurs endémiques. "Il faut revenir à une forêt endémique", déclare-t-il.

L’importance du Parc national des Hauts

En 1999, Jacques Trouvillez était missionné relativement au projet de Parc national des Hauts. "Le label Parc national est un atout pour La Réunion", explique-t-il. Notre île devient le huitième Parc national de France. Cela n’aura pas d’impact immédiat sur la zone de l’océan Indien. Nous savons en effet qu’il existe des parcs nationaux extrêmement intéressants dans la zone, notamment en Afrique du Sud et à Madagascar. "Mais d’une manière générale, c’est un véritable atout pour l’île de La Réunion", confiera-t-il, particulièrement en termes de préservation de notre patrimoine naturel.
Les forêts privées devraient être les grandes bénéficiaires de la création du Parc national. Souvent démunis, les propriétaires ne peuvent organiser l’entretien. Cette nouvelle organisation pour nos forêts serait un moyen fort pour en finir avec le braconnage, mais aussi pour se protéger du mitage progressif des forêts par une urbanisation trop virulente. Et puis, il est évident que cela pourra servir à la protection de notre environnement. Bref ! le directeur ne pouvait faire l’impasse sur ce gros dossier, puisque très proche de l’affaire. Espérons cependant que cette nouvelle instance saura se montrer employeuse, notamment auprès des personnels précaires de l’ONF, formés et prêts à l’emploi. Jacques Trouvillez note "la participation de l’ONF dans le programme de cohésion sociale". Des CES et CEC ont ainsi bénéficié de formation aux métiers de la forêt, avec un taux d’insertion de plus d’un tiers.

Du social... forestier

Lors de sa rencontre avec la presse, Jacques Trouvillez indique par ailleurs la création d’une association loi 1901, dénommée Groupement pour l’insertion et l’environnement (GIE). Le Département ayant maintenant compétence dans le secteur agricole, il relègue son lourd dossier de l’intégration de ses personnels précaires. Sur les 350 personnes en situation précaire, 100 seulement seront intégrées au GIE. 250 personnes sur le bord du chemin donc. Une convention tripartite est signée entre l’ONF, le Département et le GIE, pour définir qui fait quoi. Nous savons que des crédits sont d’ores et déjà alloués au GIE pour l’emploi de ces CEC en fin de contrat, qui travailleront sur les sites naturels sensibles ou les terrains de l’ONF. Encore faut-il qu’ils aient la technicité nécessaire pour un tel emploi. Autre affaire sociale : la fermeture de la scierie de la Providence. Les employés souhaiteraient tous travailler sur le terrain. Pourtant, hier, la CFDT-ONF, par la voix de son secrétaire général, Jacky Técher, déplorait cette fermeture. La scierie devrait devenir un centre de découverte de la forêt. L’ONF doit se désengager des travaux de la scierie, en faveur de la constitution d’une société anonyme, dans laquelle l’ONF sera minoritaire avec 20% des actions. Bertrand Lefèbvre, le nouveau directeur de l’ONF, aura beaucoup à faire. Il prendra ses fonctions dès le 2 août prochain. Entre temps, pour l’avoir connu en dehors de ses bureaux, à Bellevue Bras-Panon, je ne peux que saluer ce gardien de la faune et la flore qui, je l’espère, n’oubliera pas de “bien” inventorier le patrimoine naturel réunionnais, lui, auteur d’une thèse en biométrie à l’Université de Lyon. "Mi di pa adië, n’artrouv dann santié, Trouvillez...".

Bbj


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