Interview de Gélita Hoarau, Sénatrice de La Réunion

1er mars 2007

Mme Hoarau, pourriez-vous nous dire ce que vous pensez du cyclone Gamède qui s’est abattu pendant plusieurs jours sur La Réunion ?

- Gamède n’a rien d’exceptionnel comme cyclone. Nous en avons subi d’autres, beaucoup plus intenses, je pense à Hyacinthe, à Firinga etc... Mais les dégâts sont importants. Il y a eu des pertes humaines. L’agriculture a souffert. Et, bien entendu, les réseaux ont été gravement endommagés : l’eau, le téléphone, l’électricité et les routes. Des enseignements doivent être tirés pour l’avenir. C’est ce que j’ai essayé de faire devant M. le Ministre.

Quels ont été les propos que vous avez tenus ce matin à M. François Baroin ?

- Les propos que j’ai tenus ce matin lors de la visite de M. François Baroin, Ministre de l’Outre-mer, c’est tout d’abord le constat qu’on peut faire après chaque passage d’un cyclone : les dégâts importants sont causés par les eaux : la mer et les eaux de rivière. Ce que nous devons faire, à mon avis, c’est premièrement, mettre en œuvre un plan d’endiguement des ravines avec une programmation pluriannuelle, tout en définissant les priorités dans une concertation la plus large. Deuxièmement, imaginer un plan d’éradication de tous les radiers. Nous n’aurons plus alors à déplorer la disparition des vies. Des personnes bravent l’eau parce qu’elles souhaitent tout simplement rentrer chez elles après le travail.

Un autre point, qui est à mon sens aussi une priorité, c’est l’alimentation en eau potable de la population sudiste. Il faut réaliser une interconnexion non seulement des eaux de surfaces, mais faire l’interconnexion des eaux souterraines avec les eaux de ruissellement.
Une question qui découle de ces préoccupations : est-ce que les maires du Sud ont inscrit ces priorités dans le Programme Opérationnel Européen 2007-2013 et dans les contrats de projets Etat-Région, signés le mois dernier par le Ministre de l’Intérieur ? Si cela a été fait, tant mieux. Dans le cas contraire, ne faudrait-il pas faire des avenants à ces contrats pour les inscrire de toute urgence ?

L’autre point que j’ai soulevé et qui me semble aussi prioritaire concerne les routes. Nous avons une population sudiste importante qui vit à mi-pente (Lianes Saint-Joseph jusqu’à Piton Saint-Leu). Il est urgent de réaliser une route de moyenne altitude. C’est ce que nous préconisons depuis une dizaine d’années avec la réalisation de la fameuse Croix de Sud. Si cette proposition avait été sérieusement prise en compte, nous n’en serions pas là aujourd’hui avec toutes les conséquences de l’effondrement d’un pont de la Rivière Sainte-Etienne.

J’ai soulevé aussi le problème de la compétence des routes : compétences départementale, régionale, communale et nationale. Le moment n’est-il pas venu de poser le problème de la création d’un Office de Routes regroupant toutes les compétences ?

Enfin, si nous allons vers une programmation pluriannuelle pour les endiguements des ravines, nous allons aussi créer des emplois pérennes et non pas des “emplois aidés”. Je pense que c’est à cela aussi qu’aspirent les Réunionnais, en plus de leur sécurité.

Un mot de conclusion ?

- En conclusion, je dirais que si les décideurs ne posent pas au moment où il le faut les priorités pour le pays, la Nature s’en chargera. Tous les scientifiques et experts en climat nous disent qu’avec le réchauffement de la planète, les cyclones seront plus violents, apportant beaucoup plus d’eau. C’est à nous d’anticiper sur les travaux qui s’imposent. Il n’y a pas de solution miracle. Mais comment peut-on parler de développement durable pour le pays quand une partie de la population est privée d’eau durant des semaines et quand les déplacements sont aléatoires ? C’est à tout cela qu’il faut réfléchir après le passage de ce cyclone.

Propos recueillis par M. D.


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