Une initiative de l’A.R.E.R. pour la construction durable et la conception thermique et énergie

L’Agenda 21 de La Réunion, “feuille de route” des constructeurs

3 mai 2004

Dans le cadre des Rencontres Énergie/Réunion 2004, l’Agence régionale de l’énergie Réunion (ARER) a tenu le 29 avril dernier une conférence-débat sur le thème “Construction durable & conception thermique et énergie”. Des expositions sur des thèmes associés sont à voir jusqu’au 6 mai à l’école d’architecture du Port et d’autres rendez-vous vont jalonner l’année sur les thèmes du développement durable et de la maîtrise de l’énergie.

"Devant la problématique - mondiale - du développement durable, les questions posées sont plus aiguës dans un espace restreint soumis à un fort accroissement démographique". Ces quelques mots du conseiller régional Wilfrid Bertile ont introduit la conférence-débat organisée jeudi dernier par l’ARER. L’élu a également rappelé l’engagement de la collectivité régionale pour la maîtrise de l’énergie, à travers le Plan adopté en 2000 pour l’utilisation rationnelle des énergies, renouvelables ou non.
Les questions sont connues : où construire d’ici 2025 les 250.000 logements utiles et les infrastructures connexes pour faire face à l’accroissement prévisible de la population ? Selon quelle densification ? Comment intégrer la lutte contre les conséquences prévisibles des changements climatiques et dans quels projets d’urbanisme ?
Ce sont quelques-unes des questions qui ont guidé la collectivité régionale dans l’orchestration de l’Agenda 21 de La Réunion, établi en partenariat et dont il s’agit de mettre en œuvre les préconisations, la “feuille de route”, avec tout le monde. Le conseiller régional a parlé d’organiser à court terme des "États généraux" du développement durable.
À bien des égards, l’après-midi de réflexion organisée jeudi par l’ARER préfigurait cette préparation.
Après les orientations de la politique régionale, les interventions ont été plus ou moins techniques et réglementaires (comme celle de l’ADEME), ou prospectives et expérimentales, et concentrées sur les démarches conceptuelles des architectes/urbanistes confrontés aux micro-climats et à la performance énergétique des constructions (François Garde, universitaire) ; au confort thermique, tel que l’a exposé l’architecte Michel Reynaud, dans une approche bioclimatique pour la réalisation de deux collèges (à la Bretagne et au Tampon), "deux projets modestes en termes de coûts d’investissement", a-t-il dit, "mais qui peuvent générer entre 10% et 20% d’économie de coûts de fonctionnement par la conception de la structure".

"L’art du lieu"

Pour l’architecte Vincent Sarrauste de Menthière, "l’art du lieu" appelle, dans un paysage donné, l’utilisation de matériaux aux performances reconnues (basalte, bambous, branches de goyaviers...), même si les professionnels se heurtent parfois à des problèmes de normes. L’architecte a évoqué les problèmes de contrôles techniques pratiqués sur le bambou, en invitant la profession et les pouvoirs publics à déboucher sur des solutions concrètes, en vue de la création et pérennisation de filières liées à l’utilisation de matériaux réunionnais.
RozO-architecte a présenté d’une part une maison expérimentale, testée à La Possession dans l’écosystème de savane (moins de 400 mètres), selon une conception du “loft tropical” qui tend, selon Philippe Zourgane, à se généraliser : 120 mètres carrés sur deux niveaux (seul celui au sol étant habitable) et 40 mètres carrés de photovoltaïque.
Séverine Roussel (RozO) a laissé la parole à deux étudiants partis avec elle en Malaisie, pays pilote en architecture, qu’elle soit traditionnelle ou expérimentale. Ils ont présenté les plans d’un immeuble/paysage vertical proposé par un architecte de Kuala Lumpur de renommée internationale. Son plan montre une sorte de sandwich-salade : un jardin suspendu reliant d’étage en étage deux blocs d’habitations verticaux, dotés d’un système de captation/recyclage des eaux pluviales et usées, dont deux prototypes vont être construits à la Mecque et au Koweit.
Enfin, Mathieu Leveau, étudiant-architecte en fin de stage (6ème année) à l’ARER, a présenté un guide technique pour maisons individuelles prenant surtout en compte les contraintes énergétiques (bioclimatisation ; économie en eau, énergie et déchets ; production et consommation d’énergie verte...) et élaboré à partir d’un logiciel de conception thermique mis au point à l’Université de La Réunion.

Quelle volonté de fabriquer la ville ?

Des débats ont ponctué les deux parties de l’après-midi, dans lesquels les intervenants ont notamment soulevé des questions sur la filière bois (de construction), sur des règlements thermiques ou acoustiques très inadaptés à la vie insulaire et sur la notion de “confort thermique”, dans les hauts et dans les bas. La climatisation est vivement remise en cause par les architectes, mais ceux-ci sont desservis pour le moment par un prix de l’énergie auquel les consommateurs ne réfléchissent pas assez (lorsqu’ils ne l’oublient pas).
Le fait que toute notre vie sociale soit organisée autour de la voiture individuelle et de sa conduite est aussi une donnée volontiers honnie par les architectes. "On a tous les outils pour fabriquer la ville, on n’en a pas la volonté", a dit l’un d’eux vers la fin de la rencontre.
Christophe Rat, pour l’ARER, donne rendez-vous à tous ceux que ces questions intéressent : le 23 juin, au lycée de Saint-André (“pour une filière photovoltaïque de qualité”) ; le 1er juillet pour parler “Énergies et collectivités territoriales” (lieu à déterminer) ; puis en septembre, octobre et novembre auront lieu une rencontre mensuelle sur la maîtrise de l’énergie, particulièrement dans les édifices scolaires (lycée de Roches Maigres à Saint-Louis et un autre lieu à déterminer) pour finir sur l’éolien, à Sainte-Rose.

Pascale David


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