Conférence de Cancún : les îles menacées par la montée des eaux

L’AOSIS rappelle que des peuples sont en danger

4 décembre 2010, par Manuel Marchal

La survie ou l’anéantissement, l’avenir de nombreux pays est lié à la mise en œuvre d’un accord réduisant les émissions de gaz à effet de serre. L’anéantissement attend déjà plusieurs îles au cours des 50 prochaines années si rien n’est fait.

Répondant à une question d’un journaliste demandant les noms des pays qui seront engloutis par les conséquences du changement climatique d’ici 2050, Antony Lima, un négociateur cap-verdien de l’Alliance des Petits États insulaires (AOSIS), a donné une réponse très claire : « La différence entre une hausse de 1,5 et 2 degrés, c’est la survie ou l’anéantissement ».
Les pays les plus riches tentent en effet d’imposer le remplacement du Protocole de Kyoto par un accord qui se fixerait comme objectif une limitation de la hausse des températures de 2 degrés par rapport au niveau d’avant 1850. Mais pour les pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique, comme les îles, 2 degrés, c’est beaucoup trop. La position des îles, soutenues par plusieurs organisations représentant la majorité des États du monde comme l’AOSIS et le G77+Chine, c’est de créer les conditions pour ne pas dépasser une augmentation de 1,5 degré.
Ce débat était au cœur des discussions à Copenhague, et il l’est encore à Cancún. Car si la position des îles triomphait, alors les pollueurs historiques qui sont l’Europe, le Japon, le Canada et les États-Unis seraient contraints à des réductions très importantes de leurs émissions de CO2, de l’ordre d’au moins 40% en dessous des niveaux de 1990, un objectif à atteindre d’ici 10 ans.
Or, les pollueurs historiques ne veulent pas entendre parler de cette limite de 1,5 degré, car c’est pour eux un risque de profonde remise en cause de leur modèle de société. Tout juste veulent-ils concéder une limitation de la hausse des températures à 2 degrés. Cette valeur est en effet un seuil au-delà duquel la situation pourrait devenir incontrôlable.
Cela signifie que l’accord doit sauver tout le monde, et non pas se contenter de permettre à une petite minorité de polluer en consommant massivement les matières premières achetées bon marché chez les pauvres.
En rappelant que des pays sont face à la fin de leur Histoire, l’AOSIS souligne que la solution ne pourra fonctionner que si toute l’humanité voit sa situation s’améliorer.

Manuel Marchal


« Des pays sont face à la fin de leur Histoire »

« Si vous demandez d’accepter 2 degrés, c’est comme si vous acceptez que je plonge mon pays dans le désespoir », a expliqué l’ambassadeur Lima. Si nous acceptons cela, nous serons « la première espèce humaine en danger » au 21ème siècle.
« Des pays sont face à la fin de leur Histoire : Kiribati, Tuvalu, îles Cook, îles Marshall, Maldives. Tous ces pays, à l’heure actuelle, luttent pour survivre.
Imaginer le niveau de la mer qui monte jusqu’à la hauteur du cou, et qu’ils se noient… voici la situation »
.
« J’ai des montagnes dans mon pays, le Cap Vert. Je peux monter sur les montagnes, eux ne le peuvent pas ».
Et de conclure en soulignant combien il est important d’agir, ou alors les pays courent le risque d’être les complices de la disparition de peuples qui sont face à la fin de leur Histoire.

Climat et biodiversité

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