L’assainissement est au centre de la Semaine mondiale de l’eau 2008

22 août 2008

Plus d’un milliard de personnes. 2,6 milliards d’individus manquent d’installations d’assainissement et d’hygiène, provoquant chaque semaine le décès de 42.000 personnes.

L’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré l’année 2008 comme l’Année internationale de l’assainissement. Elle a pour but de sensibiliser et susciter l’action en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) d’ici 2015 à trois niveaux : l’hygiène, l’assainissement au niveau des ménages et la gestion des eaux usées. « Pour tendre vers l’Objectif du Millénaire pour le développement concernant l’assainissement de l’eau, 1,6 milliard de personnes devraient avoir accès à de meilleurs services d’assainissement de 2005 à 2015 », a déclaré Koïchiro Matsuura, le directeur général de l’Unesco. « Il ne faudrait pas que les tendances observées depuis 1990 se poursuivent. Le monde risquerait de manquer sa cible de près de 600 millions de personnes », a-t-il ajouté.

Selon l’UNICEF, l’absence d’installations sanitaires de base, de mauvaises conditions d’hygiène et la consommation d’eau non potable contribuent au décès de plus de 1,5 million d’enfants qui succombent chaque année à des maladies diarrhéiques. « Toutes les 20 secondes, un enfant meurt à cause de l’absence de services d’assainissement, qui se traduit par des conditions d’hygiène catastrophiques », a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à l’occasion du lancement de la Journée mondiale de l’eau.

Alors qu’un milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable, 2,6 milliards de personnes - soit 41% de la population mondiale - n’ont pas accès à des installations améliorées d’assainissement qui « pourraient faire baisser de plus d’un tiers le nombre de décès de jeunes enfants liés à la diarrhée », a indiqué l’ONU. « Et si l’on ajoute à cela la promotion de l’hygiène - apprendre à bien se laver les mains, par exemple -, deux tiers de ces décès pourraient être évités », a précisé l’Organisation des Nations Unies.

Le manque de salubrité et d’hygiène provoque chaque semaine le décès de quelque 42.000 personnes dans le monde tandis que 5 millions de personnes par an meurent de maladies liées à l’eau (choléra, diarrhée, hépatite, typhoïde...). Selon le PNUE, la pollution par les eaux usées, dont une grande partie se retrouve dans les eaux côtières, est responsable de la perte annuelle de 4 millions d’heures-personnes pour cause de maladie, soit une perte économique de 16 milliards de dollars par an. Dans les régions où une forte proportion de la population n’est pas suffisamment desservie en eau salubre et n’a pas un accès adéquat à un système d’assainissement, les eaux usées se déversent directement dans les ruisseaux, rivières, lacs et marais, contaminant les écosystèmes côtiers et marins et polluant l’environnement.

Les dirigeants politiques qui ont adopté les Objectifs du Millénaire envisageaient qu’en 2015, la proportion de personnes n’ayant pas accès aux services d’assainissement de base aurait été réduite de moitié, « mais les progrès actuels sont bien trop lents pour que ce but puisse être atteint », a souligné Ban-Ki Moon.

En 2015, 2,1 milliards de personnes n’auront toujours pas accès aux services d’assainissement de base, prévient l’ONU. Au rythme où vont les choses, en Afrique subsaharienne, l’objectif ne sera atteint qu’en 2076. « Il y a eu des avancées, mais plusieurs facteurs font obstacle au progrès : la croissance démographique, la pauvreté rampante, l’insuffisance d’investissements et, surtout, le manque de volonté politique », a indiqué Ban-Ki Moon. Selon le Secrétaire général de l’ONU, un investissement annuel d’environ 10 milliards de dollars pourrait permettre de réduire de moitié le nombre de personnes qui n’ont pas accès à un assainissement de base d’ici à 2015. « S’il est maintenu, ce même investissement pourrait permettre d’équiper le monde entier en sanitaires d’ici dix ou vingt ans ».

Certes, dans une moindre mesure, il convient de noter que l’absence d’assainissement touche également les pays européens. Une étude récente de la Commission Economique pour l’Europe (CEE) montre que plus de 100 millions d’Européens n’ont pas accès à l’eau potable dont 16% de la population en Europe de l’Est. Dans la région pan-européenne, 37 enfants meurent chaque jour de diarrhée. En Europe occidentale, la prise de conscience des défis présentés par les changements climatiques sur l’environnement conduit les pays à s’inquiéter de l’apparition de maladies.

R. Boughriet


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