Et à La Réunion n’avons-nous rien à craindre ?

L’eau en Guadeloupe subit une « dégradation généralisée »

12 septembre 2019, par Jean

L’eau est un enjeu crucial à l’heure où l’impact des changements climatiques se fait de plus en plus sentir à travers le monde. Outre, le climat, les activités humaines pèsent sur la qualité de l’eau. La situation en Guadeloupe doit interpeller car l’eau va devenir une denrée rare.

D’ailleurs, le traitement de l’eau sur un continent est déjà considéré comme insuffisant. Ainsi, en France, de très nombreux cours d’eau sont pollués au point qu’il est déconseillé de s’y baigner et d’utiliser leur eau pour irriguer et abreuver les animaux d’élevage.

Dans de petits territoires insulaires, la préservation de la ressource en eau peut-elle continuer de se faire comme sur des continents où, nous l’avons vu, elle est déjà insatisfaisante ?

Constat « alarmant » pour la nature et les humains en Guadeloupe

La Guadeloupe subit « une dégradation généralisée des masses d’eau », selon Hugues Delannay, directeur adjoint de l’Office de l’eau de Guadeloupe. Ce dernier a commenté pour l’Agence France Presse un rapport sur l’état des nappes souterraines, des rivières et de la mer.

Le constat le plus « alarmant » du rapport, selon Hugues Delannay, est l’augmentation de la salinité de la nappe d’eau douce souterraine située sous la Grande-Terre. En effet, « l’intensité de l’utilisation de la nappe notamment par des forages d’alimentation en eau potable », à cela s’ajoute les pollutions d’origine agricole, pesticides et composés azotés.

Côté mer, les algues qui se nourrissent de nutriments favorisent le déséquilibre physico-chimique des milieux en provoquant une trop forte croissance des plantes (l’eutrophisation).

Ainsi « la responsabilité en incombe principalement au réseau d’assainissement et aux stations d’épurations qui ne sont pas mises en conformité, et tout finit dans la mer », a précisé le scientifique.

La situation est d’autant plus inquiétante que les barrières de corail sont aussi en danger. Seule la masse d’eau des Saintes est classée comme étant en bon état biologique. Toutes les autres sont en état moyen, voire médiocre, d’après les chercheurs.

L’état des rivières s’est également altéré. En 2019, tout s’est dégradé et plus aucune rivière, parmi celles qui sont surveillées (notamment celles du croissant bananier au sud de Basse-Terre) n’est « en très bon état ». Tout cela à cause de la présence de la chlordécone, un pesticide utilisé dans les années 1990.

Pour l’Office de l’Eau, c’est l’activité qui est responsable de cette dégradation de l’eau, en raison tout d’abord de l’agriculture et l’assainissement puis dans une moindre mesure, l’industrie.

La situation guadeloupéen doit interroger à La Réunion

L’état extrêmement préoccupant de l’eau en Guadeloupe ne devrait-il pas constituer un signal d’alerte pour La Réunion ? Devons-nous attendre que nos nappes phréatiques soient envahies par l’eau de mer du fait d’un niveau de prélèvements aberrants pour nous décider à réagir ?

N’est-il pas plus que temps d’établir des règles de consommation permettant une réelle responsabilisation de chacun ? N’est-il pas plus que temps de procéder au recyclage de l’eau tout au long de son parcours de l’habitat des Hauts en passant par la zone de moyenne altitude puis à celle des Bas ?

Est-il soutenable de jeter directement vers une station d’épuration littorale (avant un rejet à la mer) 2 à 3 litres d’eau pour avoir lavé à l’eau courante quelques feuilles de salade, afin d’en retirer quelques grains de terre ?

Est-il responsable d’utiliser de l’eau potable pour remplir les bacs de nos chasses d’eau ? N’est-il pas plus que temps de revoir de fond en comble l’utilisation de produits phytosanitaires ?

Leur utilisation provoque d’irréversibles dégâts environnementaux, comme le chlordécone en Guadeloupe, où il faudra attendre un siècle pour retrouver des sols non toxiques. Car l’eau que boivent les insulaires que nous sommes se trouve sous nos pieds et nous n’avons pas la possibilité — comme peuvent encore le faire les consommateurs continentaux — de nous connecter au département ou au pays voisin pour obtenir un approvisionnement en eau potable.

N’est-il pas plus que temps de décréter une sorte d’état d’urgence car que nous soyons simples consommateurs, industriels, maraîchers, planteurs, artisans, éleveurs, maires, etc, il est plus que temps de reconnaître le caractère totalement irrespectueux de notre rapport à la ressource en eau. Il est plus que temps pour chacun de nous de stopper cette suicidaire course à la catastrophe collective.

Jean

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  • Voir le journal de 20H de France 2 de ce jeudi 12 Septembre (à retrouver sur " www.france2.fr " Dedans, on montre un reportage qui explique très bien, aux Antilles, les conséquences subies par la population (prématurés, cancer de la prostate, terre polluée pour 700 ans ! Tout ça à cause du poison autorisé jusqu’en 1993 alors qu’il était déjà interdit aux états-unis bien avant. Aucun principe de précaution, tout pour le pognon, c’était la priorité, le chiffre d’affaire, quitte à tomber malade plus tard. Le Clordécone tue les vers qui se sont développés aux pieds des bananiers. Quasiment toute la population est contaminée, on apprend par un avocat créole que cela est grave et continuera longtemps. Même les poissons, la viande, les autres légumes si on essaie de les ciultiver là où se trouvaient des bananiers sont pollués ! Pourtant les autorités étaient au courant de la nocivité de ce produit chimique où on trouve une tête de mort sur les sacs d’emballage ! Quelle tristesse, quel fléau, une véritable bombe à retardement pour tous ces français de l’Atlantique. Bonne fin de semaine et WE quand même et essayer d’aller visiter le bus vert qui invite à découvrir, le beau projet de tramway "Barachois-Duparc". Arthur qui pédale en toussant, malgré lui, à cause des micro particules issues des moteurs diésels qui fument, largement majoritaire sur l’île, encore un scandale. Pitié pour nos poumons !


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