Journée mondiale de l’eau

L’eau : un enjeu majeur pour La Réunion

22 mars 2008, par Manuel Marchal

Le 20 mars, le monde fêtait la Journée mondiale de l’Eau. Source indispensable de la vie au même titre que l’air, l’eau tend au fil des ans à être considérée comme une marchandise. Ce mouvement s’accélère dans le monde. Dans la distribution et l’assainissement de l’eau, La Réunion est confrontée à d’importants retards et doit faire face à un important accroissement de sa population. C’est un défi partagé par la plupart des pays du Sud, qui abritent la majorité de la population mondiale.

Alors que le monde fêtait jeudi la Journée mondiale de l’Eau, force est de constater que l’eau portable au robinet reste toujours un rêve pour la majorité de la population mondiale. C’est l’assainissement qui était cette année le thème de la Journée mondiale.
Source indispensable à la vie tout comme l’air, l’eau est de plus en plus régie par les règles de la mondialisation libérale. Face aux énormes chantiers à construire pour que l’eau potable soit une réalité pour tous, un modèle issu de libre-échange se développe. Il s’agit de la privatisation croissante de la gestion et de l’exploitation de l’eau. Cela a une première conséquence : le coût doit être intégralement supporté par l’usager.
À La Réunion, la question de l’eau reste au cœur du débat. En effet, bien que notre île détienne de nombreux records du monde de pluviométrie, des milliers de Réunionnais restent confrontés à des coupures d’eau quasi-quotidiennes dans des communes pourtant bien arrosées. A chaque saison sèche, l’heure est aux restriction. Dans la commune la moins arrosée de l’île, Le Port, les coupures sont inconnues et le prix de l’eau (assainissement compris) est le moins élevé. Ce fait mérite réflexion.
La question du prix de l’eau amène également à s’interroger. Comment sur un aussi petit territoire peuvent coexister 24 prix différents ?
Le développement des intercommunalités devrait être un des moyens de diminuer ces inégalités. Les Communautés d’agglomérations peuvent en effet disposer d’un service commun d’assainissement. Dans ce cas, le prix de l’assainissement reporté sur chaque facture pourrait alors être le même pour tout le monde. Mais cela n’est pas le cas. Par ailleurs, la mise aux normes européennes des réseaux d’assainissement est évaluée à 800 millions d’euros à l’horizon 2020, selon la Direction régionale de l’environnement.
Il est également à noter que dans les données annuelles des Services publics d’alimentation en eau potable, publiées le 23 janvier dernier, la Direction de l’Agriculture et de la Forêt met en évidence une disparité dans les rendements des réseaux de distribution. Ils sont compris entre 34% à Salazie et 72% à l’Entre-Deux. Cela veut dire que pour 100 litres captés, souvent plus de la moitié se perd entre la source et le robinet. Or, dans le cadre d’une gestion mercantile de l’eau, cette perte est intégrée dans la facture de l’usager. Ce qui veut dire qu’il doit payer l’eau qui se perd dans les tuyaux. À La Réunion, le rendement moyen des réseaux dépasse à peine 56%. Tout comme dans l’assainissement, un rattrapage est d’autant plus nécessaire qu’une amélioration des rendements permettrait à l’usager de payer le juste prix.
Tous ces chantiers sont à mener dans la perspective d’un accroissement important de la population, avec le million d’habitants d’ici moins de 20 ans.
Cela explique pourquoi comme dans la plupart des régions les plus peuplées du monde, l’eau est une question au cœur des débats à La Réunion.

Manuel Marchal


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