L’Etat veut imposer l’incinération des déchets

9 juin 2010

L’Association de citoyens contre l’incinération des ordures ménagères à La Réunion (ACCIDOM REUNION) veut faire entendre son opposition aux projets d’incinérateurs mis en avant par le préfet. Elle met en avant le fait que les émissions dues à l’incinération des déchets ménagers, contribuent à l’effet de serre et que ces incinérateurs sont soumis à la Taxe Générale sur les Activités Polluantes, que bientôt elles seront aussi soumises à la taxe carbone. Toutes ses taxes sont souvent répercutées sur les collectivités et à la fin c’est le citoyen qui les paye…

« Le Préfet de La Réunion vient d’émettre un avis défavorable sur le PDEDMA (Plan D’Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés) que lui a soumis le Conseil général, collectivité compétente sur cette question. On se souvient peut-être que le 17 décembre 2009, le Comité de Pilotage en charge de ce dossier avait proposé de retenir parmi divers scenarii, le n°4 qui préconise "l’enfouissement des déchets après stabilisation" écartant ainsi le scénario incluant l’incinération. Nous avions dit, ce même 17 décembre, lors d’une conférence de presse tenue avec Noël Mamère qu’il s’agissait là d’une « pseudo solution », un scénario intenable qui préparait le terrain à une intervention de l’Etat soucieux de reprendre la main sur un dossier qui lui tient à cœur et pour lequel il souhaite depuis longtemps imposer aux Réunionnais la solution de l’incinération.
Le Préfet critique l’oubli pour le moins fâcheux du sort réservé aux boues des stations d’épuration et rejette avec raison le scénario 4 qui supposerait l’ouverture de trois nouvelles décharges, ce qui est contradictoire avec le Grenelle de l’environnement. Mais le Préfet ne se contente pas de pointer les carences du Plan, il insiste pour que le Département prenne en compte la filière de l’incinération arguant que le traitement des déchets permet une « valorisation énergétique », c’est à dire la production d’électricité.
Or, ce que ne dit pas le représentant de l’Etat, c’est que l’énergie produite par les incinérateurs et que les lobbies industriels présentent comme une "énergie verte", est en réalité, pour une bonne partie d’origine fossile du fait de la présence de nombreux plastiques produits à partir du pétrole. Quelle que soit l’utilisation de l’énergie produite à partir de l’incinération des déchets ménagers, les émissions contribuent à l’effet de serre. Donc non seulement sur le plan de la santé et de la viabilité des filières de tri et de recyclage, mais sur le plan général de la lutte contre le réchauffement climatique, les incinérateurs sont en contradiction totale, quoiqu’en dise M. le Préfet, avec les grandes orientations du Grenelle. Les 130 usines d’incinération françaises qui constituent le plus grand parc européen, rejettent annuellement 5 millions de tonnes de CO2 soit l’équivalent de 2,3 millions de voitures. Enfin, précisons que l’incinération des déchets ménagers est reconnue comme une activité fortement polluante puisqu’elle est soumise depuis la loi de finances 2009, à la TGAP, Taxe Générale sur les Activités Polluantes. Une taxe progressive qui renchérit la tonne incinérée de 1,5 à 7 euros puis 14 euros à partir de 2013. Pour garder leurs marges bénéficiaires, les exploitants répercutent la taxe sur les collectivités et in fine, ce sont les citoyens qui payent, d’autant plus que dans un proche avenir ces usines seront aussi soumises à une taxe carbone. Autant de raisons pour refuser de se laisser imposer par l’Etat une telle solution ».

Jean-Pierre Marchau, Porte Parole d’ACCIDOM REUNION


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