1er septembre 2018 : jour du dépassement

L’humanité vit à crédit : l’opposé du développement durable

1er août 2018, par Manuel Marchal

A compter de ce jour, l’humanité va vivre à crédit. En effet, au cours des 7 premiers mois de l’année, elle a utilisé toutes les ressources que la Terre peut produire en 12 mois. Cela signifie qu’il faut 1,7 Terre pour satisfaire les modes de production et de consommation. L’urgence d’aller vers une autre civilisation est plus que jamais d’actualité, car ce jour du dépassement intervient chaque année de plus en plus tôt.

La décision de privilégier le tout-automobile plutôt que la reconstruction du train à La Réunion accentue la contribution de notre île à la dette de l’humanité envers la nature.

Depuis aujourd’hui, l’humanité va vivre à crédit car en 7 mois, elle a utilisé l’équivalent des ressources que la Terre peut produire en une année. Un communiqué du WWF explique ce que signifie cette situation :

« A partir d’aujourd’hui, l’humanité vit donc à crédit, en empruntant des ressources naturelles à la Terre et aux générations futures. Nous savons qu’il n’est pas soutenable pour un ménage ou pour une entreprise de vivre à crédit, mais c’est exactement ce que nous faisons avec la planète, et les conséquences sont déjà visibles : déforestation, chute des stocks de poissons, sécheresses, manque d’eau, érosion des sols, perte de la biodiversité et dérèglement climatique.
Ce constat n’est toutefois pas une fatalité, nous pouvons inverser la tendance. Mais il est urgent que tous les acteurs s’engagent à mettre un terme à l’érosion du capital naturel et à revoir leurs modèles de développement qui exercent encore trop de pression sur les ressources naturelles.
Ce mercredi 1er août 2018, l’humanité aura consommé l’ensemble des ressources que la planète peut renouveler en un an. Cette date, calculée par le Global Footprint Network, représente donc l’Earth overshoot Day, ou Jour du dépassement de la Terre en français.
En seulement 7 mois, l’humanité a émis plus de carbone que ce que les océans et les forêts sont en mesure d’absorber chaque année, pêché plus de poissons, abattu plus d’arbres, fait plus de récoltes que ce que la Terre peut nous procurer en un an.
Alors que nos pressions sur les ressources ne cessent d’augmenter, la biocapacité de la Terre (la surface de zones terrestres et marines biologiquement productives), elle, se réduit progressivement au niveau mondial. En raison de ce décalage entre la demande et l’offre en ressources naturelles, il nous faudrait aujourd’hui l’équivalent de 1,7 Terre pour subvenir à nos besoins.
Si le Jour du dépassement arrive moins vite dans le calendrier depuis sept ans, il continue toutefois d’avancer, passant du 30 septembre en 1998, au 1er août cette année, la date la plus précoce jamais enregistrée. Cela est en partie lié à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, et donc de notre empreinte carbone, ainsi qu’à l’augmentation des surfaces en terres cultivées. »

C’est une nouvelle manifestation de la crise causée par le système qui domine la planète : le capitalisme. Aujourd’hui, il faut les ressources équivalentes à 1,7 Terre pour satisfaire la consommation de l’humanité. Cette tendance couvre de grandes disparités. Dans les pays occidentaux, ce sont plusieurs Terres qui sont nécessaires à soutenir les modes de production et de consommation, alors que pour la plus grande partie de la population du monde, c’est loin d’être le cas. Ce sont donc les responsables historiques de la crise environnementale qui sont toujours à l’avant-garde de l’accélération de ce phénomène.

Or, ce sont justement ceux qui consomment le moins qui sont les principales victimes de cette crise. Les pays en développement n’ont contribué que de manière marginale aux émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatiques, mais ce sont eux qui en subissent les dégâts les plus importants, faute de moyens de pour se protéger.
Le « jour du dépassement » pose donc également le problème des inégalités dans le monde. Il est un révélateur du mode de développement insoutenable qui s’est diffusé dans le monde. Sa venue toujours plus précoce chaque année rappelle que la nécessité de dépasser ce système est chaque année plus urgente.

M.M.

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  • Tout ça c’est très juste, hélas. Hélas les décideurs ne semblent pas avoir encore compris. Quelle date faudra-t-il atteindre pour qu’enfin, ils réalisent ? Le 1° Juillet, Juin, Mai, fête du travail, Avril mais ce ne sera pas un poisson, ça non mais plutôt un poison. En effet, lorsque la planète sera majoritairement bouzillée, il sera trop tard et je ne pense pas que les nantis penseront à partager le peu qui reste que ce soit en terme d’espace, de terre cultivalble, l’eau, d’énergie, de calme, bref, de solennité pour contempler le désastre. Catastrophe prévisible depuis longtemps. Tout ce système économique, finalement, risque fort de nous mener tous à une fin funeste. Les pauvres, ont dit que cela leur fera une belle jambe, ils sont habitués à vivre sans le sou, indépendants et débrouillards, comme à Madagascar et dans d’autres pays pauvres. Soit. Mais même s’ils ne sont pas responsables, ils subiront aussi les conséquences. On peut donc parler de double peine, la 1° étant due à leur manque de chance au départ, d’être nés sans les moyens pour se développer, se soigner plus tard, comme il se doit, c’est injuste. Arthur.


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