Changement climatique et biodiversité : vers un nouveau modèle de développement

L’intraculturalité : un message de bienvenue des Réunionnais

7 juillet 2008, par Manuel Marchal

C’est aujourd’hui que s’ouvre le Congrès “L’Union européenne et l’Outre-mer : stratégies face au changement climatique et la perte de la biodiversité”. Notre île est l’exemple vivant que la protection de la biodiversité ne peut se concevoir sans la diversité culturelle. Pendant cinq jours, les congressistes auront devant eux une préfiguration de ce que pourra être le monde : une société intraculturelle.

Pendant cinq jours, plus de 300 experts et décideurs politiques ont rendez-vous dans le pays qui a décidé d’appliquer l’autonomie énergétique pour 2025. Lancé par la Région en 1999, ce mot d’ordre est à l’origine d’une politique citée en exemple au plus haut niveau. Elle s’inscrit dans une bataille, celle menée par tous les pays insulaires pour gagner le pari du développement. C’est pour cette raison que les expériences menées à La Réunion dans ce domaine sont autant de contributions à cette lutte partagée.
Les pays insulaires sont en effet comme La Réunion confrontés au défi de l’aménagement, ou comment concilier sur un territoire limité les activités humaines et la protection d’une riche biodiversité. Les pays insulaires sont également concernés par les effets du réchauffement climatique. La globalisation des échanges fait entrer leurs économies par nature vulnérables dans un grand marché unique mondial.
Enfin, rares sont les îles qui ont à leur disposition des sources d’énergies fossiles. Cette contrainte devient un atout, car elle pousse tous ces pays à mettre en œuvre une politique inédite : le développement sans charbon, ni pétrole, ce qui passe par la réalisation de l’autonomie énergétique.

Lieu de rencontres des civilisations

Mais pour La Réunion, il est une spécificité qui la caractérise et qui est une préfiguration de ce que pourra être le monde : l’intraculturalité.
Lors de sa courte histoire, notre pays a connu la rencontre de 6 grandes civilisations. En à peine trois siècles, tous les représentants de ces différents peuples ont réussi à forger une langue commune. Et ils ont également créé des valeurs qui font partie de la tradition partagée par tous les Réunionnais : tolérance, respect, solidarité, capacité d’absorber sans être assimilé.
Sur la base de cette histoire, la société réunionnaise est intraculturelle. Car chaque Réunionnais porte en lui ces valeurs, issues des apports des civilisations d’Afrique, d’Asie et d’Europe. Et si on enlève à un Réunionnais sa part d’identité africaine, ou asiatique, ou européenne, alors il n’est plus lui-même. C’est dans ce sens que la société réunionnaise est allée au-delà de la juxtaposition des cultures, le peuple réunionnais a réussi à intégrer tous ces apports, pour former une société intraculturelle.
Lorsque l’on compare la croissance démographique des différents continents, on se rend compte de déséquilibre. Alors que la population de l’Europe va stagner, celle de l’Afrique va croître d’un milliard d’habitants au cours des 50 prochaines années. Quant au continent asiatique, il va poursuivre sa croissance démographique pour retrouver son “poids” d’avant la colonisation. D’ores et déjà, environ un être humain sur trois est chinois, ou indien.

Biodiversité et diversité culturelle

Ces déséquilibres ne pourront que favoriser de grandes migrations. Elles seront amplifiées par les conséquences du changement climatique qui touchent déjà des zones très densément peuplées dans les pays du Sud.
Il s’agira alors pour le monde de réussir à préserver sa cohésion dans de telles conditions.
La formation du peuple réunionnais est l’exemple vivant qu’il est possible de relever ce défi. Et dans le futur, la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise sera un levier (MCUR) pour mettre en valeur ce modèle réunionnais.
Pour cette raison, La Réunion a deux messages.
Premièrement, la protection de la biodiversité grâce à l’autonomie énergétique qui permet de garantir le progrès économique sans pollution.
Deuxièmement, la protection de la biodiversité et plus largement le développement durable ne se pense pas sans l’évolution vers l’intraculturalité. Cet outil de la cohésion sociale du monde de 2050 repose sur la promotion de la diversité culturelle, la tolérance, le respect et la solidarité.
C’est cette préfiguration qui est le message de bienvenue que les Réunionnais adressent à tous les congressistes.

Manuel Marchal

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