L’Afrique connaît sa pire sécheresse depuis 40 ans.

La Corne de l’Afrique manque dramatiquement d’eau

25 août 2022

Le nombre de personnes ne disposant pas d’un accès garanti à l’eau potable ne cesse d’augmenter de manière dramatique dans la Corne de l’Afrique en raison de la pire sécheresse que la région a connue en 40 ans.

Quelque 16,2 millions de personnes sont désormais confrontées à un manque d’eau en Éthiopie, au Kenya et en Somalie contre 9,5 millions il y a cinq mois, a indiqué le fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).

40 millions d’enfants sont exposés à un risque élevé de pénurie d’eau dans les pays sahéliens comme le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, le Niger et le Nigeria.

De plus, le nombre d’enfants qui meurent dans la région du Sahel après avoir consommé une eau impure et faute de moyens d’assainissement y est bien plus important par rapport aux autres régions du globe, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS),

Selon l’Unicef, plus de 2,8 millions d’enfants souffrent également de malnutrition sévère dans les deux régions. Ces enfants sont également 11 fois plus susceptibles de mourir de maladies liées à l’eau que les enfants bien nourris.

A l’heure ou les sources d’eau naturelles se tarissent, les prix de l’eau augmentent fortement, poursuit l’Unicef comme c’est le cas au Kenya (+400 %) et en Somalie (85 %) ou encore dans certaines régions d’Éthiopie où le prix de l’or bleu a doublé.

Outre cette région, l’OMS a récemment lancé un cri d’alarme concernant la situation humanitaire au Tigré, "la pire catastrophe dans le monde". Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus a reproché aux dirigeants des pays développés d’avoir négligé la crise dans cette région d’Éthiopie, qui fait face à un conflit meurtrier entre gouvernement et rebelles.

Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus a dénoncé une "cruauté inimaginable" infligée aux 6 millions de personnes vivant dans cette région du nord de l’Ethiopie dont les autorités sont en conflit avec le gouvernement fédéral.

Le conflit a débuté en novembre 2020 lorsque le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a lancé une opération militaire dans la région afin de renverser les autorités rebelles du Tigré issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Il les a accusé d’avoir attaqué des camps de l’armée fédérale.

Depuis le début du conflit, la région a subi des pénuries de produits alimentaires et l’accès à des services essentiels comme l’électricité, les télécommunications et les banques a été réduit, voire même coupé.

"Résultat : la population du Tigré est confrontée à de multiples épidémies de malaria, anthrax, choléra, diarrhées et autres" maladies, a déploré Tedros Adhanom Ghebreyesus, lui-même originaire du Tigré, lors d’une conférence de presse à Genève.

Cette situation d’une "cruauté inimaginable doit prendre fin. La seule solution est la paix", a souligné ce dernier, appelant le gouvernement éthiopien à résoudre le conflit "d’une manière pacifique".

Une accalmie et une trêve humanitaire ont été décrété à la fin du mois de mars, permettant la reprise des convois d’aide internationale vers le Tigré. Mais selon le chef de l’OMS, les produits alimentaires et les médicaments n’arrivent dans la région qu’au compte-goutte. "Les services essentiels doivent être rétablis pour restaurer la confiance en vue de négociations de paix", a-t-il estimé.

Ce dernier a également suggéré que la discrimination et le racisme pouvaient expliquer le fait que la situation au Tigré s’éternise dans l’indifférence, même s’il s’agit de "la pire crise humanitaire dans le monde".

"Peut-être que la raison est la couleur de la peau des Tigréens. Au cours des derniers mois je n’ai entendu nulle part un chef d’Etat évoquer la situation au Tigré, notamment dans le monde développé. Pourquoi ? Je pense que nous le savons".

"C’est la pire catastrophe dans le monde au moment où je vous parle (...) C’est la pure vérité", a-t-il souligné. D’ailleurs, la sécheresse qui affecte la Corne de l’Afrique aggrave la crise, a-t-il ajouté.


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