Un jeune couple enseveli par une coulée de boue à l’Etang-Salé

La crise du logement fait deux nouveaux morts à La Reunion

25 avril 2018

La Réunion a connu un drame hier. Deux personnes sont mortes ensevelies par une coulée de boue pendant le passage de la tempête Fakir, route de Maniron à l’Etang Salé. Ce drame n’est pas une catastrophe naturelle, c’est la conséquence de la crise du logement à La Réunion, qui fait que des milliers de Réunionnais soient obligés de vivre dans des habitats situés sur des zones à risque.

Franck et Maëva avaient 22 et 19 ans. Ce jeune couple vivait dans une maison à l’Etang Salé. Hier matin vers 8 heures 30, des voisins ont été alertés par un bruit important au plus fort du passage de la tempête. Ils ont alors découvert que la case des deux jeunes était en partie détruite, ensevelie sous un mètre de boue. Les deux jeunes ont été surpris par la soudaineté du glissement de terrain et n’ont pas pu s’échapper. Ils sont décédés.
Ce nouveau drame rappelle que face aux événements climatiques, une partie de la population est bien plus exposée que l’autre. Ce sont tous les Réunionnais qui n’ont pas la possibilité de vivre dans un logement sécurisé contre les intempéries. Les deux jeunes victimes de la tempête Fakir ne sont pas morts des suites d’une catastrophe naturelle. Ils ont perdu la vie parce que le système en place à La Réunion ne leur a pas garanti le logement auquel ils avaient droit.
Au lieu de cela, ils vivaient dans une maison particulièrement vulnérable à un glissement de terrain.

Des dizaines de milliers de Réunionnais concernés

Aujourd’hui, la Fondation Abbé Pierre présente les conclusions de son étude sur le mal-logement à La Réunion. Les années précédentes, elle avait souligné que des dizaines de milliers de familles vivent dans des logements insalubres dans notre île. Ceci a des répercussions importantes dans de nombreux domaines, notamment la santé.
Le drame d’hier met l’accent sur une autre conséquence du mal-logement : l’insécurité face aux événements climatiques.
Avec l’évolution liée au changement climatique, ces épisodes risquent de devenir plus extrêmes, ce qui aura des effets sur les fortes pluies. Nombreux sont encore les Réunionnais à vivre dans des maisons en bois sous tôle dans des secteurs à risque.
Il est donc grand temps que les pouvoirs publics consacrent les moyens nécessaires à la lutte contre le mal-logement. Cela suppose de revoir le système de construction de logements sociaux qui est bien loin de répondre aux besoins. Près de 30.000 familles sont en effet en attente d’un logement de ce type. Ce nombre ne diminue pas d’année en année, alors que les gouvernements qui se succèdent ont déjà changé à plusieurs reprises la réglementation pour remédier à ce problème. La dernière opération en date est le Plan logement lancé en 2015 par un Premier ministre venu à La Réunion. Les professionnels du BTP ont affiché leurs réserves face à ce énième plan qui n’arrive pas à améliorer la situation.

Propositions du PCR

Dans son document « Pour une nouvelle politique à La Réunion : 25 propositions du PCR », le Parti communiste réunionnais avance quelques pistes pour relever le défi :
« Augmenter la Ligne Budgétaire Unique (LBU) et le FRAFU (voir plus loin le Fonds régional de développement durable)
Réaliser une programmation pluriannuelle de logements sociaux
Recourir à des appels à projets pour les constructions innovantes, écologiques et économiques ; mobiliser les terrains inutilisés des collectivités et autres ; taxer les plus-values foncières. Faire appel à l’auto-construction (valoriser l’expérience réunionnaise) »
Des propositions qui font partie de celle qui sont versées au débat pour qu’il soit possible de construire un projet réunionnais de développement.

M.M.

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