La filière abeille doit s’organiser

23 octobre 2008

Martial Saddier vient de remettre un rapport au Premier ministre. Ce rapport, présenté le 10 octobre dernier, met en exergue la forte mortalité des abeilles domestiques et sauvages, phénomène observé à l’échelle mondiale. Cela implique des conséquences pour la filière apicole. Le député préconise la création d’un institut technique et scientifique de l’abeille.

« La mortalité particulièrement élevée des abeilles et des pollinisateurs sauvages est observée depuis plusieurs années. Même si ce phénomène est identifié depuis 1947, l’intensité, la généralisation du phénomène à l’ensemble de la planète et sa forte augmentation depuis une quinzaine d’années ont conduit les travaux du Grenelle de l’Environnement à préconiser un plan national afin de lutter contre ce phénomène » rappelle le rapport. Le Premier Ministre François Fillon a confié à Martial Saddier, Député de la Haute-Savoie, ancien cadre supérieur de la Chambre d’Agriculture de Haute-Savoie, une mission de six mois en vue d’analyser la situation et de proposer un programme d’actions pluriannuelles. Le constat concernant la surmortalité des insectes pollinisateurs en général, et des abeilles en particulier n’est pas contestable. On parle communément de mortalité annuelle de 30 à 40% avec des exemples quotidiens de destruction totale du cheptel. Ce phénomène est clairement observé dans l’ensemble des grands pays producteurs de miel. Les préconisations du rapport s’inscrivent donc clairement dans une réponse à l’échelle de notre pays, mais tout naturellement européenne et mondiale, notamment concernant la recherche, le développement, la production de patrimoine génétique et le contrôle parasitaire.

Structurer la filière !

« L’apiculture est à chaque fois une passion, mais pour certains un loisir, d’autres un métier. Il y a donc lieu d’organiser de toute urgence une filière abeille ou apicole, en réaffirmant l’abeille comme une nouvelle filière animale ; pour ce faire, la déclaration annuelle des ruches devra être obligatoire à compter du 1er janvier 2010 » préconise le rapport. Cela devrait selon le rapporteur faciliter la création d’une interprofession « apicole, lieu d’échanges, d’écoute, de dialogue et de propositions entre l’ensemble des acteurs de cette filière ainsi que des pouvoirs publics nationaux et internationaux ». En clair, il importait de savoir qui pratique l’apiculture par loisir, et qui en a fait un métier, de définir un statut pour l’apiculteur. Face à la mortalité des abeilles, la recherche doit être aussi une des priorités. Dans l’attente de la mise en place effective de l’interprofession, ce Comité opérationnel aura pour mission de favoriser la mise en place d’un "Institut technique et scientifique de l’abeille".


Proposition pour organiser la filière

Il conviendra d’organiser la représentation de la filière ; le rapport fait un certain nombre de propositions en ce sens : les questions relatives à l’indépendance scientifique et technique, ainsi qu’à la place du syndicalisme doivent être débattues.
Les principales thématiques développées pourraient être les suivantes :

- Cibler les principales maladies connues : Varroase, Nosemose, Viroses...
Définir les programmes de recherche public/privé afin d’organiser la prévention et la lutte contre ces ravageurs. "Le Varroa" doit devenir une priorité.

- La protection des végétaux : intensifier la recherche en matière de toxicité des molécules. Harmonisation des protocoles d’évaluation et risque pour les pollinisateurs (Directive 91414).

- La protection des pollinisateurs (abeilles) : intensifier la recherche en matière de procédés biologiques. Effectuer un screening des molécules connues contre les principaux pathogènes. Confirmer ou non les éventuelles suspicions de résistance.

- Mise en place d’un protocole d’expertises en cas d’intoxication et conforter le réseau d’agents sanitaires.

- Elaboration d’un guide des bonnes pratiques apicoles, aussi bien à destination des agriculteurs que des apiculteurs.

- Formation : mise en place d’un BTS ACSE option apicole.

- Mise en place d’un véritable système assurantiel pour la perte des ruches. Si les problèmes parasitoïdes et phytosanitaires ainsi que l’absence d’organisation de la filière sont les problèmes les plus importants, il reste néanmoins de nombreux autres sujets non négligeables qui peuvent, dans une approche multifactorielle, abaisser sensiblement la mortalité des pollinisateurs.

- La monoculture, les remembrements, la suppression de sites d’habitat (haies), la capacité mellifère des plantes, la ressource en eau et protéiques, le réchauffement climatique méritent une attention particulière et devront faire l’objet d’études approfondies et /ou de propositions (ex : jachère apicole). La sécurité sanitaire, la lutte contre les espèces invasives nécessitent la mise en place de toute urgence d’une filière de production de reines afin d’assurer le renouvellement du cheptel et de limiter le risque d’importation d’espèce invasives. Cette mesure est à lier à l’identification des principaux parasites potentiels ennemis de l’abeille et des pollinisateurs sauvages susceptibles d’apparaître dans notre pays. Un système de veille sanitaire doit accompagner la restructuration de la filière.

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