La maîtrise de l’énergie : une mutation profonde des pratiques professionnelles

4 septembre 2009, par Sophie Périabe

La Maîtrise de l’énergie (MDE), premier pas vers la réduction de la consommation, est avant tout une révolution culturelle et comportementale. Cette dernière concernera les modes de consommation à titre privé, mais elle sera transversale à l’ensemble des secteurs d’activité. Cette modification des modes de penser générera, d’une part, une transformation de métiers exercés jusque-là de façon traditionnelle (besoin en compétences complémentaires) et, d’autre part, de nouveaux métiers tels que conseiller en mobilité, conseiller en énergie, animateur énergie dans l’industrie, gestionnaire de flux…). Les activités les plus concernées pourraient être les bâtiments du tertiaire, hospitaliers, l’industrie et les transports. À horizon 2015, une centaine d’emplois pourraient être créés à La Réunion.

Actuellement, selon l’ADEME (2006), il y a environ 50 emplois directement impliqués dans le domaine de la maîtrise de l’énergie (MDE) et notamment à l’ARER, à l’ADEME, sur des activités de sensibilisation, de formation, d’accompagnement des porteurs de projets et de coordination de la recherche et développement ; mais aussi au sein de quelques entreprises. Par exemple, la mise en place des Plans de déplacement entreprise (PDE) concerne des entreprises comme La Poste, la CINOR, et deux bureaux d’études qui les accompagnent.

La très grande majorité des impacts de la MDE sera liée à la “mutation” de compétences professionnelles d’un métier exercé de façon traditionnelle vers un métier dont la culture évolue en intégrant la “logique MDE” et qui pratique de nouvelles technologies, de nouveaux matériaux et donc de nouvelles techniques de travail. Ce besoin nécessitera de mettre en œuvre de nouveaux programmes de formation.

Des mutations dans toutes les fonctions du bâtiment

La MDE modifie qualitativement l’ensemble des fonctions et métiers du BTP notamment. Ce besoin en compétences complémentaires, en formation initiale ou continue, touche tous les niveaux de formation (niveau V à I) et toutes les fonctions (du décideur à l’utilisateur). Certaines fonctions souffrent d’un manque de professionnels.

Le besoin d’ingénieurs se fait particulièrement ressentir dans le domaine de la conception, du suivi et du montage d’opérations. Les conducteurs de travaux et les chefs de chantier n’ont pas la compétence second œuvre et des besoins en compétences existent à ce niveau, tout autant que sur les nouveaux matériaux et nouvelles technologies liées à la MDE. Les entreprises réunionnaises n’ont généralement pas ces compétences en interne du fait de leur taille et de celle du marché. Pourtant, c’est à ce niveau que s’applique le mieux le concept de MDE : isolation, matériaux “intelligents”…

Au sein des bureaux d’études, on peut remarquer que les chargés d’études manquent régulièrement d’expériences de terrain, ne permettant pas un suivi opérationnel réellement efficace (repérage de malfaçons, de dimensionnements incorrects, de matériaux inappropriés…).
Du point de vue de la formation, il est primordial de mobiliser prioritairement les décideurs. L’accélération du déploiement de la MDE sera impulsée par les décideurs. Cela nécessite de les impliquer, sensibiliser et former prioritairement. D’autre part, selon les experts, les formations dispensées dans le cadre de la MDE devront être “multi-technologies” afin de répondre à l’ensemble de la demande.

L’industrie : un domaine très sensible à la hausse du coût de l’énergie

Le domaine industriel est actuellement le plus sensible à la hausse du coût de l’énergie et notamment l’Industrie agro-alimentaire (IAA). En effet, il est utilisateur de technologie de refroidissement (climatisation, réfrigération, conditionnement d’air…), tout comme le secteur de la pêche : la réfrigération en chambres froides, sur le bateau et sur les quais, puis tout au long de la chaîne du froid.

À La Réunion, les besoins quantitatifs en superviseur énergie pourraient être significatifs. En effet, notre île compte près de 600 entreprises de plus de 50 personnes au 31/12/2005 et 24 collectivités. Celles qui consomment a minima 6 GWh par an pourraient rentabiliser l’intégration d’un auditeur/superviseur énergétique. Une Licence Pro “Process industriel et MDE” portant sur tous les domaines des processus industriels (moteurs, froid industriel, thermique) pourrait compléter cette offre.

Afin de consolider la filière, il est nécessaire de former des professionnels capables d’intervenir sur tous les chantiers MDE et EnR (énergies renouvelables), quelle que soit la technologie mise en place (éolien, photovoltaïque, solaire thermique…). Du fait des différentes technologies, de leurs contraintes et spécificités et en réponse aux besoins de polyvalence des entreprises du secteur, de telles formations pourraient concerner plusieurs corps de métiers et plusieurs niveaux.

S.P.
(Avec le cahier de l’OREF – Hors-série "Activités, Emplois, Métiers et Qualifications dans le domaine de la Maîtrise de l’énergie et des Énergies renouvelables" Mars 2009)


Zoom sur :
Le métier de Conseiller en mobilité : rationaliser ses modes de déplacement

Au sein d’une Autorité organisatrice des transports urbains (AOTU) :
• Rôle : accompagner les collectivités, décideurs et usagers dans la définition et la mise en œuvre des politiques de déplacement.

• Objectifs :
rationaliser les modes de déplacement pour limiter la consommation d’énergie qui y est associée.

• Descriptif du poste
– Optimise l’usage des transports alternatifs à la voiture individuelle, apporte des informations et des méthodes permettant aux usagers ciblés (particuliers, entreprises…) de rationaliser leurs choix en matière de déplacements du fait des données socio-économiques et environnementales.
Il vise à la mise en place et à la pérennisation des Plans de déplacement entreprise (PDE).
– Négocie, anime les réflexions et concertations dans le cadre de l’élaboration des Plans de déplacement urbain (PDU) ou scolaires (PDS).

Energies renouvelables

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