Séminaire “Aménagement du territoire et politique foncière”

La maîtrise foncière, un enjeu crucial

3 juin 2005

Ouverture du séminaire sur la politique foncière, hier, à l’Hôtel de Région. Un débat s’ouvre sur l’aménagement d’un territoire en devenir, une terre aux mille défis. Celui-là n’est pas le moindre : comment mettre en œuvre une politique foncière efficace, pour aménager stratégiquement le territoire réunionnais.

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Tous les participants attendent beaucoup de ce séminaire. Pour la rencontre des idées, parfois divergentes ; pour la mise en place d’une politique foncière, commune, cohérente, raisonnée ; pour anticiper les grands défis de demain. 2020 et son horizon. Son million d’habitants, et tout ce que cela implique. "Le séminaire doit ouvrir des pistes". Philippe Berne, vice-président de la Région, délégué à la Recherche et à l’Aménagement, entend par ailleurs "renforcer l’action des outils" permettant l’acquisition foncière. Pour l’heure, il faut savoir comment agir, en ayant "une vision raisonnée du territoire", recommande Daniel Gonthier, qui représentait le Département. Il déclarait que "l’aménagement du territoire constitue l’une des problématiques majeures que les collectivités publiques aient à résoudre afin de préparer l’avenir de nos concitoyens. L’insularité rend ce défi encore plus crucial pour La Réunion. L’espace - de plus en plus en rare - voit se confronter des enjeux plus fondamentaux les uns que les autres : l’agriculture, le logement, l’économie, les espaces naturels, les déplacements, les équipements". "Comment mettre en œuvre une véritable politique foncière pour aménager notre territoire ?", demande Stéphane Fouassin. Président de l’Établissement public foncier de La Réunion (EPFR), il entend lutter contre "l’urbanisation anarchique qui rognerait sur les bonnes terres agricoles", convaincu que "cela passe par une politique foncière volontariste". La densification en centre-ville paraît une solution envisageable, mais se pose après le problème de la sécurité. Mais bon...

L’État s’interroge

La Réunion doit prendre conscience Franck-Olivier Lachaud, secrétaire général de la Préfecture de La Réunion, intervenait quant à lui sur les problèmes liés à l’espace réunionnais, qui ne dispose - rappelons-le - que de 250.000 hectares. "Nous devons construire, ou reconstruire, entre 156.000 et 170.000 logements d’ici 2020", note un document de présentation. 7050 hectares de foncier sont nécessaires pour cela, alors que le stock foncier disponible aujourd’hui représente à peu près 1100 hectares. Les réserves foncières urbanisables s’épuisent. Les terrains se vendent au prix fort. La surface agricole utile baisse, alors que les agriculteurs ont montré leur capacité à augmenter leur production. Il existe des terres fertiles encore inexploitables, non-valorisées. Et l’activité économique réunionnaise ne se limite pas à son agriculture, il faut aussi encourager les initiatives économiques, notamment touristiques, qui nécessitent une implantation sur un terrain. La question de la préservation des espaces naturels reste primordiale. La Réunion doit savoir protéger ses atouts, sa richesse verte, sa nature. Toutefois, le logement reste au cœur du débat, bien que les séminaristes préfèrent ne pas se concentrer sur ce seul problème. Franck-Olivier Lachaud indique cependant que 25.158 familles sont en attente d’un logement digne. "C’est le chiffre le plus élevé depuis plusieurs années", souligne-t-il. Et de poursuivre : "nous ne pouvons plus nous satisfaire de demi-mesure ou de demi résultat". Mais, quelle ressource financière serait nécessaire pour mettre en place cette politique volontariste ?

Séance plénière de clôture aujourd’hui

Trois grands témoins, ainsi que Mme Wathier, représentante du Ministère de l’Outre-Mer, étaient en effet présents pour ce grand débat. Emmanuelle Durandau, architecte urbaniste de l’État, par ailleurs directeur de projet à la délégation à l’action foncière ; Joseph Comby, directeur de l’association des études foncières (ADEF) et professeur associé à l’Institut d’urbanisme de Paris ; ainsi que Philippe Anquetil, ingénieur-conseil indépendant, ex-directeur de l’EPF de Basse Seine sont intervenus pour donner un cadre générale, et disons-le, technique à ce débat. Nous devrions profiter prochainement de la restitution complète de leurs exposés. Ils seront également présents lors des quatre ateliers (voir notre édition de mercredi 1er juin) . L’animation des ateliers est assurée par des journalistes, sélectionnés dans les deux premières télévisions réunionnaises. Un peu d’originalité ne fait pas de mal. Aujourd’hui, pour la deuxième journée de séance - nous rappelons que tout Réunionnais peut assister à ce séminaire - l’aménagement des hauts est à l’honneur, ainsi que la politique du logement. La séance débute à 9 heures, au Conseil général. À 14 heures, une synthèse des ateliers sera restituée lors de la séance plénière de clôture, tandis que sera ouvert un débat à l’issue de chaque présentation, avec la participation des grands témoins, et des représentants des collectivités locales, des maires et des groupements de communes.

Bbj


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