Réunion pour décarboner le très polluant secteur de la navigation marchande

La question de la pollution des navires marchands posée à Londres

1er juillet 2023

L’Organisation maritime internationale (OMI) va se réunir pour décarboner le très polluant secteur de la navigation marchande, afin de mettre en place une taxe carbone et d’ambitieux objectifs de réduction des émissions de CO2.

« Ce serait une avancée nécessaire pour l’humanité si l’OMI agit de manière responsable et (...) adopte une cible de zéro émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, avec des cibles intermédiaires pour 2030 et 2040 » qui soient mesurables, a indiqué Nicolas Entrup, directeur de l’organisation de protection des fonds marins OceanCare dans un communiqué.

Plusieurs groupes de pays aux objectifs opposés vont devoir se mettre d’accord, lors de cette réunion de la Commission de protection de l’environnement marin (MEPC) de l’OMI, à Londres du 3 au 9 juillet.

Les pays vulnérables au changement climatique et à la montée des eaux, comme les îles-États du Pacifique, veulent des avancées rapides dans ce secteur très polluant. « La crise climatique est une menace existentielle pour les îles-États du Pacifique », a souligné Michael Prehn, délégué à l’OMI pour les îles Salomon.

Selon des transcriptions des débats lors de discussions techniques préalables, lus par l’Agence France Presse, les géants exportateurs comme le Brésil ou la Chine, s’opposent à l’idée d’une taxe sur la navigation marchande. Le transport maritime est responsable de 3% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, soit à peu près autant que l’aérien.

En 2018, l’OMI a donné aux transporteurs l’objectif de réduire leurs émissions de CO2 de 50% en 2050 par rapport à 2008. Un taux considéré comme insuffisant alors que de nombreux secteurs, à commencer par l’aérien, visent le zéro émission nette à la même échéance.

45 pays, dont les 27 pays de l’Union européenne, les États-Unis ou le Royaume-Uni, ainsi que les Fiji, les Iles Marshall ou la Norvège, veulent un objectif de neutralité carbone pour le secteur d’ici 2050, d’après une source assistant aux discussions préliminaires.

L’Union européenne va proposer l’objectif de zéro émission nette en 2050 avec deux objectifs intermédiaires : réduction de 29% en 2030 et 83% en 2040.

Cependant, certains pays comme l’Argentine ou l’Arabie saoudite freinent toujours tandis que d’autres comme les Émirats arabes unis ont finit par se rallier à l’idée de neutralité carbone en 2050.

Des pays comme les États-Unis, le Canada, les Iles Marshall ou Salomon, veulent aller plus loin avec une réduction de 96% d’ici 2040. Les ONG écologistes, de leur côté demandent une baisse de 50% d’ici 2030 et la neutralité carbone d’ici 2040.

Tristan Smith, professeur à l’université londonienne UCL, a expliqué à l’AFP que le secteur du transport maritime a les moyens de financer cette transition, grâce à leurs profits records, dopés par la reprise mondiale post-pandémie. D’autant que la très grande majorité des 100.000 navires de fret, qui transportent 90% des marchandises dans le monde, sont propulsés par du fioul lourd.

D’autres espèrent également la mise en place d’une taxe carbone sectorielle. Les îles Marshall et les îles Salomon, qui militent pour cette taxe depuis dix ans, proposent un tarif à 100 dollars la tonne de carbone. Soit 300 à 400 dollars pour une tonne de fioul lourd.

Cette taxe pourrait générer entre 60 et 80 milliards de dollars (55 à 74 milliards d’euros) de recettes par an selon la Banque Mondiale. Cette somme pourrait alors être allouées aux pays émergents pour financer leur transition et leur adaptation au changement climatique.

D’après la source de l’AFP qui suit les discussions à l’OMI, malgré un large soutien pour une taxe carbone, un groupe de pays mené par la Chine et comprenant aussi notamment Brésil, Argentine, Pérou, Afrique du Sud, Australie, s’y oppose.

Le Brésil a assuré qu’une taxe carbone pourrait nuire à la sécurité alimentaire ou pénaliser la croissance des pays en développement, selon la position communiquée à l’OMI et obtenue par l’AFP.

La Chine, de son côté, indique dans sa position écrite que « les pays ne doivent pas transférer la responsabilité de la réduction de leurs émissions nationales à l’industrie du fret internationale ».


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus