C’est le Président de l’ONERC (Observatoire National sur les Effets du réchauffement Climatique) mais aussi le Président du Conseil régional, Paul Vergès, qui a reçu la presse hier pour présenter le colloque qui se tiendra du 11 au 13 décembre 2006 à Fort de France en Martinique, sous le haut patronage du Président de la République Jacques Chirac.
Cette démarche est née à Marseille lors d’une conférence initiée par Michel Vauzelle, Président du Conseil régional de PACA, et des représentants d’une partie des pays du bassin méditerranéen, pour se pencher sur le réchauffement climatique et plus précisément sur ses conséquences environnementales. Claude Lise, Sénateur et Président du Conseil général de Martinique, rencontre Paul Vergès, Président de l’ONERC, et l’invite à réaliser une conférence dans la Caraïbe.
En effet, ce qu’il faut savoir c’est que le réchauffement climatique, qui n’est désormais contesté que par quelques marginaux, dinosaures de l’ère post-écolo, est un des défis majeurs qui attendent les humains dans les siècles à venir. L’humanité ne reçoit pas malheureusement en partage équitable ce qui est nécessaire à son épanouissement. Il en est de même pour les choses et les situations qui fondent la biodiversité et notre atmosphère terrestre, rien n’est égal.
Notre planète ne ressent pas de façon uniforme les graves dérèglements climatiques. C’est dans l’hémisphère Nord où se concentrent le plus de rejets nocifs dans l’atmosphère que sont perçus le plus fortement ces dérèglements.
Si nous pouvions diviser notre Terre en 2 comme une orange, nous serions tentés de dire que les catastrophes annoncées à cause de la très forte concentration d’industries dans l’hémisphère Nord ne nous concerneront que de manières extrêmement limitées. Mais il faut comprendre que le grand mystère de la vie, qui n’est que très partiellement connu, peut nous porter à croire qu’il y a, par ricochet, un retour des catastrophes sur chacun des 2 hémisphères. La mondialisation et tous les grands enjeux économiques ne nous permettent pas d’ignorer la moitié de l’autre.

D’une Île à l’autre, d’un monde à l’autre !

Parfois, on pourrait penser que certains voudraient laisser notre île enclavée et sans vision. Les politiques qui n’ont pas compris l’intérêt pour La Réunion de porter une idée, parfois même une somme de connaissances et de savoir-faire au Monde, pourraient nous dévaluer par rapport aux autres. Entendons-nous bien, ce n’est pas nous qui allons sauver notre pauvre planète, mais nous devons montrer aux autres que c’est possible. C’est avec fierté que nous devrions voir l’intérêt que l’on nous porte. N’oublions pas que dans la lutte pour l’énergie propre, notre île est dans le peloton de tête des départements français, elle est même le territoire de notre République le mieux doté en chauffe-eau solaires. Pour certains, c’est dérisoire, pour notre biodiversité, c’est énorme.
C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la mission que Paul Vergès va mener en Martinique. Non seulement comme Président de l’ONERC, mais aussi comme Président du Conseil régional. N’en déplaise à certains esprits chagrins, ce n’est pas en se repliant sur lui-même que notre département avance, mais en allant à l’autre. Notre île, concentrée de biodiversités, peut sembler bien petite à certains, mais lorsque que l’on veut se pencher sur les valeurs qu’elle exporte, on peut s’apercevoir que notre population peut sans aucun sentiment chauvin donner un exemple.

La Caraïbe en danger

Ce colloque intitulé "La Caraïbe en danger", que le Président de la Région Réunion porte depuis plus d’un an, n’est pas une énième conférence sur le climat, mais il préfigure la réflexion que chacun devra avoir dans les années à venir, et c’est en cela qu’il est important. M. Vergès ne souhaite pas que notre île soit minimisée, bien au contraire, c’est un grand plus pour notre région. C’est pas moins de 300 personnes qui vont se pencher sur le sort qui est fait à notre planète. De grands climatologues américains ainsi que tout ce que les petites et grandes Antilles comptent de spécialistes et de ministres vont se réunir pendant ces quelques jours, et c’est La Réunion qui va être le fil conducteur de cette grande manifestation.
Depuis le drame provoqué par le cyclone Katrina, bon nombre de pays du golfe du Mexique se posent des questions. Le Venezuela veut s’impliquer contre le réchauffement, c’est pourquoi une délégation de ce pays d’Amérique latine sera présente, notamment son Ministre de l’Environnement. Il sera très intéressant d’assister à ce duel à distance entre l’administration Bush et cette Amérique latine qui, en se gauchisant, vient dialoguer avec tous ces pays qui craignent de plus en plus l’inéducable changement climatique.
Mais au-dessus de tout, il faut bien se dire que c’est une nouvelle fois notre région qui va être mise en valeur. « Ce que nous faisons pour notre île, nous le faisons aux autres », c’est ce message qu’il faudra sans doute retenir du colloque à venir. Rappelons-nous que l’idée selon laquelle le bruissement d’une aile de papillon est le début d’une réaction en chaîne qui provoque à l’autre bout de la planète un cyclone n’est pas qu’une image, elle peut être réalisée. Pourquoi ne serions-nous pas ici à La Réunion le bruissement d’aile du papillon qui ferait évoluer les mentalités ?

Philippe Tesseron
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