Conséquence d’un événement climatique

La sécheresse fait flamber les prix

14 août 2012, par Céline Tabou

Deux tiers du monde subissent une sécheresse sans précédent depuis cinquante ans. Celle-ci entraine une hausse des prix des céréales, notamment du maïs, du soja et du blé. De plus, la perte d’un sixième des récoltes de maïs aux États-Unis fait craindre une crise alimentaire comparable à celle vécue en 2007-2008.

Premier exportateur mondial de produits agricoles, les États-Unis ont connu le plus chaud mois de juillet depuis le début des relevés météorologiques en 1895. Selon un rapport de l’Usda (département de l’Agriculture des États-Unis), un sixième de la récolte de maïs des États-Unis a été « perdu » ou du moins retranché des estimations de récolte d’un mois sur l’autre. D’après les estimations, les récoltes américaines ne devraient pas rapporter plus de 274 millions de tonnes de maïs cette année, soit la plus faible récolte depuis six ans.

Des cours au plus bas

Même cas de figure en Inde, où la sécheresse pourrait également entraîner une envolée des prix des denrées agricoles sur les marchés mondiaux, car le pays est le plus gros producteur de graines légumineuses au monde et le deuxième plus gros producteur de riz, de sucre et de thé.

Selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation), « les cours internationaux du blé ont également subi une envolée de 19%, en juillet », soit une chute de 2,5 millions de tonnes de la production de blé, à cause de la sécheresse de ce printemps en Russie. Le pays produit le quart des exportations mondiales de blé et ne devrait produire que 43 millions de tonnes pour la période 2012-2013, contre 56 millions lors de la période précédente.

Seuls les cours internationaux du riz sont restés stables en juillet, l’Indice FAO indique un niveau à 238, soit à peine un point de plus qu’en juin. Toutefois, le cours du sucre enregistre une forte hausse en juillet, avec près de 12%, soit en progression de 34 points par rapport à juin. Cela est dû en partie aux aléas climatiques au Brésil, principal exportateur de sucre, mais aussi en Inde et en Australie, qui ont subi inondations et sécheresse.

Baisse du niveau des stocks

Les perspectives pour le soja sont similaires aux autres, car les États-Unis ont abaissé leurs prévisions de récolte de 12%. Cette annonce fait craindre une chute des stocks de soja à son plus bas niveau depuis plus de trente ans. Les États-Unis représentent 43% des exportations mondiales de soja et 42% de celles de maïs. Les annonces faites par l’Usda laissent entendre des pénuries que la FAO a relayées en indiquant la hausse de 6% en juillet des prix alimentaires mondiaux.

Face à la possible pénurie alimentaire et la hausse des prix des céréales liées à la sécheresse, la France et les États-Unis se sont accordés pour réunir un Forum de réaction rapide du G20. Inquiets de l’ampleur de la situation, les deux pays rappellent les engagements pris lors du G20 en matière agricole, en particulier la nécessité de ne pas prendre de mesures susceptibles d’amplifier les déséquilibres entre l’offre et la demande, conclut le communiqué.

CT

L’Inde sans mousson

La faible pluviométrie dans le pays pourrait entrainer une sécheresse catastrophique pour des centaines de millions de paysans. Chaque année, la mousson arrose le Sud de l’Inde au début du mois de juin avant de traverser tout le pays, permettant ainsi à 1,2 milliard d’Indiens qui vivent de l’agriculture de pouvoir survivre. Depuis le début de l’année, les pluies ont été si faibles que de nombreux paysans ont décidé de ne pas semer.

« Quel est l’intérêt de semer si l’on sait qu’il n’y aura pas d’eau pour irriguer les récoltes ? Je ne peux pas me permettre de perdre mes semences, ni mon argent », a déclaré au journal “Le Monde” un paysan du village de Kherikhummar, dans l’État de l’Haryana, dans le Nord du sous-continent indien. Ce dernier récolte généralement du maïs, du millet, du sésame et du blé.

Plusieurs États d’Inde comme le Pendjab, l’Haryana, le Maharashtra et le Gujarat sont touchés par la sécheresse. Tout le pays subit un déficit pluviométrique de 20% par rapport à la moyenne. Cette situation aura des conséquences sur l’économie nationale. Le secteur agricole a enregistré son plus faible rythme de croissance en neuf ans au premier trimestre, a indiqué l’“Agence France Presse” le 6 août 2012.

Selon des données recueillies en 2010 par l’Université agricole de l’Haryana, plus de 30% des terres arables de la région n’ont pas d’accès direct à l’irrigation. Dans un tel contexte, les paysans attendent la pluie avec impatience. Bien que le gouvernement n’ait pas encore déclaré l’état de sécheresse dans tout le pays, les autorités ont offert une aide financière de 19 milliards de roupies (277 millions d’euros) à 10 millions de paysans. Ces dernières ont également assurer des fourrages suffisants pour le bétail ainsi qu’une quantité adéquate d’eau potable dans les réservoirs. « Tous les ans, l’Inde joue à la roulette russe avec la nature. Il semble que les Indiens vont perdre au jeu cette année », pronostique Ram Kumar, professeur à l’Université agricole de l’Haryana, dans “Le Monde”. D’où, selon d’autres scientifiques, la nécessité de l’adaptation à ce type de catastrophe naturelle, qui pourrait sévir plus durement dans les années à venir, suite aux changements climatiques.

Céline Tabou
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