Pierrefonds

La Star : de la graisse jusqu’au cou

27 novembre 2006

La semaine dernière, des habitants de Pierrefonds ont alerté les autorités sur la présence, selon eux, d’une décharge sauvage : une plainte a d’ailleurs été déposée à la Police de Saint-Pierre.
Le site en question est loué par la Star, filiale du Groupe Suez, dont les 2 filiales, Sovidenge et Vidange Réunion, sont chargées de récupérer les huiles usagées auprès des restaurateurs, cantines, industriels, etc... de la région Sud. Nous avons donc cherché à joindre le directeur industriel de la Star afin de savoir ce qu’il en était. D’après le directeur industriel, Philippe Salmon, ce site servait de transit pour les bennes depuis 1999. Les bennes étaient donc entreposées sur ce site avant d’être acheminées vers les stations d’épuration. Depuis 2 ans, toujours selon Philippe Salmon, la Star était confrontée à une nouvelle problématique concernant le traitement des graisses dans le Sud. D’un côté, les stations d’épuration sont saturées et de l’autre, la quantité d’huiles usagées ne cesse d’augmenter. Face aux pressions quotidiennes des restaurateurs, cantines..., pour trouver une solution afin de continuer à vider leur bacs à graisse de façon réglementaire : la Star a étudié 2 voies :
- Première solution : l’empattage. Cela consiste à mélanger les graisses avec de la sciure de bois. Ce mélange est ensuite acheminé vers des centrales thermiques afin d’être revalorisé et ainsi produire de l’électricité. Ce projet n’a malheureusement pas abouti car difficile à mettre en œuvre.
- La deuxième solution consistait à mélanger les graisses avec un support neutre : la terre, issue de chantiers ou autres. Une fois la graisse mélangée à la terre (ce qui ne se faisait pas du jour au lendemain), les eaux étaient récupérées dans une sorte de fosse septique, et le matériau obtenu du mélange est évacué vers la Rivière Saint-Étienne. « Donc, il y a une traçabilité du produit, c’est une filière réglementaire », insiste le directeur de la Star. Ce dernier poursuit : « Face aux pressions quotidiennes, nous avons été dépassés et nous avons commencé à faire ce pilote pour mélanger les graisses à la terre » sans attendre la classification du site en ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement). Et c’est là que la Star reconnaît ses torts.

“Anguille sous roche”

Concernant l’étanchéité de la dalle en béton de la “fosse septique”, « qui prouve que la dalle n’est pas étanche ? Pour nous, cette dalle est en bonne et due forme. Et si cette nappe phréatique est si vulnérable, pourquoi y a-t-il une porcherie à 100 mètres ? », demande le directeur. Pour l’instant, la Star a cessé son activité, mais veut rassurer les industriels qu’« on ne laissera pas les industriels dans le fénoir ». La filiale de Suez a fait appel à un cabinet spécialisé extérieur de renom afin de déterminer s’il y a pollution ou non et travaillera en collaboration avec la DRIRE pour remettre les choses dans l’ordre...
Comment se fait-il qu’une entreprise comme la Star puisse être “dépassée” par les évènements ? Selon son directeur industriel, il faudrait une filière avec des installations spécifiques, et ce dernier pointe les politiques du doigt en disant qu’il faut arrêter de faire croire aux gens qu’il n’existe pas de problèmes concernant les traitements des graisses dans le Sud. Mais en même temps, lorsqu’on prend en charge de traiter ce genre de déchets, ne doit-on pas savoir ce qu’on en fait ? Dans l’hypothèse où le volume des déchets augmente, ne doit-on pas prévoir des solutions ?
Du côté de la DRIRE, celle-ci se refuse de tout commentaire et nous renvoie vers la Sous-préfecture. Appel à la Sous-préfecture qui, pour le moment, ne peut faire aucune déclaration sur le sujet. Il faut attendre que la DRIRE ait rendu ses conclusions.
La non information encourage la rumeur n’est-ce pas ?
Si les autorités s’abstiennent de tout commentaire, ne pourrait-on pas penser qu’il y a “anguille sous roche” ?

Sophie Périabe


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