Rapport du CESR sur l’aménagement du littoral

La voie du développement durable

3 juillet 2004

Après deux ans d’études, la commission ’Aménagement, environnement et travaux publics’ du CESR vient de rendre officiel son rapport sur ’L’aménagement, la protection et la valorisation du littoral : un défi pour l’avenir’. Parce que le littoral n’est pas une césure entre terre et mer mais bien un raccordement stratégique, la gestion intégrée des zones côtières représente un enjeu important dans l’aménagement de notre territoire.

Depuis le "Sommet de la Terre" de Rio en 1992 et l’adoption de près de 150 États à l’Agenda 21, le principe de développement durable s’affirme et se concrétise à de multiples niveaux. La Réunion - l’une des quatre zones qui divisent le littoral français - est partie prenante dans la politique européenne d’Aménagement intégré des zones côtières (AIZC) qui objecte la rédaction d’un livre blanc, dont les réflexions et préconisations seront utiles, entre autres, pour le nouveau SAR (Schéma d’aménagement régional) de La Réunion. Elle est "déjà bonne élève de l’Europe et en avance même en matière de réflexions", souligne Jean-Raymond Mondon, président du CESR (Conseil économique et social réunionnais), qui parle d’un "double objectif : national et local".
En plus de rendre compte de la dégradation des zones récifales, d’apporter une contribution réunionnaise à la réflexion engagée par la commission du littoral du Conseil national de l’aménagement et du développement du territoire (CNADT), l’étude de la gestion intégrée des zones côtières permet "de prendre le littoral dans sa globalité et de réaliser que les actions menées sur terre ont des influences sur le littoral et vis et versa, pour une meilleure connaissance en amont et en aval". Le CESR souhaite "voir sur le long terme sans attendre les difficultés pour agir".

Assez d’abus

Le boum démographique réunionnais oblige à envisager, dès aujourd’hui et pour 2020, un autre aménagement de notre territoire insulaire et notamment celui du littoral qui enregistre des concentrations de population inégalement réparties. "La fréquentation du littoral est souvent liée à l’appropriation sociale, au détriment de certaines catégories de la population", constate Patrick Beyronneau, président de la commission. L’urbanisation galope, mais trop souvent au détriment de notre environnement.
Certes, le littoral représente une niche économique favorable aux activités tournées vers la mer, mais il convient pour le CESR de les développer avec cohérence et de sanctionner les abus de son exploitation qui vont à l’encontre de la loi, de la nature et au détriment des zones foncières précieuses. Pénaliser le profit à tous prix, car la nature et l’humain, eux, n’en ont pas. Sur ce point, le CESR estime que l’État ne joue pas son rôle et délivre des permis de constructions sans mesurer les effets sur le territoire.

Place aux propositions cohérentes

Patrick Beyronneau parle d’"une politique de sacrifice raisonnable et raisonnée des terres agricoles non productibles", afin de développer les bourgs à mi-pente. Cela permettrait l’apparition de micro-régions, dans lesquelles la population - aux cotés des professionnels, des politiques (l’intercommunalité serait garante de la gestion, de la répartition et du financement) - s’impliquerait en matière d’aménagement, d’activité économique et touristique mais aussi au niveau de l’environnement.
Une foule de propositions et d’actions envisagées par le CESR pourraient y être développées, dans le respect de principes fondamentaux pour assurer un développement durable et cohérent. Et il en est de même pour le littoral qui doit développer ses activités de loisirs tournées vers la mer. Le parc marin, qui devrait prochainement se transformer en syndicat mixte, pourrait être accompagné d’un parc naturel régional, ou d’un musée de la mer, sans porter atteinte aux sites touristiques déjà existants mais en offrant un attrait supplémentaire, une cohérence dans l’offre de propositions.
Le littoral est un lieu historique et culturel fort, et le CESR pense qu’il convient de le valoriser comme tel pour transmettre l’Histoire et la faire vivre. Développer l’activité portuaire permettrait également le cabotage des marchandises et des personnes, formaliser les bases de pêche, développer le tourisme de croisière... Un champ immense et fédérateur de propositions s’offre à nous, mais il est des points sur lesquels le CESR reste légitimement intransigeant. Le déploiement d’activités implique parallèlement de mettre l’accent sur l’aspect sanitaire, sécuritaire, en développer les éco-gardes, en affirmer une politique de contrôle du "pollueur-payeur". Il insiste aussi sur l’outil formation, avec un élargissement de l’offre agricole et de loisir.
L’information et la prévention jouent aussi leur rôle dans la vulgarisation du savoir, afin que chacun prenne part aux grands projets de développement qui s’offrent à La Réunion, toujours dans la conscience des enjeux majeurs qu’il implique.

Estéfany


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus