Victime du libéralisme et des phénomènes climatiques

Le calvaire silencieux du peuple mongol

14 mai 2004

« Peu de gens connaissent aujourd’hui le désarroi et la misère dans lesquels sont plongées des milliers de personnes tant dans les campagnes que dans la capitale Mongole, Oulan-Bator », indique un communiqué d’Action contre la faim (ACF) diffusé mercredi.

Misère en Mongolie, abondance pour certains en France, un exemple du partage inégal des richesses sur la planète. Des inégalités néfastes pour l’équilibre du monde.

Depuis près de trois ans, l’association intervient dans le pays. Pour ACF, la misère silencieuse qui ravage le pays est due à deux facteurs : "un passage à une économie de marché mal maîtrisée et climat particulièrement rude".
Président de l’association, Jean-Christophe Rufin, rappelle que depuis de nombreuses années, des milliers de familles sont dans la misère la plus grave.
"La Mongolie fait face à l’effondrement de ses infrastructures étatiques et à un taux de chômage toujours croissant dans les centres urbains", précise le communiqué d’ACF. Dans “Interventions”, le dirigeant de la mission “Mongolie” depuis 2003, Luc Verna, précise que le pays "a subi une violente déstructuration sociale et économique suite à une privatisation sauvage et teintée de corruption". "Les services sociaux et sanitaires sont délabrés et sont devenus inaccessibles aux marginalisés", déplore-t-il ; "de plus, le pays manque cruellement de cadres formés".
"En parallèle, plusieurs années consécutives de catastrophes climatiques sans précédent (hivers rigoureux appelés “dzüüd”, suivis de sécheresses), ont eu un effet dévastateur sur le bétail, ébranlant la sécurité alimentaire des populations rurales", nous apprend Action contre la faim.
Ces phénomènes extrêmes ont provoqué un exode rural : des milliers de paysans s’entassent dans des bidonvilles autour des grands centres urbains. Les conditions de vie sont dramatiques. Ces familles vivent "dans des caves ou des abris de fortunes, alors que les températures hivernales peuvent descendre en dessous de moins 40 degrés". Elles sont marginalisées et ne figurent pas dans les statistiques nationales, ce qui permet au gouvernement "d’afficher une croissance économique fulgurante et ne pas détériorer une image touristique idyllique".
Pour Jean-Christophe Rufin, la Mongolie montre "un des nouveaux visages de la faim" : "Le tiers-monde du troisième millénaire est fortement urbanisé tandis que quarante ans plus tôt, il était presque entièrement rural. L’effet de ce passage massif et précipité dans des agglomérations précaires a été de créer de vastes ensembles de populations dépendantes du point de vue alimentaire. La taille des populations concernées, leur absence totale d’activité agricole rendent ces situations particulièrement urgentes, complexes et difficiles".

M. M.


Pendant ce temps, d’autres profitent à fond du libéralisme

Si on se réfère à l’édition de lundi dernier du journal “Les Échos”, la crise n’est pas pour tout le monde. En effet, ce jour-là le quotidien économique parisien a titré sur les hausse de salaires des grands patrons en France : "L’année 2003 a été faste pour les patrons du CAC 40", précise “Les Échos”, qui soulignent que ce fait s’est traduit par "une hausse moyenne de 14% de leur rémunération globale". Revenant mercredi sur cette nouvelle, “l’Humanité” constate que "Jean-Pierre Fourtou, PDG de Vivendi, a accumulé en dix-huit mois de présidence une plus-value potentielle de 18 millions d’euros". Pour se donner un élément de comparaison, "c’est à 2 millions près la somme que le gouvernement a accepté de débloquer pour les intermittents".
Pendant ce temps, le gouvernement cherche à faire le maximum d’économies sur le dos des plus démunis. Et si l’on élargit le point de vue, on constate que chaque jour dans le monde, 30.000 enfants meurent de faim et de maladies provoquées par la pauvreté. Une pauvreté due à un partage inégal des ressources de la planète.
L’affichage de telles richesses et l’ignorance des détresses de la majorité de la population mondiale créent une situation qui est chaque jour plus inacceptable. Que peuvent en effet penser les pauvres de la planète qui, par l’intermédiaire de la télévision, peuvent voir comment les nantis vivent ? Cette situation ne peut que déboucher sur d’immenses frustrations, qui peuvent s’exprimer dans la violence et les intégrismes. Cela montre que lutter pour réduire les inégalités est une des priorités du 21ème siècle. Car l’accroissement démographique et les effets du réchauffement climatique toucheront en priorité les pays qui souffrent le plus des conséquences de la mondialisation libérale. Persister dans de telles inégalités, c’est risquer l’implosion sociale universelle.


M. M.


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