Observations de la CCI sur le PLU et le projet Pôle Océan de Saint-Denis

Le cœur de la ville dionysienne sous la menace

19 août 2004

Alain Macé, président de la Chambre de commerce et d’Industrie, et Younous Vally, élu de la CCI, ont fait part hier à la presse de leurs observations et réticences quant au prochain PLU (Programme local d’urbanisme) de Saint-Denis. Face aux ’inquiétudes très sérieuses’ suscitées par le projet Pôle Océan, la CCI estime qu’il convient d’approfondir son étude afin d’assurer sa solvabilité.

L’objectif de densification de la ville inscrit dans le prochain PLU de Saint-Denis, bien qu’il réponde à une attente unanime afin de pallier l’évaporation de la clientèle vers les grands centres commerciaux, semble néanmoins "insuffisant" et "comporte des discriminations entre les quartiers", selon le président de la CCI. En effet, dans la plupart des zones du centre urbain, l’option de densification de hauteur de bâtiment est fixée à “R+3” (à savoir, rez-de-chaussée + combles + 3 étages), alors que dans la zone d’implantation du futur Pôle Océan, l’option est doublée, voire illimitée. Selon Younous Vally, membre du groupe de travail de dynamisation des villes, "le PLU de Saint-Denis fait ressortir un certain nombre d’incohérences entre bas et haut de la ville".
La CCI estime donc que l’enquête publique, -inscrite dans la procédure officielle avant la signature du prochain PLU qui fixera la politique d’urbanisation de Saint-Denis pour les 6 voir 10 années à venir-, sera l’occasion de "préciser les améliorations attendues et de travailler ensuite pour les faire aboutir, en étroite collaboration avec la Mairie et les acteurs économiques concernés".

Le cœur de la ville menacé

Mais les préoccupations de la CCI vont vers le projet Pôle Océan qui suscite des inquiétudes importantes chez les commerçants. Inquiétudes "justes et normales" selon Alain Macé, qui parle d’un projet "surdimensionné", au regard des données chiffrées. "Il est nécessaire de vérifier ces analyses, en faisant appel à un arbitre s’il le faut, pour assurer le bon dimensionnement de ce Pôle et de ses activités". On parle d’un coût de 150 millions d’euros pour un centre commercial de 55.000 mètres carrés, dont 5.000 mètres carrés de bureaux, un complexe de 7 salles de cinéma, un restaurant panoramique, un hôtel, un parking de 1.300 places, une soixantaine de boutiques... "La diversité de son offre commerciale pourrait entraîner un fonctionnement en parfaite autonomie", constate le président de la CCI, qui déplore l’absence de projet de liaison entre le cœur actuel de la ville et le futur Pôle. C’est donc un appel fort à la consommation sans complémentarité avec l’offre commerciale déjà existante, et qui risque fort de causer la désertification déjà amorcée du centre urbain. "C’est un projet de ville, donc la ville doit y avoir sa place", souligne Alain Macé qui estime que les efforts concédés par la Mairie, comme le remodelage de la Galerie Leclerc, ne sont pas suffisants.
Le 12 juillet, la CCI a mandaté un expert afin qu’il fasse un état des lieux du projet et qu’il le confronte à la situation actuelle du centre-ville dionysien pour plus de lisibilité. Cette expertise sera remise à la mairie le 26 août, et l’enquête publique concernant le PLU et l’ensemble de ses projets de ville devrait quant à elle, intervenir en septembre. Face à ce projet "déjà bouclé" la CCI, tout comme les commerçants, déplore le manque de concertation, de transparence et de prise en compte des pistes de réflexions avancées par les différents acteurs concernés. "Nous demandons que son dimensionnement soit revu pour le compléter, apporter de nouvelles pistes de solutions", conclut Alain Macé pour qui la menace est bien réelle.

Estéfany


À propos du PRU

Le PRU (Programme de renouvellement urbain), inscrit dans le PLU, et fixé pour 3 ans avec le soutien des fonds de l’Europe, de l’État, et des collectivités, permet aux communes qui le souhaitent, de proposer des projets d’urbanisation et de dynamisation de leur ville.
Selon Younous Vally, Le Port et Saint-Pierre ont su mettre à profit ce programme, optimiser sa rapidité et son efficience, en mettant en place de grands travaux d’avenir. "Le Port ouvre la ville sur la mer" souligne-t-il, alors qu’"on a l’impression que le Pôle Océan a mobilisé toute l’énergie, l’attention et peut-être les fonds". Il note encore que nombre de problèmes ne sont pas résolus dans le centre-ville dionysien, comme le carré piéton qui n’est pas terminé, le manque de perspective cohérente quant à une politique moderne des transports, avec un TCF qui donne l’impression que la ville est coupée en deux sans dimensionnement de flux. Il qualifie ce projet de "soucoupe qui nous tombe dessus", une soucoupe qui plane sur Saint-Denis depuis de nombreuses années et était déjà envisagé du temps du député Auguste Legros, suppléant de Michel Debré.


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