Séminaire sur le thème : « Gestion innovante des déchets »

Le Collectif Réunion Zéro Déchet dénonce la volonté d’imposer l’incinérateur

7 mai 2016

Le 28 avril dernier le syndicat mixte de gestion des déchets, ILEVA, a organisé un séminaire sur le thème : « Gestion innovante des déchets » à l’IUT de Saint-Pierre. Le Collectif Zéro Déchet était représenté à ce séminaire. Il a publié hier un communiqué donnant sa position à la suite de cette rencontre.

Incinérateur de déchets de Saint Ouen (Seine Saint Denis).

En fait d’innovation, il s’est agit pour ILEVA d’essayer, pendant deux heures, de faire passer l’idée du traitement des déchets par des incinérateurs, à l’auditoire attentif venu s’informer de ce vers quoi s’orientent les élus en termes de gestion.

C’est ainsi que le Cabinet d’Étude (accompagné des vices-présidents d’ILEVA, Michel Fontaine, Joseph Sinimalé et Vanessa Miranville) chargé de présenter une prétendue « solution innovante » n’ a fait que tenter d’embrouiller le concitoyen, en sortant de sous son chapeau la Centrale CSR .

Mais là-dedans, aucune innovation, il s’agit bien de gérer les déchets en les brûlant dans des fours ! Avec les risques sur la santé et l’environnement que cela comporte. Après l’incinérateur, terme abandonné car trop connoté négativement, après l’Unité de Valorisation Energétique, expression abandonnée aussi car trop greenwashing, voilà donc la centrale CSR.

D’ailleurs, les réponses apportées aux questions posées sur les risques notamment, restent floues :

D’abord sur la question des résidus, un incinérateur produit, à partir de déchets non dangereux, des déchets hautement toxiques, les Refiom et les mâchefers. Ces déchets hautement toxiques sont amenés à être enfouis dans des CET (centres d’enfouissement technique) de niveau 3. Or il n’y en a pas à La Réunion. Ils transiteront donc sur des milliers de kilomètres pour être stockés ailleurs et attendront que les générations futures trouvent une solution pour les traiter !

Concernant les mâchefers plus précisément, le bureau d’étude prévoit d’écouler les 450 kg de mâchefers produits par tonne de déchets brûlés dans la maintenance des routes. Or, de son propre aveu il n’y a pas à La Réunion un réseau routier suffisamment étendu pour écouler autant de mâchefer…

Que se passera-t-il en cas de vide de four, c’est-à-dire s’il n’y a pas suffisamment de déchets pour faire fonctionner les incinérateurs ? Réponse : il pourrait être envisagé de capter les déchets de certains pays de la zone Océan Indien, de les transporter par voie maritime pour nourrir les incinérateurs ici. Voilà un traitement écologique des déchets ! Voilà qui est très COP 21 !

Mais bien entendu, le bureau d’étude n’a pas cru intéressant de développer la partie réduction à la base, tri et recyclage, qui est pourtant une composante du scénario multifilière retenu. Évidemment ça n’a aucun intérêt, une fois qu’on aura les incinérateurs, le problème des déchets ne sera plus d’en avoir trop, mais le risque qu’il n’y en ait pas assez pour nourrir les usines !

Toute la présentation a tourné donc autour de la mise en œuvre technique de ces incinérateurs, avec la question en suspens à la fin : en faut-il un ou deux ?

Pour ce qui est des projets concrets de réduction à la source et de recyclage, ça n’était apparemment pas encore le moment de nous présenter le plan d’actions.

En fait, jusqu’ici, ça n’a jamais été le moment…

Par ailleurs, l’année passée avait eu lieu le même genre d’événement, avec des ateliers thématiques qui permettaient de recueillir les avis et propositions des entreprises, et associations ; de là étaient ressortis 21 points concrets de solutions à mettre en œuvre dans les plus brefs délais (ceux-ci concernaient principalement la réduction, le réemploi, ainsi que le recyclage), le syndicat mixte a décidé contre toute attente d’engager toutes ses études dans l’incinération. Le Collectif dénonce une fois de plus une mascarade démocratique, profitant toujours et encore aux groupes multinationaux, qui ne voient dans les déchets qu’une source de bénéfice potentiel, quitte à minimiser les problèmes de santé publique auxquels les générations futures auront à faire face.

Le Collectif zéro Déchet réaffirme son opposition à l’installation sur l’île d’usines d’incinérateurs, il appelle les politiques à agir sans plus tarder pour une réduction des déchets à la source, pour une politique volontariste de tri et de recyclage, pour une large campagne d’appropriation de la problématique par la population.

Le Collectif Réunion Zéro Déchet

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