Heureusement qu’il ne frôlera pas nos côtes

Le cyclone Felleng rappelle la vulnérabilité de La Réunion

1er février 2013, par Manuel Marchal

Une partie du débarcadère de Saint-Paul emporté, les radiers de la rivière Saint-Étienne et du Ouaki à nouveau fermés, des dégâts sur la route du littoral… même en étant à plusieurs centaines de kilomètres de La Réunion, le cyclone Felleng perturbe profondément la vie d’un pays de 800.000 habitants.

Trois semaines après le cyclone Dumile, La Réunion va une nouvelle fois l’échapper belle. Le cyclone Felleng est annoncé aujourd’hui au plus proche de notre île, à 300 kilomètres. Heureusement qu’il ne sera pas plus près, car depuis deux jours les catastrophes s’accumulent. C’est très inquiétant, car pour une île comme La Réunion, le passage d’un cyclone n’est pas un phénomène exceptionnel. Notre île se situe en effet dans la zone d’évolution de ces phénomènes climatiques.

Alors qu’il était à près de 500 kilomètres de nos côtes hier, le cyclone Felleng a infligé déjà d’importants dégâts. Pour le moment, ce qui laisse le plus de traces, c’est une partie du débarcadère de Saint-Paul emporté. C’est la confirmation d’une grave carence à La Réunon, l’absence de mémoire historique. En effet, aussi bien à Saint-Paul qu’à Saint-Denis, chaque fois qu’un débarcadère a été construit, il a été emporté par les vagues d’un cyclone. À Saint-Denis, les aménageurs ont renoncé à refaire l’ouvrage qui avait permis au premier préfet de La Réunion de débarquer en 1947. À Saint-Paul, d’autres ont persisté. Ils pourront toujours essayer de réparer les dégâts de Felleng, un jour ou l’autre tout partira dans la mer.

Cette absence de mémoire se traduit aussi dans les constructions en bord de mer. Les anciens avaient privilégié l’aménagement à mi-hauteur. C’est ainsi que quand il fut décidé de construire un collège à Saint-Leu, c’est dans le quartier de Piton que la structure fut implantée. Il y avait en effet le souvenir des inondations du cyclone de 1948, quand Saint-Leu n’était plus qu’un lit de rivière d’où émergeaient les quelques cases restées debout.

Saint-Paul est aussi un des quartiers les plus vulnérables en cas de cyclone. C’est pour cela que les anciennes cases étaient surélevées par plusieurs marches, les anciens savaient que l’eau pouvait monter dans la ville. Hier, les vagues montaient à la hauteur du quai du marché forain.

L’autre enseignement, c’est la confirmation de la dangerosité du projet de route du littoral voulu par Didier Robert. C’est en effet là où des milliards d’euros doivent être engloutis que se concentrent les problèmes. Les vagues ont réussi à déplacer des blocs de béton de plusieurs tonnes. Felleng était pourtant à plusieurs centaines de kilomètres. Un passage plus rapproché aurait sans doute accentué les dégâts.

Avec le changement climatique, il sera toujours plus risqué de construire sur le littoral. Même en France le gouvernement finance des opérations de relocalisation d’activité à l’intérieur des terres. Trop de gaspillages ont été déjà commis à La Réunion, la nouvelle route du littoral ne devra pas être la gabegie de trop qui plombera les finances du pays pendant des décennies. À moins que celui qui décide sera celui qui paiera personnellement les conséquences de sa responsabilité.

M.M. 

Cyclones et ouragans

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