Développement durable : la CCIR encourage les entreprises

Le défi d’un habitat qui allie confort et respect de l’environnement

3 avril 2008, par Edith Poulbassia

Dans le cadre des “Rendez-vous de l’entrepreneur”, la CCIR organisait hier une matinée d’information sur « les produits énergétiquement performants pour la construction de l’habitat ». Car le développement durable, c’est aussi apprendre à construire autrement les logements, les établissements publics, les entreprises, bref, les bâtiments pour La Réunion du million d’habitants. Le défi pour l’île est d’arriver à concilier les besoins en énergie, le confort, le respect de l’environnement et l’adaptation aux changements climatiques.

Pour Adam Ravate, Président de la Commission Développement Industriel, « il s’agit de continuer à développer et à systématiser la prise en compte de la dimension énergétique, dans l’ensemble des travaux de construction ou de rénovation de l’habitat, par la mise en œuvre de technologies performantes et des solutions innovantes adaptées aux différentes zones climatiques de l’île ». Il est primordial de sensibiliser les industriels équipementiers du Bâtiment et les entreprises de la construction de l’habitat aux enjeux de la construction environnementale à La Réunion, notamment pour favoriser l’émergence de porteurs de projet. Le projet de réglementation thermique pour la construction adaptée à La Réunion, proposé au Grenelle de l’Environnement, est toujours en cours. Le référentiel PERENE (performance énergétique des bâtiments) reste un outil fiable, mais rien n’oblige à suivre ses préconisations en matière d’isolation, de ventilation naturelle, de protections solaires, de maîtrise de l’énergie et de recours aux énergies renouvelables.

Faire du HQE avec des matériaux locaux

D’après l’ADEME, il est possible de réaliser 15% d’économie d’énergie sur les 238.000 logements recensés en 2005. Ce pourcentage s’élève à 25% pour le tertiaire et 15% pour l’industrie. Mais en l’absence de réglementation, il faut compter sur les démarches volontaires et les incitations. Georges Marty (EDF) a ainsi annoncé une nouvelle initiative du Comité de Maîtrise de l’Energie (Ademe, EDF, Région). « Nous allons lancer une offre promotionnelle dans le cadre du Salon de la Maison », a-t-il déclaré. Il s’agit d’une prime sur l’isolation pour le tertiaire, sur les installations réalisées par des professionnels agréés.
Le manque d’information peut aussi freiner les entrepreneurs dans la construction environnementale. L’ADEME prépare un guide des produits, composants et systèmes, « confort, économie d’énergie et démarche environnementale globale ». Un travail long, souligne Fabien Picgirard, ingénieur Utilisation Rationnelle de l’Energie à l’Ademe. Actuellement, 2 fiches sur 40 sont prêtes.
Les entreprises ne peuvent intégrer la démarche HQE (Haute Qualité Environnementale) que si elles ont une connaissance des matériaux de construction. Dans cette démarche, les entreprises doivent favoriser les matériaux naturels et qui ne nuisent pas à la santé. La construction environnementale, c’est aussi penser à la production, à l’utilisation et au recyclage des matériaux afin de limiter les impacts sur l’environnement. L’Eco-conception est une démarche de plus en plus prise en compte dans les entreprises. La démarche HQE est donc très complexe, car elle prend en compte toute la chaîne de la construction de l’habitat.

Pourquoi pas du béton de scorie ?

Encore plus à La Réunion, puisque les matériaux doivent être adaptés aux conditions climatiques et aux territoires. On ne construit pas sur le littoral Ouest comme dans l’Est, ou dans les Hauts. Il revient aussi aux entrepreneurs locaux de développer des techniques et des matériaux. L’Ademe est prête à accompagner les porteurs de projet en ce sens pour une Réunion 2030 qui réunit « l’énergie de tous les procédés et matériaux nouveaux ». Preuve qu’il est possible d’y arriver, le projet présenté par M. Clervil. « Nous avons créé un matériau de gros œuvre, le béton de scorie. Le projet est né d’une recherche universitaire des années 1990 qui n’a pas intéressé les industriels locaux », explique-t-il. Deux maisons sont en démonstration à Petite-île avec la Sica Habitat, et l’Ademe évalue le potentiel en économie d’énergie. « Il y a peu de perte de matériau, le montage est rapide et en plus, c’est un matériau local, ajoute le porteur de projet. Nous disposons d’une quantité énorme de stock de scorie. Il faut 20 m2 de scorie pour construire une maison. Nous en bâtissons 3.800 par an. Nous en avons assez pour 35 ans d’utilisation. Pour moi, c’est le matériau de demain », conclut M. Clervil. Il lance d’ailleurs un appel aux investisseurs.

Edith Poulbassia

Semaine du développement durable

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