La France « n’est pas prête à faire face » aux effets du changement climatique

Le gouvernement baisse toujours pas suffisamment ses émissions

30 juin 2023

La France ne baisse toujours pas suffisamment ses émissions pour faire sa part de la lutte contre le changement climatique, selon un rapport qui expose aussi les limites de la lutte contre les incendies, pour laquelle il a fallu l’an dernier faire appel à des renforts étrangers.

La France ne baisse toujours pas suffisamment ses émissions pour participer à la lutte mondiale contre le changement climatique. Elle n’est pas non plus "prête à faire face" à ses effets, a averti le Haut Conseil pour le climat (HCC), une instance nationale.

Dans son rapport annuel, le Haut Conseil indique que la chaleur record et la sécheresse exceptionnelle de 2022 ont "entraîné des impacts graves en France (...) excédant la capacité de prévention et de gestion de crises actuelle", estime le HCC, l’année constituant désormais "un point de référence" des vulnérabilités françaises.

"Baisses de rendement de 10% à 30%" dans l’agriculture ; production hydroélectrique "20% inférieure à la moyenne 2015-2019" ; tensions sur l’eau potable : surmortalité liée à la chaleur... Tant de sujet analysé par le HCC, qui se penche sur tous les impacts économiques et sociaux des changements climatiques.

8 000 communes de France ont demandé une reconnaissance en "catastrophe naturelle" des effets du retrait-gonflement des sol argileux, qui provoquent des fissures dans les bâtiments. Le coût du phénomène pour les assurances, "évalué à 2,9 milliards d’euros, est à la limite du soutenable selon la Caisse centrale de réassurance", a noté le HCC.

L’Europe se réchauffe deux fois plus vite que l’ensemble de la planète, le gouvernement français a entamé l’ébauche d’une stratégie d’adaptation à un climat 4°C plus chaud d’ici la fin du siècle que par rapport au 19e siècle, avant les émissions massives de gaz à effet de serre de l’activité humaine. Paris est à la traîne et devrait rattraper son retard au plus vite pour pouvoir faire face concrètement aux effets du changement climatique.

De plus, le rapport du HCC expose aussi les limites de la lutte contre les incendies, pour laquelle il a fallu l’an dernier faire appel à des renforts étrangers. 72 000 ha ont été brûlés.

Avec 2,7% de recul en 2022, la baisse des émissions nationales se poursuit, mais à "un rythme insuffisant pour atteindre les objectifs", a annoncé le HCC. De son côté, le gouvernement relève une baisse d’émissions plus rapide que chez les voisins.

La France s’est engagée à les réduire de 40% d’ici 2030 par rapport à 1990 et dans cette optique fixe ses plafonds d’émissions dans sa Stratégie nationale bas carbone (SNBC).

La 3e SNBC, imminente, doit être renforcée pour tenir compte de nouveaux objectifs européens de -55% démission de gaz à effet de serre d’ici 2030. Pour y parvenir, "la baisse doit pratiquement doubler en moyenne jusqu’en 2030", rappelle Corine Le Quéré.

Le HCC réclame une "politique économique d’ampleur" nécessitant des financements publics et privés "de l’ordre de 30 milliards par an d’ici 2030" pour décarboner l’économie, en priorité le transport, premier émetteur (32%) devant l’industrie.


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