Rapport du Conseil économique et social de La Réunion

Le littoral est une source de richesses

7 août 2004

Le Conseil économique et social de La Réunion (CESR) vient de publier un rapport intitulé “L’aménagement, la protection et la valorisation du littoral : un défi pour l’avenir”. Il y montre l’urgence de prendre un certain nombre de mesures, notamment sur la base des enjeux qui se posent aux Réunionnais dans les vingt prochaines années.

Le littoral réunionnais (208 km de linéaire) "est l’espace où se concentre un nombre important d’enjeux", note le rapport du Conseil économique et social de La Réunion (CESR). Parmi ceux-ci, une population dont la démographie est dynamique et qui se répartit inégalement sur le territoire ; une urbanisation galopante, parfois en contradiction avec le respect de l‘environnement ; une fréquentation du littoral en nette augmentation (20.000 usagers pendant les week-ends et les jours fériés).
C’est aussi une niche pour des secteurs d’activités tournées vers la mer (pêche, aquaculture, activités de loisirs et de découverte, activité portuaire...). Ces enjeux vont se précipiter puisque "les évolutions à vingt ans, tant dans le domaine environnemental que social et économique, auront sans nul doute des effets sur l’équilibre naturel de ces espaces".
Le CESR préconise, dans le cade de la révision du Schéma d’aménagement régional (SAR), de "favoriser le développement de villes et bourgs à mi-pente, de manière équilibrée sur l’ensemble sur territoire". Afin de préserver les terres à forte valeur agricole et particulièrement cannière.
Des opérations qui doivent évidemment être accompagnées d’infrastructures d’assainissement "correctement raccordées à des stations d’épuration et de traitement".

Rééquilibrer l’offre

À cette politique d’urbanisation devra s’ajouter - et cela semble urgent - une étude aussi complète que possible des bassins versants qui devra indiquer "quelles sont les mesures de fond appropriées pour chaque secteur d’activité".
L’aménagement des sites touristiques littoraux doit être repensé, "dans un esprit de valorisation et de qualité". Ils doivent être multipliés dans le respect des équilibres environnementaux, afin de rééquilibrer l’offre. Le CESR préconise la création de bassins de baignade artificiels, de sites de loisirs comme aquaparc, etc. Mais aussi le développement et la valorisation de villes ouvertes sur la mer.
Le littoral, au-delà des activités de loisirs, est de plus en plus considéré "comme source considérable de nouveaux développements d’activités économiques" liées à la connaissance du littoral ou à une meilleure pratique de celui-ci. Leur développement nécessite une appropriation par les habitants ; une coordination des activités telles que l’aquaculture, la pêche, les activités nautiques ; une plus grande implication des professionnels et d’intervenants comme les structures intercommunales, l’association du Parc marin, la SEM balnéaire de l’Ouest... Il importe également de structurer les activités durables avec un accompagnement plus affirmé des porteurs de projets.

Respecter les réglementations

L’activité portuaire est par ailleurs appelée à se développer dans ses trois aspects d’échanges de marchandises, de pêche et d’activités touristiques. Un développement qu’il convient "d’étudier avec attention afin de le maîtriser".
Cependant, au delà de ces mesures d’aménagement dans le cadre d’un développement durable, il est nécessaire de promouvoir l’information, l’éducation et la formation à travers, par exemple, la création d’un musée de la mer, la réalisation d’émissions audiovisuelles de découverte et de sensibilisation, le développement d’actions de sensibilisation et de formation en direction des scolaires, la mise en place de formations universitaires, notamment dans le cadre de l’Université de l’océan Indien... Il faut également réussir à imposer un respect plus affirmé des documents d’urbanisme et des règles juridiques, mais aussi développer une politique de contrôle sur le principe “pollueurs/payeurs”.
Enfin, il semble indispensable de promouvoir une politique de gestion intégrée des zones côtières, aussi sévère soit-elle, en y associant l’ensemble des acteurs pour que tout citoyen s’y retrouve. Sachant que “la protection des espaces côtiers ne peut déboucher sur des résultats probants que si les habitudes et les comportements des personnes évoluent, et si une volonté farouche des pouvoirs publics se concrétise sur cet enjeu”.

Synthèse L. M. 


An plis ke sa

Fragilité

Un bateau de pêche s’échoue sur le récif de Saint-Leu et ce sont plusieurs dizaines de mètres carrés de coraux qui sont dégradés, au grand dam des responsables du Parc marin et des défenseurs de l’environnement.
Certes on peut espérer que les coraux se régénéreront seuls, ou compter sur le bouturage du corail pour tenter de réparer les dommages. Il n’empêche que cet accident, qui touche de plein fouet l’activité économique d’un pêcheur, montre également la fragilité de notre espace littoral. D’où l’importance du rapport du Conseil économique et social de La Réunion (CESR).

Un problème régional

La dégradation du littoral est une question d’intérêt régional. Les conclusions du Programme régional environnement de la Commission de l’océan Indien ont permis "de mettre en relief les dégradations des récifs coralliens des pays de la zone, les facteurs aggravants de l’érosion continue de la frange côtière, ainsi que les risques potentiels de dégradation du cadre de vie et des activités humaines liées à la mer". Ce programme a également été l’occasion d’acquérir une somme importante de connaissances transférées aux États. La protection des espaces marins justifie également le montage d’opérations à caractère régional comme la formation qui pourrait être dispensée dans le cadre de l’Université de l’océan Indien.

Conflit d’usage

L’aquaculture pourrait permettre, dans les prochaines années, de produire 200 à 250 tonnes de daurade et d’ombrine. Cette activité est en passe de devenir l’un des fleurons de la valorisation du littoral marin de La Réunion. Situé dans la baie de Saint-Paul, le complexe de la ferme d’élevage aquacole constitue l’un des maillons d’une filière des produits de la mer. Cependant, l’espace maritime occupé connaît un conflit d’usage avec les pêcheurs traditionnels de Saint-Paul qui exercent leur activité en partie sur la zone où se trouve la ferme d’élevage aquacole.

Un cadre réglementaire dense

Une importante et dense réglementation existe pour l’aménagement du territoire (...). Les résultats ne sont pourtant pas à la hauteur des espérances. De l’anarchie immobilière sur le littoral Ouest à l’absence trop longtemps constatée de la mise en valeur des zones de l’Est et du Sud, La Réunion s’est développée sans véritable projet d’aménagement global à l’échelle de son territoire.
De plus, à la stratification des règlements s’ajoute un déficit en moyens humains compétents au sein de nombreuses communes. D’une manière générale, compte tenu des demandes importantes, les communes doivent faire face à un engorgement de leur service de l’urbanisme et d’aménagement du territoire. Cela ne permet ni une gestion sereine des attentes et des demandes de la population, ni une vision à long terme des aménagements durables.


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