Le monde selon Monsanto

19 mars 2008

Monsanto, multinationale américaine née en 1901 à Saint-Louis (Missouri, Etats-Unis), initialement spécialisée dans l’industrie chimique, est devenue en un peu plus d’un siècle le leader mondial des biotechnologies, en particulier sur le marché des organismes génétiquement modifiés.

Sur le site de la firme Monsanto, le slogan "Nourriture, santé, espoir" promet une agriculture durable, aux rendements supérieurs, respectueuse de l’environnement. Journaliste d’investigation chevronnée, couronnée du prix Albert-Londres en 1995, Marie-Monique Robin a décidé de juger sur pièces en dirigeant sa propre enquête et en explorant le passé de l’entreprise, ce qui l’a menée en Europe, en Asie et en Amérique. Annales d’une enquête passionnante, qui a abouti à la publication d’un ouvrage (Le Monde selon Monsanto. De la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien. Coédition Arte éditions/La Découverte), ainsi qu’à la production du documentaire "Le Monde selon Monsanto" récemment diffusé sur Tempo.

(Extrait du site Arte) « Avec 17.500 salariés, un chiffre d’affaires de 7,5 milliards de dollars en 2006 et une implantation dans quarante-six pays, Monsanto représente le leader mondial des OGM, mais aussi l’une des entreprises les plus controversées de l’histoire industrielle. Production de PCB (polychlorobiphényles, vendus en France sous le nom de pyralène), de polystyrène, d’herbicides dévastateurs (comme l’agent orange pendant la guerre du Vietnam) ou d’hormones de croissance bovine et laitière (interdites en Europe) : depuis sa création, en 1901, la firme a accumulé les procès en raison de la toxicité de ses produits. Pourtant, aujourd’hui, Monsanto se présente comme une entreprise des “sciences de la vie”, récemment convertie aux vertus du développement durable. Grâce à la commercialisation de semences transgéniques, conçues notamment pour résister aux épandages de Roundup, l’herbicide le plus vendu au monde, elle prétend vouloir faire reculer les limites des écosystèmes pour le bien de l’humanité.
Qu’en est-il exactement ? Quels sont les objectifs de cette entreprise, qui, après avoir longtemps négligé les impacts écologiques et humains de ses activités, s’intéresse tout à coup au problème de la faim dans le monde au point de se donner des allures d’organisation humanitaire ? »

L’enquête approfondie de Marie-Monique Robin fait surgir des problématiques qui dépassent de loin la simple question des OGM. Notons au passage que cette question est en réalité particulièrement complexe et déclenche, du côté des pro comme du côté des anti-OGM, de vives polémiques partisanes où s’entremêlent convictions personnelles, conflits d’intérêts économiques et politiques, et interprétations parfois tendancieuses des différentes études scientifiques qui ont pu être menées sur le sujet.
L’une des questions de fond soulevées par cette enquête s’adresse à la définition de la limite qui sépare le pouvoir économique, le pouvoir politique et le discours scientifique. En effet, les investigations menées par Marie-Monique Robin amènent de sérieux éléments concrets qui confirment que le discours scientifique n’est pas toujours aussi objectif qu’il devrait l’être dans un monde idéal, et qu’il est malheureusement parfois nuancé voire déformé en fonction d’impératifs politiques et économiques. L’existence de ces regrettables influences est toutefois loin d’être une découverte, comme le montre par exemple l’historique des différentes études scientifiques menées sur les effets du tabac sur la santé, qui ont souvent été entravées par une subjectivité plus économique que scientifique.
Cette enquête soulève également la question de la manipulation et de la rétention de l’information au sein des entreprises en général, et des grandes multinationales en particulier. Le décalage est parfois immense entre les informations qui naviguent en circuit fermé dans l’entreprise et celles qui sont communiquées au grand public. Il peut arriver que l’entreprise se retrouve face un dilemme, avec d’un côté la perspective de livrer des informations qui pourraient gravement compromettre sa pérennité économique, et de l’autre la possibilité de cacher ces informations tout en mettant gravement en danger la santé des personnes qui utilisent quotidiennement les produits de l’entreprise. Et l’exemple de l’industrie du tabac aussi bien que celui détaillé dans l’enquête de Marie-Monique Robin montre que la compartimentation de l’information est dans certains cas entièrement volontaire, l’entreprise faisant délibérément le choix de ne pas informer ou même de mésinformer ses clients quant aux dangers qu’ils encourent en utilisant ses produits.
En tant que consommateurs, tous autant que nous sommes, il est donc de notre devoir de conserver un regard critique et d’aller soigneusement chercher les informations sur les produits alimentaires et non alimentaires que nous utilisons dans notre vie de tous les jours. La réalité est souvent légèrement différente de la représentation que nous en avons, et par moments elle peut même se révéler radicalement opposée, pour le meilleur et pour le pire.

Sources Agoravox


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Messages

  • Merci d’avoir parlé de ce documentaire très intéressant, qui fait la synthèse de ce que tout un chacun a pu trouver sur internet depuis des années.

    Mais une fois qu’on l’a regardé, on zappe la télé et on va acheter du "roundup" pour sa pelouse en continuant à jouer son rôle de brave petit soldat consommateur de la mondialisation galopante ???

    Ou on se remue un peu le popotin en se souvenant que chacun est responsable par ses actions mais aussi et surtout par ses absences d’action ?

    Vous ne pourrez plus dire "je ne savais pas" ou "qu’est-ce que je pouvais faire ?"

    En attendant que se lèvent des hordes citoyennes, chacun peut agir directement
    Pour cela un lien vers le site de combat contre Monsanto.

    Et à défaut, un petit chèque de temps en temps (fiscalement déductible à 66% !) pour donner des moyens à ceux qui se battent déjà (ceux qu’on appelle les "lanceurs d’alerte", généralement scientifiques de haut niveau, qui alertent sur les dangers et que les multinationales traînent devant les tribunaux pour les faire taire) c’est AUSSI de l’action.

    Voir l’article du 14 mars 2008 pour des compléments d’information.

    Et souvenons-nous qu’à la Réunion on a un énorme boulot à faire pour extirper les comportements irresponsables de ceux qui empoisonnent cette île pour mieux remplir leur portefeuille en tablant sur l’ignorance des gens.

    N’oublions pas non plus nos chers politiques de tous bords qui ,à quelques rares exceptions près, sont au mieux dans une attente digne des autruches, ne sachant pas trancher entre le principe de précaution, leur portefeuille, ou celui de leurs amis, et leur responsabilité future, politique ou pénale quand on viendra leur demander des comptes sur leur inertie !

    Il y a des précédents, où la justice a été contrainte d’agir : sang contaminé, vache folle, hormone de croissance, dioxines, PCB et incinérateurs, etc...

    Un point commun dans tout cela : un secteur public en déliquescence aussi bien mentale (la philosophie dominante est celle du chacun pour soi et le fric avant tout !) qu’ humaine (baisse d’effectifs) et budgétaire (les caisses sont vides...après qu’on y ait perpétré des hold-ups à répétition) !

    Quand on laisse le soin à des "agences" soit disant "indépendantes" mais en fait formées "d’experts" financièrement liés, avant, après, voire pendant leur mission, avec les multinationales qui seules ont les moyens de payer les honoraires qui les font vivre, on ne s’étonnera pas de voir sortir des "affaires" à répétition.

    Voir en ligne : AID


Témoignages - 80e année


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