Le respect de l’environnement : ce qu’en pensent les Réunionnais

5 janvier 2007

Récemment, “Témoignages” avait publié le Carnet de Bord de la Conseillère générale Graziella Leveneur et ses commentaires à propos de la mission de l’Instance de concertation pour la gestion des déchets. Elle avait placé le débat, au-delà des considérations techniques, sur le terrain du politique et de la considération de l’Homme, à savoir que les moyens de gestion des déchets devaient être déterminés d’abord par la conception que nous avons de l’Homme - consommateur ou citoyen. Olivier Magnaval, le Sous-préfet de Saint-Pierre, qui dirige l’Instance de Concertation, avait répondu dans nos colonnes à Graziella Leveneur en acceptant les termes du débat.

Aujourd’hui, nous versons au dossier une pièce importante : une étude réalisée, auprès de 800 personnes par l’ODR (l’Observatoire du Développement de La Réunion), sur la perception et les comportements qu’ont les Réunionnais face au respect de l’environnement. L’objectif est de connaître le degré de préoccupation des Réunionnais par rapport aux questions environnementales, l’appropriation des projets mis en œuvre dans le cadre d’un développement durable du territoire et enfin de mieux cerner la traduction concrète des perceptions en termes de comportements.

Une étude pour comprendre

Cette étude, réalisée par l’Observatoire du Développement de La Réunion avec le soutien du Département, veut être un outil utile pour les acteurs qui œuvrent dans le domaine de la protection de l’environnement. Elle aborde des questions liées à la perception pour tenter de mieux expliquer les comportements. L’objectif étant de déterminer, d’une part, ce qui, dans les messages de sensibilisation, a bien été acquis et, d’autre part, le travail qui reste à accomplir.

Une opinion sensible aux problèmes environnementaux

Quand on interroge la population sur son implication générale à propos de l’environnement, il apparaît qu’elle est très sensible aux problèmes environnementaux : plus de 8 personnes sur 10 se déclarent concernées par l’environnement et près de la moitié se dit même « très concernée ». Ces résultats sont proches de ceux observés pour l’Hexagone à travers une enquête permanente du CREDOC en collaboration avec l’IFEN datant de 2002, où il apparaissait que 9 personnes sur 10 déclaraient être sensibles aux problèmes environnementaux.

L’environnement de l’île

En ce qui concerne leur île, plus de la moitié des personnes interrogées ont le sentiment que l’environnement s’est dégradé sur les 5 dernières années. Un quart a même le sentiment qu’il s’est fortement dégradé. La même question était déjà posée dans une étude de l’ODR datant de 1999, “La sensibilité à l’environnement”. Les Réunionnais sont aujourd’hui plus nombreux à juger l’environnement dégradé (de 45% en 1999 à 53% aujourd’hui).
S’ils sont en majorité satisfaits de l’état de l’air, de l’eau du robinet et du bruit, les Réunionnais se plaignent, en revanche, des déchets qui traînent (68%), des embouteillages (57%) et des dommages occasionnés aux paysages (56%).

Les grands projets

Plus de 8 Réunionnais sur 10 se disent mal informés sur la valorisation énergétique des déchets et expriment clairement qu’ils voudraient l’être davantage. Toutefois, 6 sur 10 pensent que ce type de traitement des déchets est une bonne solution. Et 3 Réunionnais interrogés sur 10 pensent qu’il existe des solutions alternatives ; ils évoquent principalement la réduction des déchets à la source, le tri des déchets et le recyclage.

Plus de la moitié des personnes interrogées déclarent ne pas connaître le projet de Parc National. La connaissance du projet progresse régulièrement : les Réunionnais étaient 75% à ne pas le connaître en 2001, 65% en 2002 et ils sont aujourd’hui 54%. Parmi ceux qui connaissent le projet, 88% (contre 75% lors du dernier baromètre) sont d’accord avec le fait que « le Parc va permettre de mieux préserver la faune, la flore et les paysages de l’île ».

Des grands projets environnementaux, la Réserve naturelle marine est la moins connue. Un peu moins d’un tiers affirme en avoir « vaguement entendu parler », très peu nombreux sont ceux qui en connaissent le contenu (6%).


Les comportements

• La réduction des déchets à la source
Dans un premier temps, les Réunionnais ont été interrogés sur la réduction des déchets à la source. En effet, un des enjeux du développement durable est l’élimination des déchets non-biodégradables.
Le fait d’acheter volontairement des produits en vrac dans le but de réduire ses déchets n’est pas une pratique répandue. En revanche, payer 20 centimes d’euros un sac réutilisable plutôt qu’un sac plastique semble être une pratique courante chez près de 8 enquêtés sur 10. D’autre part, plus de 8 personnes sur 10 souhaiteraient que la quantité de sacs plastiques distribués gratuitement en caisse dans les magasins diminue.

• Les comportements au foyer
Plus de la moitié des personnes interrogées déclarent réduire souvent volontairement leur consommation d’eau courante et plus de 7 personnes sur 10 éteignent « complètement » leur télévision plutôt que de la laisser en veille. Ils sont aussi 73% à utiliser des ampoules basse consommation.

• Les transports
A l’opposé des idées reçues sur les comportements des Réunionnais, une majorité des personnes interrogées déclarent avoir déjà, dans un souci écologique, volontairement utilisé les transports en commun, le vélo ou même marché afin de ne pas utiliser la voiture. En revanche, le co-voiturage est peu répandu, 6 personnes sur 10 ne l’ont jamais pratiqué dans le but précis de réduire le trafic et la pollution. Enfin, plus de la moitié des enquêtés n’utilisent pas le réseau de transport en commun, les principales raisons sont le fait d’avoir une voiture et la mauvaise qualité du réseau : « mal desservi », « pas pratique ».

• Le tri sélectif

Plus de 7 personnes interrogées sur 10 disent trier « systématiquement » leurs déchets : verre, papier et carton, bouteilles, boîtes de conserve, sachets plastiques, piles et batteries ainsi que les petits déchets verts et alimentaires. Le manque d’infrastructures apparaît comme la principale raison pour ne pas trier ses déchets ; oublier de le faire est une raison citée dans une moindre mesure. C’est parce qu’ils ne disposent pas d’une borne à verre, d’une borne pour les déchets recyclables ou d’un bac jaune que certains interrogés ne trient pas.

• Et maintenant ?
Pour alimenter la réflexion des acteurs œuvrant dans le domaine de la protection de l’environnement et pour leur permettre d’être en phase avec les citoyens dans leurs actions de sensibilisation, l’enquête demandait aux Réunionnais de se positionner par rapport à un certain nombre d’affirmations.

Près de 40% estiment prendre soin de l’environnement, mais que cela n’a pas d’impact tant que les autres citoyens ne font pas de même. Un peu plus du quart aimerait en faire plus pour le respect de l’environnement, mais ne sait pas quoi faire, c’est surtout le cas chez les moins de 25 ans.

La méthode

L’étude s’appuie sur les résultats d’une enquête téléphonique réalisée à La Réunion du 26 juin au 28 juillet 2006 par l’ODR auprès de 801 personnes âgées d’au moins 18 ans. Le questionnaire a été élaboré en collaboration avec le Conseil général, la DIREN, la mission de création du Parc National de La Réunion ainsi que l’association Parc marin.


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