Rapport d’information relatif à la révision du SAR

Le SAR, pour le meilleur, contre le pire

24 août 2006

Dans le cadre de la révision du Schéma d’Aménagement Régional (SAR), la Région Réunion a commandé un diagnostic de synthèse des lignes de forces et des handicaps du territoire réunionnais. Les résultats de ce diagnostic permettront de forger les enjeux de développement de La Réunion pour les 10 prochaines années.

La Réunion doit répondre à des enjeux majeurs dans les prochaines années à venir. Le Schéma d’Aménagement Régional est le support d’une stratégie globale de territoire, permettant de répondre aux besoins sociaux, économiques, d’habitat, de mobilité, dans le cadre d’une gestion durable pour l’île et son environnement. Il est un document de la plus noble importance pour le devenir du pays.
En évaluant le SAR de 1995, un éclairage peut d’ores et déjà être dégagé de manière certaine : "Le SAR doit rendre compatibles le Réunionnais et son territoire, et non les opposer l’un à l’autre". De ce fait, comment l’espace naturel réunionnais impacte ou a impacté son occupation par le Réunionnais et quelle organisation territoriale en résulte-t-il ? Comment les grandes dynamiques démographiques et économiques agissent sur ce territoire et sur l’espace naturel ?

Des atouts naturels

D’emblée, il est à noter que les espaces et les paysages réunionnais sont des facteurs de structuration du territoire et contribuent à la qualité de vie des Réunionnais. L’importante richesse écologique de notre île est en voie de référencement. Nous disposons d’une biodiversité internationalement reconnue, et apprécions une formation végétale primaire et un nombre conséquent d’espèces endémiques, malencontreusement gazés ces temps de chikungunya. Les enjeux du futur SAR englobent la réaffirmation de la protection des espaces naturels remarquables. D’ailleurs, La Réunion se dote d’un Parc National Réunion et d’une réserve marine afin de conserver son patrimoine naturel.
Toutefois, le SAR ne peut omettre de prendre en compte, dans sa planification stratégique, divers risques contraignants, aux plans sanitaire, technologique et climatique. Le nouveau SAR devra par exemple considérer les risques d’inondations et les mouvements de terrains, cela pour tous les projets structurants et sûrement davantage encore pour les grands travaux qui débutent comme la route des Tamarins ou ceux à venir tels que le tram-train.
Pour autant, le problème du tout automobile reste aujourd’hui entier. Le projet du tram-train, qui entre dans le cadre du SAR, est une réponse logique aux besoins de déplacements des Réunionnais. Encore faudra-t-il prendre en considération l’enclavement de l’île, sa dépendance économique et sa vulnérabilité dans bien des domaines. La crise sanitaire que La Réunion connaît depuis mars 2005 témoigne de cette fragilité.

Une prise en compte social et culturel

Le SAR doit d’abord se préoccuper de l’Homme et trouver des solutions à moyen et long terme pour pallier à de nombreux problèmes comme le chômage, le manque de logements, la crise du sucre. Des thèmes qui érodent quelque peu le devenir de l’île, surtout au vu de la croissance démographique réunionnaise. La croissance économique réunionnaise fait déjà des jaloux. La Région Réunion, par un aménagement optimisé de son territoire, devra savoir la maintenir à un niveau fort. Cela ne devrait pas exclure les interventions de l’État, qui doit assumer une fois pour toutes ses responsabilités face à ces dossiers le concernant. Ainsi le SAR évoque également la promotion de la culture réunionnaise. Ainsi peut-on lire dans le Rapport d’information relatif à la révision du SAR : "Pour éviter que la culture réunionnaise ne se fige en un simple repli identitaire frileux, l’enjeu essentiel est de développer la connaissance, la mémoire et l’ouverture sur le monde de la culture réunionnaise. De plus, afin de favoriser l’appropriation par les Réunionnais des espaces aménagés, l’enjeu est d’intégrer dans l’aménagement les pratiques culturelles et sociales des Réunionnais". Peut-être que les panneaux de signalisation routière devraient comme dans certaines régions d’Europe disposer de la langue nationale, et en sus de la langue régionale ? Peut-être que les jeunes artistes réunionnais devraient être davantage soutenus, particulièrement ceux qui plébiscitent la langue créole dépourvue d’éditeurs ? L’engagement de la Région dans l’Office de la Langue est certes primordial, encore faudrait-il encourager les plumes émergentes ! Qu’en est-il aussi de la musique réunionnaise, des écomusées en voie de ruine, des ateliers artisanaux ? L’expression réunionnaise sera-t-elle affirmée ?

Un débat réunionnais avec les Réunionnais

Les différents enjeux identifiés dans cette phase de diagnostic soulignent 3 grandes problématiques qui fondent les options futures d’aménagement de La Réunion : la préservation du patrimoine réunionnais, en particulier naturel et paysager, le développement économique et social, et la réponse résidentielle à l’évolution démographique. Par ce dernier terme, on entend la poursuite et l’amélioration des conditions de confort (logement, équipement et services) dont bénéficient les habitants. La Réunion doit progresser, aller de l’avant, sur le plan économique, mais elle ne peut avancer sans ses hommes. L’orientation de la politique régionale d’aménagement du territoire se dessine peu à peu. Rénioné ansanm ? Le Rapport d’information relatif à la révision du SAR, et notamment le diagnostic commandé par la Région Réunion, ouvre la voie à de nombreux débats. La consultation est encore de mise !


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