Le traitement de déchets à La Réunion se fera sous concertation

4 octobre 2006

Hier matin, en présence du Préfet et des représentants de la CIVIS et de l’ADEME, une “Instance Locale de Concertation (ILC) pour le traitement de déchets à La Réunion” est née pour créer un espace ouvert d’information, d’explication et débats visant à résoudre le problème de déchets de l’île.

À La Réunion, avec une croissance démographique et économique qui génère aujourd’hui 2 fois plus de 430.000 tonnes de déchets par an (soit 2 fois plus qu’il y a 10 ans), et à 5 ans de la saturation des 2 centres de stockage de déchets (2011), une solution à la gestion de déchets paraît plus qu’urgente.
Le Préfet de La Réunion, Pierre-Henry Maccioni, a reconnu que la gestion des déchets s’était notablement améliorée ces dernières années grâce à une politique active d’investissements des intercommunalités et a cité comme exemple la montée en puissance de la collecte sélective. Mais il a reconnu aussi que "les équipements restent globalement insuffisants et les objectifs ambitieux du “plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés” approuvé en 1996 et révisé en 2002 n’ont pas été respectés".
C’est dans cet esprit de quête de solution qu’a été créée cette Instance Locale de Concertation. "L’ILC n’est en aucune façon une instance délibérative : elle ne vote aucune délibération, aucune motion. C’est une instance d’information, de dialogue qui prépare la décision qui restera en dernier ressort celle des élus compétents, dans le respect du code de l’environnement et sous le contrôle administratif des services de l’État", a expliqué le Préfet qui a insisté sur le fait que "la concertation s’engage très en amont de la décision".
Dans cette séance d’installation de l’ILC, Bruno Rénard, de l’ADEME, a fait une présentation de la problématique des déchets à La Réunion. Stéphane Babonneau, pour sa part, a exposé la démarche engagée par la CIVIS et a fait le point sur la constitution d’un syndicat mixte. Les modalités de travail de l’ILC et le calendrier ont été évoqués par le Sous-préfet de Saint-Pierre, Olivier Magnaval.

Le fonctionnement de l’ILC

Le Préfet Maccioni a expliqué que la concertation "se fera sur un mode continu. Lorsqu’une décision aura été prise par les collectivités, les travaux de l’ILC trouveront leur prolongement naturel dans la création d’une “commission locale d’information et de surveillance” qui accompagnera le moment venu la réalisation d’un projet puis son exploitation. La concertation prendra naturellement appui sur les études existantes, celles réalisées par la CIVIS en tout premier lieu. Mais cet examen sera replacé dans la problématique plus large de la politique globale des déchets à La Réunion et des alternatives existantes en matière de traitement".
Cette première séance d’hier a permis de fixer les thèmes du débat et les modalités de fonctionnement de l’ILC. Les séances ultérieures permettront, sous l’animation d’un membre du corps préfectoral, de débattre sur des ordres du jour bien définis.

Un agenda bien chargé

Pour enrichir le contenu des débats, des séances spécifiques seront organisées :

- Début novembre, des visites des équipements existant en métropole : le Conseil général a d’ores et déjà prévu d’organiser une mission qui sera ouverte à quelques membres de l’ILC et dont il sera bien entendu rendu compte précisément en séance.

- Fin novembre et début décembre, des rencontres avec la mission d’expertise, composée d’experts reconnus en santé et d’environnement, envoyée par le Ministère de l’Écologie.

- Des rencontres avec des personnes pouvant faire part de leur expérience de terrain.

- Des visites des équipements existant à La Réunion seront également organisées pour que les membres de l’ILC puissent prendre la mesure des atouts, des faiblesses et des besoins des filières réunionnaises.

Le Préfet a souligné que "si le débat est utile et légitime, la responsabilité des pouvoirs publics sera de décider en temps utile : il faut 5 ans environ pour conduire un projet, quelle que soit la technologie retenue. Ce qui nous place d’ores et déjà au mieux en 2011, année de la saturation du CSD de la Rivière Sainte-Étienne ; le statu quo laisserait donc sans aucune solution une politique publique essentielle pour le quotidien de La Réunion et des Réunionnais qui pourraient alors légitimement nous en faire le reproche".

Jany Leseur


L’Instance Locale de Concertation : une composition équilibrée

Étant donné l’importance et le rôle clé des différents acteurs de la société en matière de déchets, l’Instance associe tous ceux qui peuvent alimenter le débat :

- les collectivités territoriales qui sont les structures compétentes pour la collecte et le traitement des déchets ;

- les services de l’État qui assurent le contrôle des installations et l’accompagnement financier des projets ;

- les organismes socio-professionnels et les entreprises qui exploitent ou utilisent les équipements ;

- les associations de défense de l’environnement et les organismes spécialisés qui vont mettre leurs compétences au service des débats.
Toutefois, le Préfet a signalé que cette composition n’était pas figée et qu’au fur et à mesure des débats, d’autres structures ou organismes pourront être ponctuellement associés.


La problématique de déchets ménagers à La Réunion

Bruno Rénard de l’ADEME a cité dans son allocution les principales raisons du problème de déchets ménagers :

- Augmentation démographique : augmentation de la quantité de déchets

- Pénurie de foncier et concurrence avec d’autres utilisations

- Éloignement : nécessité de monter nos filières localement

- Insularité : trop (et pas assez) de déchets

- Sensibilité du territoire à l’environnement


La CIVIS propose

Parallèlement à la conduite, à la recherche et à la réalisation d’une solution pérenne de traitement des déchets ultimes, les EPCI concernés (CIVIS, CCSud et TCO) réaffirment la poursuite et l’amplification de leurs politiques actuelles en matière de gestion des déchets en conformité avec les recommandations du PDEDMA (Plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés) et en particulier :
la réduction de la production de déchets à la source par :

- la dotation de bio-composteurs aux habitants pour les déchets fermentescibles et les déchets verts,

- l’application de la charte d’engagement pour la réduction des sacs plastiques,

- l’application du Contrat de Progrès pour les sacs “sortie de caisse” à La Réunion,

- l’adhésion et relais de l’opération “Stop Pub”


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