Le gaspillage alimentaire

Le troisième pays émetteur de gaz à effet de serre

12 juin 2013

Une calorie produite sur quatre par le système agricole mondial est perdue ou gaspillée, selon une nouvelle analyse. Cela pose un sérieux défi à la capacité de la planète à réduire la faim et répondre aux besoins alimentaires d’une population mondiale en pleine expansion.

Selon le document “Réduire le gaspillage et la perte alimentaires”, plus de la moitié de la nourriture perdue et gaspillée en Europe, aux États-Unis, au Canada et en Australie se produit au moment de la consommation.
(photo phovoir)

Lancé lors de la Journée mondiale de l’Environnement (JME), dont le thème de cette année est « Pensez.Mangez.Préservez - Dites Non au gaspillage alimentaire », le nouveau document de travail “Réduire le gaspillage et la perte alimentaires” montre que plus de la moitié de la nourriture perdue et gaspillée en Europe, aux États-Unis, au Canada et en Australie se produit au moment de la consommation. En revanche, dans les pays en développement, environ deux tiers de la nourriture perdue et gaspillée se produisent après la récolte et le stockage.

“Réduire la perte et le gaspillage alimentaires” a été produit par le World Resources Institute (WRI) (Institut des ressources mondiales) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), et s’appuie sur les recherches de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

60% de calories en plus en 2050

Il fait une série de recommandations, y compris l’élaboration d’un « protocole sur la perte et le gaspillage alimentaires », une norme mondiale sur les processus de mesures, de suivi et d’élaboration de rapports sur le gaspillage et la perte alimentaires. Si ce qui est mesuré est géré, un tel protocole pourrait à long terme appuyer les gouvernements et les entreprises à entreprendre des efforts ciblés pour réduire la perte et le gaspillage alimentaires.

Selon l’étude, qui a été publiée le 5 juin en Mongolie, hôte global de la JME 2013, le monde aura besoin de 60 pour cent de calories alimentaires supplémentaires en 2050 par rapport à 2006 si la demande mondiale continue sur sa trajectoire actuelle.

Réduire de moitié les taux actuels de gaspillage et de pertes alimentaires, selon les auteurs, permettrait de réduire cet écart d’un cinquième. Cela aurait également comme résultat d’importantes économies d’eau, d’énergie, de pesticides et d’engrais, et boosterait la sécurité alimentaire mondiale.

« Au-delà de tous les avantages pour l’environnement, la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires permettra aux populations et aux entreprises d’économiser de l’argent », a déclaré Craig Hanson, Directeur du Programme des écosystèmes et des populations de WRI et co-auteur de l’étude. « Le monde a besoin de solutions urgentes pour nourrir sa population croissante, et la réduction de la perte et du gaspillage alimentaires est un élément essentiel pour un futur alimentaire durable ».

25% gaspillés

« Il est extraordinaire qu’au 21ème siècle, près de 25 pour cent de toutes les calories liées à la culture et à la production alimentaires soient perdues ou gaspillées entre le lieu de production et le consommateur ? Cela représente des aliments qui pourraient nourrir des populations et qui ont nécessité de l’énergie, de l’eau et des sols pour leur production dans un monde où les ressources naturelles sont de plus en plus rares et qui est marqué par des problèmes environnementaux, y compris par le changement climatique », a déclaré Achim Steiner, Secrétaire général adjoint des NU et Directeur exécutif du PNUE.

« Pourtant, au sein du défi lié à la nourriture résident les germes d’un avenir plus durable et coopératif — en résumé, c’est une question qui réunit tout le monde aujourd’hui et qui unira les générations futures. Les études de cas présentées ainsi que les recommandations de cette étude fournissent des solutions nationales et communautaires alliant les politiques aux savoirs traditionnels, la science moderne au sens commun » , a-t-il ajouté.

« Tout le monde — des agriculteurs et des entreprises alimentaires aux distributeurs, les compagnies maritimes, les hôtels, les restaurants et les ménages — a un rôle à jouer, et peut contribuer à maximiser les possibilités des Objectifs du Millénaire pour le développement, éradiquer les inégalités dans les pays riches et pauvres et jeter les bases d’une voie plus respectueuse de l’environnement pour des milliards de personnes », a déclaré M. Steiner.

Une analyse séparée coordonnée par la FAO qui sera publiée bientôt indique que si la perte et le gaspillage alimentaires étaient un pays, il serait le 3ème plus grand émetteur de gaz à effet de serre après les États-Unis et la Chine.

Préserver l’eau et l’environnement

Des banques alimentaires communautaires en Australie à l’utilisation des silos à grains en métal par les agriculteurs en Afghanistan, l’étude de WRI et du PNUE présente des solutions simples et peu coûteuses pour réduire les pertes et le gaspillage alimentaires qui apportent déjà des bénéfices environnementaux et économiques considérables aux communautés à travers le monde.

Répliquer et étendre ces initiatives pourraient significativement réduire les 1,3 milliard de tonnes de nourriture perdues ou jetées dans le monde chaque année, et apporter des améliorations relatives à l’efficience des ressources mondiales.

Le rapport montre, par exemple, que l’eau utilisée pour la production de la nourriture perdue ou gaspillée dans le monde chaque année pourrait remplir 70 millions de piscines de taille olympique, tandis que la quantité de terres cultivées utilisées pour produire de la nourriture gaspillée est équivalente à la taille du Mexique. Environ 28 millions de tonnes d’engrais sont utilisés chaque année pour produire cette nourriture perdue et gaspillée. L’utilisation inefficace des engrais est liée à l’expansion de zones « mortes » au niveau des zones côtières dans le monde et au changement climatique.
États-Unis

Pour réduire la taille des portions et donc la quantité de nourriture jetée chaque jour dans leurs cafétérias, certaines universités ont mis fin à l’utilisation des plateaux et introduit « le paiement par poids » et d’autres incitations. Une université a constaté que « sans plateaux », il est jeté 13 tonnes de nourriture en moins comparé aux années précédentes, et que l’équivalent de 100.000 litres d’eau par an sont économisés. Les économies financières s’élèvent à 79.000 dollars par an.

Sri Lanka

Introduction des caisses en plastique pour remplacer les sacs précédemment utilisés pour transporter les aliments permet une réduction de 30 pour cent à 5 pour cent des pertes de légumes.

Un projet similaire aux Philippines utilisant les caisses en plastique a augmenté de 16 pour cent la valeur d’un kilogramme de fruits et de légumes.

Australie

SecondBite, organisation à but non lucratif, recueille des aliments auprès de producteurs, de distributeurs et autres donateurs et les distribue à des groupes communautaires dans le besoin. L’année dernière, SecondBite a réutilisé et redistribué 3.000 tonnes d’aliments frais qui auraient autrement été jetés.

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus