Les mégafeux au Canada ont détruit tous les écosystèmes

Les animaux ont disparu sur les terres brûlées canadiennes

4 octobre 2023

Les mégafeux qui ont frappé le Canada au cours de l’été 2023 ont eu un fort impact sur la faune, déjà menacée par le dérèglement climatique et les activités humaines. Le nombre précis d’animaux morts dans ces incendies n’est pas connu, "mais ce sont des centaines de milliers" qui ont péri, a indiqué à l’Agence France Presse Annie Langlois, biologiste pour la fédération canadienne de la faune, qui parle de "drame".

Castors, coyotes, mouffettes, carcajous (ou glouton d’Amérique du Nord), renard roux, ours... la forêt boréale canadienne abrite 85 espèces de mammifères, 130 de poissons et 300 d’oiseaux, dont beaucoup d’oiseaux migrateurs.

Mais elle a été durement touchée par la saison des feux historiques qui a touché cet été le Canada, où 18 millions d’hectares de terres sont partis en fumée, l’équivalent du tiers de la France métropolitaine.

Annie Langlois a indiqué que certaines espèces peuvent vite être prises au piège, car elles n’ont pas la capacité de voler ou de courir assez vite et sur de longues distances pour éviter les brasiers "très intenses" et progressant rapidement.

De fait, dans certaines zones, le feu a frappé très tôt dans la saison, ne laissant aucune chance aux petits, à peine nés, de s’en sortir. Les conséquences sont aussi très lourdes pour la faune aquatique.

En plus de la cendre qui atterrit dans les lacs et rivières, l’érosion du sol causée par la perte de végétation altère la qualité de l’eau. A cela s’ajoute, les particules de fumée de feu de forêt contiennent une plus grande proportion de polluants à base de carbone sous diverses formes chimiques, qui viennent se déposer parfois à des centaines de kilomètres.

Ces formes chimiques ont "des effets aigus ou chroniques sur la santé de la faune", a expliqué Matthew Mitchell de l’Université de Colombie-Britannique. La situation est dramatique. "Les jeunes animaux sont souvent plus sensibles aux effets de la fumée, tout comme les humains", a ajouté ce dernier. De plus, "même les animaux marins comme les baleines et les dauphins sont affectés lorsqu’ils émergent pour respirer".

Au Canada, près de 700 espèces sont déjà considérées comme menacées, en grande partie à cause de la destruction de leur habitat. Sur le long terme, les feux constituent une pression supplémentaire sur ces milieux, déjà mis à mal par les coupes forestières et le changement climatique.

Ainsi, le caribou, emblème du Canada qui vit dans les vieilles forêts, est d’autant plus menacé. "Si l’orignal risque de bien s’en sortir, le caribou va moins bien s’en tirer, étant donné qu’il est déjà dans une situation précaire", s’est inquiété Gabriel Pigeon, professeur en écologie de la faune à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.

Les incendies pourraient accentuer le réchauffement, poussant certaines espèces fuient vers le nord. Ainsi, le lynx suivit par Gabriel Pigeon grâce à des colliers émetteurs s’est réfugié à 300 kilomètres de son territoire à cause des feux alors que son "domaine vital est généralement de 25 kilomètres carrés".

Le retour des animaux est variable d’une espèce à l’autre, mais pour certains comme le caribou, il pourrait prendre de nombreuses années avant de revenir, voire même plus jamais.


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