Dépôts sauvages en sommeil

Les associations ne lâchent pas prise

10 octobre 2006

Près de 70% des signalements enregistrés par le réseau de veille et d’alerte “Vigichik.com” concernent des dépôts d’ordures sauvages. Interpellées, les autorités chargées d’intervenir connaissent déjà les sites, mais tardent à intervenir. L’insistance des associations permet parfois d’accélérer les choses, mais manque de moyens des interlocuteurs ? Lenteur administrative ou immobilisme ?... Le chikungunya met en relief les failles de la politique locale de gestion des déchets. Néanmoins, les associations persistent et proposent de nouveaux projets.

Le réseau “Vigichik.com” est un exemple d’outil au service de la mobilisation communautaire tant plébiscitée dans la lutte contre le chikungunya. Cependant, la volonté des associations qui l’ont mis en place et le font vivre - “Citoyen Contre le Chik” (CCC), à l’origine du projet, “Réseau Périnatal Réunion”, “Association Ile de La Réunion Contre le Chikungunya”, “Association Prévention Suicide” - est souvent confrontée aux incohérences et lenteurs administratives.

"Souvent, cela tarde un peu"

140 observateurs de terrain volontaires sont inscrits au réseau. Jean Alain Cadet, porteur du projet, constate que ces dernières semaines, les adhésions stagnent à l’image du développement de l’épidémie. Selon lui, la population se mobilisera et fera davantage attention aux gîtes potentiels lorsque l’épidémie repartira. C’est pourquoi, l’association, qui n’a compté jusque-là que sur la presse pour se faire connaître, prépare une campagne de communication pour novembre.
Néanmoins, les signalements dans les quartiers continuent notamment dans la région Est. Jean Alain Cadet confie que depuis la création officielle du réseau, le 16 mai 2006, 70% des signalements sont liés aux dépôts sauvages. Il arrive que des personnes contactent le réseau pour dénoncer les pratiques peu “chikocitoyennes” de leur voisin. "C’est un problème un peu délicat, confie Jean Alain Cadet qui se défend de vouloir intercéder dans la sphère privée. On renvoie ces personnes vers leur mairie ou leur suggère un arrangement à l’amiable".
Viennent ensuite des signalements relatifs à des amas de pneus usagés, comme ce monticule signalé dans le Sud et qui, par l’intervention insistante du réseau, a finalement pu être dégagé. "Nous n’avons pas les moyens de régler les problèmes par nous-mêmes, explique Jean Alain Cadet. On fait remonter les signalements aux autorités, mais il faut reconnaître que souvent, cela tarde un peu. Beaucoup de signalements que l’on enregistre sont déjà connus des services municipaux ou des Communautés de communes, mais cela tarde". Pour exemple, des carcasses de voitures sur la commune de l’Étang-Salé signalées en août au réseau étaient marquées depuis le mois de mars par la CIVIS. Entre temps, les administrés s’impatientent. La Communauté de communes a répondu à l’association qu’elle n’avait qu’un seul camion pour gérer l’Entre-Deux, Saint-Pierre et les Avirons.

Projet ravine sur le bureau du Département

"On a boosté un peu les choses, mais bien souvent, les problèmes sont déjà connus. C’est long. On essaie de faire accélérer les choses, mais cela reste assez marginal", déplore à demi mot notre interlocuteur face à l’insistance de certains citoyens. La cinquantaine de gîtes recensés et signalés par le réseau se fondent dans les 5.000 marqués par la DRASS. "On les défend, soutient néanmoins le porteur de projet, car ce sont les citoyens qui nous les signalent. Ils attendent des réponses. Maintenant, ils ne sont pas forcément traités en priorité. L’idéal serait que nous puissions, petit à petit, régler les choses par nous-mêmes. Mais ce n’est pas simple, chacun a sa compétence : les ravines sont de la compétence de l’État, les berges sont aux communes... Bien souvent, cela conduit à l’immobilisme".
Pour tenter d’agir davantage, CCC a déposé un projet au Conseil général pour proposer une intervention au niveau des ravines, pour leur nettoyage, mais aussi pour leur surveillance. "Chaque ravine est un site à protéger en permanence, soutient Jean Alain Cadet, particulièrement celles des agglomérations qui demandent une attention particulière. Une ravine c’est comme un parc, il faut un entretien régulier".
Au-delà du retrait des gîtes larvaires potentiels, CCC souhaiterait qu’un ou deux permanents soient affectés en continue au nettoyage des sites. Parallèlement, elle a suggéré à la collectivité la création d’un poste en Contrat d’Avenir pour mener des opérations de prévention à destination des familles qui habitent aux abords de ces ravines. "Cela permettrait de mener deux choses de front", souligne encore Jean Alain Cadet. Le dossier est actuellement en cours d’examen et "on espère qu’il aura un bon écho. À priori, c’est bien parti".

Stéphanie Longeras

Si vous souhaitez adhérer bénévolement au réseau, devenir un observateur actif de veille et d’alerte au sein de votre quartier et ainsi participer à la lutte contre le chikungunya, alors “Signalez-vous !” par Internet sur le site www.vigichik.com.


An plis ke sa

La création du réseau “Vigichik.com” fait des émules chez nos voisins. Comores, Mayotte, Madagascar, Maurice et Seychelles : les pays de la zone ont fait appel à Jean Alain Cadet pour piloter l’installation d’un même réseau sur leur territoire. "Cela permettrait au réseau d’avoir un aura plus important, et comme nous sommes aussi soumis à ce qui se passe chez nos voisins, d’avoir une meilleure lisibilité du développement de l’épidémie".
Christian Mériaud du pôle Santé de la Région Réunion trouve l’idée intéressante.
À suivre.


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