Les chercheurs réunionnais en pointe dans les domaines de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie

Un colloque de haute tenue sur le thème de l’environnement

5 mars 2007

Un colloque intitulé “Equilibres environnementaux, énergies renouvelables et développement urbain” organisé les 1er et 2 mars 2007 par la faculté de La Réunion et la Région Réunion sur le campus du Moufia, a révélé une nouvelle fois à quel point les chercheurs réunionnais se situent en pointe dans les thématiques ayant trait à l’environnement et à la maîtrise de l’énergie.

Un outil innovant le PERENE (PERformance ENErgétique)

François Garde, le responsable du Laboratoire de Physique des Bâtiments et des Systèmes (LPBS) a rappelé tout d’abord que l’énergie consommée par le secteur du bâtiment (fabrication des matériaux et construction proprement dite) concerne 40% du total mondial. En outre, au niveau réunionnais, la demande d’énergie augmente de 7% par an. L’offre énergétique locale est proche de son maximum, et, parfois, ne parvient pas à répondre à la demande, ce qui entraîne, très rarement, des délestages. Par conséquent, il faut étudier la manière de construire des bâtiments moins énergétivores. Un outil a été lancé à la suite de ce constat : PERENE. Financé par la Direction Départementale de l’Équipement et réalisé par un groupe de travail constitué du LPBS et deux bureaux d’étude (AB et INSET), le premier objectif de PERENE a consisté à rassembler un grand nombre de données : celles de Météo France, celles menées dans les Hauts de La Réunion, celles concernant les diagnostics énergétiques par secteurs d’activité. Le groupe de travail a alors réalisé une synthèse. Puis, ils ont élaboré un outil pour les acteurs de la construction qui leur donne les informations concernant l’incorporation des aspects de développement durable dans leur travail. Les recommandations formulées par PERENE correspondent aux axes qui devraient être adoptés par la future réglementation. A la différence de celle-ci, elle n’a cependant aucun caractère obligatoire et seul le maître d’ouvrage peut décider de les incorporer ou non dans la construction.
PERENE consiste donc à adapter le bâtiment, qu’il soit tertiaire ou résidentiel, selon la zone climatique dans lequel il se trouve. Ce dernier propose en effet un zonage climatique en quatre zones : la région dite sous le vent, la région au vent, les Hauts, les zones d’altitude. PERENE a un champ d’application comprenant le logement et le tertiaire. Il s’agit donc d’une approche essentiellement qualitative. L’objectif du LPBS consiste aussi à valoriser la recherche en éditant un document simple résumant les règles de PERENE pour les particuliers désireux de construire une maison adaptée au climat.

Améliorer l’habitat

PERENE revient par exemple sur la pertinence du logement de base actuel dans les Hauts qui comporte une toiture de couleur moyenne, avec un simple vitrage, une fabrication en parpaing sans isolation, une ventilation médiocre. PERENE propose aux maîtres d’ouvrage d’inclure, dans leurs nouvelles constructions, des isolants d’au moins cinq centimètres, des doubles vitrages, une meilleure ventilation, une suppression de la varangue. En ce qui concerne le vitrage, quand on le double, on gagne 2 degrés, ce qui permettrait d’éviter de chauffer l’hiver. Pour ce qui est de la varangue au Nord, la supprimer revient à obtenir deux degrés supplémentaires la nuit et trois degrés le jour.
Bien sûr, cela a un coût. 2 à 3% d’augmentation du prix du logement sont envisagés. Néanmoins, deux éléments de réponse peuvent rassurer le maître d’ouvrages. Tout d’abord, celui-ci aura des crédits d’impôts. Deuxièmement, s’il perd de l’argent au départ, par rapport à un bâtiment classique, il économisera à terme, pour ce qui est de la facture énergétique. En outre, selon François Garde, la maison traditionnelle des Hauts connaît des problèmes de condensation pendant l’hiver (moisissures nombreuses). Les menuiseries, quand elles sont en bois, pourrissent. Avec le système de Ventilation Mécaniquement Contrôlée (VMC) des bâtiments, on réduit considérablement la condensation. Encore une fois, un tel achat est conséquent, mais il permet d’éviter de changer son plafond régulièrement.

Un besoin de réglementation thermique dans les DOM !

En métropole, la conception thermique et énergétique des bâtiments est encadrée par le cadre juridique de la réglementation thermique 2005. Cependant, cette dernière ne concerne pas les DOM en raison de leurs climats particuliers. Un projet de décret ministériel sur la réglementation thermique et énergétique concernant la thématique du logement neuf est attendu depuis un moment. En effet, le Ministère de l’Outre-mer et le secrétariat d’État au logement ont créé dès septembre 2001 une instance de concertation entre les DDE et les professionnels du bâtiment des quatre DOM. Pour François Garde : « le projet de décret actuel comporte des aspects très exigeants comme ceux sur les toits. En revanche, ce texte se préoccupe moins de la nécessité de doter toutes les nouvelles constructions de doubles vitrages... »
On ajoutera que ce décret devrait également revenir sur la prise en compte des phénomènes cycloniques, sur l’assainissement non collectif, sur les risques d’incendie et sur les produits de construction.

Matthieu Damian


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