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par le Dr Raymond Vergès

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Les Équatoriens votent l’arrêt d’un gisement pétrolier, « une décision historique »

Protection de l’Amazonie, poumon de la Terre

samedi 26 août 2023


Les Équatoriens ont dit oui à 59% à l’arrêt de la production du bloc Ishpingo, Tambococha et Tiputini (ITT), connu sous le nom de « bloc 43 ». Alors que le pétrole brut, premier produit d’exportation du pays, a généré des revenus de 10 milliards de dollars en 2022, soit environ 10% du PIB.


Il s’agit d’une « décision historique » pour les défenseurs de l’Amazonie. Car une majorité d’Équatoriens a voté pour l’arrêt de la production pétrolière dans un gisement emblématique de la réserve amazonienne de Yasuni, dans l’est de l’Équateur.

Lors d’un référendum organisé le 20 août, les Équatoriens ont dit oui à 59% à l’arrêt de la production du « bloc 43 », selon les résultats publiés le 21 août.

Demandée par un groupe environnemental depuis une dizaine d’année, cette consultation nationale avait été finalement autorisée en mai dernier par la plus haute juridiction du pays. Elle devait décider de l’avenir du bloc Ishpingo, Tambococha et Tiputini (ITT), connu comme « bloc 43 », d’où sont extraits 12% des 466.000 barils/jour produits en Équateur.

D’autres champs pétroliers sont encore en activité dans le parc Yasuni, mais le bloc 43 est devenu un symbole de la démocratie climatique et a attiré l’attention de célébrités mondiales et des activistes qui ont suivi le référendum de près.

L’Équateur, premier pays au monde à arrêter des forages pétroliers

La star hollywoodienne Leonardo DiCaprio, qui a fait campagne pour le « oui » a salué le référendum comme « un exemple de démocratisation de la politique climatique ». L’activiste suédoise Greta Thunberg, également engagée dans le référendum, a écrit sur Instagram : « Voilà ce qu’est l’action climatique ».

La compagnie pétrolière nationale Petroecuador avait reçu l’autorisation d’intervenir sur quelque 300 hectares du Yasuni mais elle a assuré n’avoir à peine exploité 80 ha, a indiqué la société dans un communiqué.

Petroecuador a assuré qu’elle se conformerait à la « décision souveraine » des Équatoriens. Le gouvernement, qui s’opposait à cette consultation, estimait les pertes à 16,47 milliards de dollars sur 20 ans si le bloc était révoqué.

Réserve unique de biodiversité, le Yasuni s’étend sur près d’un million d’hectares de forêt humide et primaire. Il est aussi une terre indigène, avec la présence historique des Waorani, des Kichwa, des Tagaeri, des Taromenane et des Dugakaeri, dernières communautés vivant en isolement volontaire en Équateur et fuyant la civilisation moderne.

« Aujourd’hui, l’Équateur a fait un pas de géant pour protéger la vie, la biodiversité et les peuples indigènes ! » ont célébré sur le réseau X (ex-Twitter) les deux principales organisations indigènes du pays, la Confeniae et la Conaie.

Le groupe environnemental Yasunidos, à l’origine du référendum, s’est félicité d’« une victoire historique pour l’Équateur et pour la planète ». « C’est la première fois qu’un pays décide de défendre la vie et de laisser le pétrole dans le sol ».

« L’Équateur devient le premier pays au monde à arrêter des forages pétroliers grâce à la démocratie climatique directe », a également célébré un collectif d’ONG, dont Amazon Frontlines, Yasunidos et Alianza Ceibo.

« Le résultat du référendum protège de façon permanente l’un des endroits les plus riches de la planète, marquant ainsi une victoire majeure pour les droits des peuples autochtones, la conservation de la forêt tropicale et la lutte contre le changement climatique », a indiqué un communiqué conjoint.

Poumon de Quito

L’exploitation du pétrole est un des piliers de l’économie équatorienne, depuis les années 1970. Le pétrole brut, premier produit d’exportation du pays, a généré des revenus de 10 milliards de dollars en 2022, soit environ 10% du PIB.

Près de 500.000 barils sont produits par jour dans toute la partie amazonienne du pays (nord-est). Ce brut est transporté par oléoduc vers la côte Pacifique et sur des millions d’hectares ce ne sont que puits, pipelines, tankers, camions-citernes, stations de traitement et torchères enflammées...

Cette industrie a permit de renflouer les caisses de l’État et le « développement » du pays, selon les autorités. Mais pour les activistes pro-environnement, cela s’est surtout soldé par de la dette, la pauvreté et la pollution à grande échelle.

Le président conservateur sortant Guillermo Lasso (au pouvoir depuis 2021) voulait doubler la production nationale. Or il quittera le pouvoir en octobre 2023, à l’issue du second tour de la présidentielle anticipée qui l’opposera le 15 octobre à une candidate socialiste et le fils d’un milliardaire magnat de la banane.

Le 20 août, dans une autre consultation, locale cette fois, les habitants du district métropolitain de Quito ont voté à 68% pour l’arrêt de l’exploitation minière dans six petites villes de la périphérie de la capitale, dans le territoire du Choco Andino. En effet, 287.000 hectares de forêts, déclaré réserve de biosphère par l’Unesco, sont menacés. La zone est souvent décrite comme le poumon de Quito et abrite notamment l’ours des Andes.


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