Périmètre irrigué du Sud

Les irriguants ont la trésorerie à sec

1er juin 2006

Une quarantaine de planteurs, étranglés par des difficultés de trésorerie liées à la gestion de l’eau dans le périmètre irrigué, se sont réunis hier matin autour de Jean-Yves Minatchy, président de la CGPER, pour soutenir 10 propositions en faveur des irriguants du Sud.
’La balle est dans le camp du Département et de la SAPHIR’, résume un communiqué du syndicat à l’issue de cette réunion.

L’augmentation des coûts de production de ces dernières années, ajoutés à des frais forfaitaires trop importants, a entraîné une dégradation du revenu des planteurs, alors que ceux-ci sont déjà confrontés à des difficultés financières récurrentes. Le résultat en est souvent un cumul d’arriérés qui, dans certains cas extrêmes, a contraint certains planteurs au choix de limiter l’irrigation de leur parcelle.
Cette situation est à l’origine de la réunion qui a regroupé hier matin, à la ligne Paradis (Saint-Pierre), une quarantaine d’irriguants de la région Sud, confrontés à de sérieuses difficultés de trésorerie.
Le syndicat des petits et moyens planteurs et éleveurs de La Réunion estime qu’avec la réforme de l’OCM-sucre et la perspective d’une prochaine convention canne signée pour les neuf prochaines années, l’ensemble des partenaires devrait converger dans l’élaboration d’un plan de relance de la filière canne. Parmi eux, le Département et la Saphir ont à tenir chacun leur rôle dans le règlement de la question de l’irrigation : le Département, parce qu’il a rédigé des “cahiers de l’agriculture” pour les quinze prochaines années ; la SAPHIR, avec la nouvelle convention d’affermage.
"L’avenir de notre agriculture passe par l’irrigation", estime la CGPER, qui constate que d’ici 2010, il faudra ajouter 2.000 hectares irrigués - dans les secteurs de Saint-Louis, Mahavel 2, Bassin Martin et les Avirons - aux 7.800 qui le sont déjà dans le Sud "si nous voulons atteindre notre quota de 2,5 millions de tonnes de cannes". La situation décrite est celle de planteurs pris dans l’étau d’un impératif de production, poussant à une consommation dont ils ne peuvent assumer le coût. Il y a forcément quelque chose à revoir dans ce système.

Dix propositions

La CGPER a fait dix propositions qui méritent au moins un examen approfondi et un débat.
Ces propositions sont de portées différentes, les unes traitant de choix ou d’orientations fondamentaux, les autres relevant de mesures techniques ou réglementaires.
Selon la CGPER, une politique de captages ou de forages portée par les pouvoirs publics permettrait une extension de l’irrigation sur près de 60 ha pour diversifier les cultures.
Les planteurs remettent en question le coût de la prestation SAPHIR (93 euros) pour la vérification des compteurs : dans la mesure où cette opération permet souvent de détecter des fuites préjudiciables aux deux parties, la CGPER sous-entend que le coût pourrait en être partagé.
Parmi les autres doléances adressées à la SAPHIR : une taxe annuelle (20 euros) pour l’installation d’un système de réduction de la pression mis en place il y a une dizaine d’années et dont la CGPER estime "[qu’il] est amorti depuis belle lurette". Mais les planteurs continuent à payer la taxe. Ils versent aussi à l’Office de l’eau, depuis 2005, un montant de 50 euros par trimestre. "Cet office, déjà financé par le Département, est rarement présent pour les planteurs", critique la CGPER qui demande que les agriculteurs soient exonérés de cette taxe.
Autre mesure technique : le relèvement de la tranche A de 10.000 mètres cubes à 15.000 mètres cubes par hectare. "À ce jour, la quasi-totalité des planteurs sont dans la tranche B ou C, d’où une facture excessive", note encore le président de la CGPER, qui ajoute à l’adresse de la SAPHIR la revendication d’une remise annuelle de 15%.
"Les planteurs ne comprennent pas le fonctionnement de la SAPHIR", soutient Jean-Yves Minatchy : "lorsqu’ils consomment moins d’eau, la SAPHIR supprime la réduction et lorsque leur consommation d’eau est plus importante, la sentence est la même. La canne est une plante vivante et les planteurs ne peuvent pas ajuster au litre près la quantité d’eau dont la canne a besoin", ajoute le leader syndical.
Ce cahier de revendications ne signifie pas que les planteurs renoncent aux efforts nécessaires pour amener la filière canne à ses nouveaux objectifs. Mais ils pensent pour le moins que "la balle est dans le camp du Département et de la SAPHIR" dont les présidents respectifs ont été saisis par courrier de cette liste de 10 propositions.

Pascale David


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus