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Les océans, indispensables à la Terre mais en péril
Rapport alarmant de l’ONU sur les océans
samedi 21 septembre 2019
Dévastés par le dérèglement climatique et les pollutions causés par l’Homme, les océans s’apprêtent à déchaîner leur puissance sur la terre qui ne peut vivre sans eux, a alerté un projet de rapport de l’ONU, qui devrait être adopté, puis publié le 25 septembre.
« Tous les habitants de la planète dépendent directement ou indirectement des océans et de la cryosphère » (calottes glacières, banquises, glaciers, sols gelés en permanence), ont introduit les rapporteurs dans le projet de texte sur lequel se penchent à Monaco les scientifiques et diplomates des 195 Etats membres du groupe d’experts de l’ONU sur le climat (Giec).
L’urgence de changer de modèle de consommation
La synthèse de ce rapport de 900 pages, obtenue par l’Agence France Presse, dresse un contast très sombre de l’état des océans qui couvrent plus de 80% de la planète. Ce texte conforte les trois autres rapports de l’ONU publiés depuis un an sur l’objectif de limitation du réchauffement à +1,5°C, sur la biodiversité et sur la gestion des terres et du système alimentaire.
Le rapport est sans appel : si l’Humanité veut éviter la pire des catastrophes, elle doit réformer rapidement et profondément son modèle de production et de consommation. Les gouvernements se sont engagés lors de l’Accord de Paris en 2015 (COP21) à limiter le réchauffement de la planète à +2°C, voire +1,5°C, par rapport à l’ère pré-industrielle.
Mais les engagements des Etats à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, s’ils étaient respectés, conduiraient à un monde à +3°C. Avec seulement 1°C de réchauffement enregistré, les impacts sur l’Homme se font sentir : des tempêtes aux inondations, en passant par les sécheresses et les canicules meurtrières.
Les océans et les glaces sont en première ligne.
Depuis le milieu du XIXe siècle, les mers ont absorbé plus de 90% de la chaleur supplémentaire générée par les gaz à effet de serre produits par l’Homme. Sans les mers, le réchauffement de la planète aurait pu être en gros de 10°C de plus, selon une estimation de Katharine Hayhoe, climatologue et directrice du Climate Center à l’université Texas Tech.
Melissa Wang, scientifique à Greenpeace International, explique que "certains des impacts du changement climatique sur nos océans sont maintenant irréversibles et d’autres sont de plus en plus inévitables", ajoutant qu’au "niveau actuel d’émissions, nous rejetons un million de tonnes de CO2 dans les océans toutes les heures".
Au total, les océans ont absorbé environ un quart des gaz à effet de serre produits par l’Homme, entraînant notamment une acidification de l’eau de mer néfaste à la chaîne alimentaire.
"Des récifs coralliens aux mangroves, en passant par les populations de poissons, le changement climatique et les pressions humaines détruisent rapidement le capital naturel nécessaire à la vie et aux moyens de subsistance de centaines de millions de personnes à travers le monde", résume John Tanze, de WWF.
La fonte des glaces va augmenter le niveau des océans
Les scientifiques du GIEC se penchent aussi sur l’avenir des régions glacées, qui avec les zones enneigées, contiennent près de 70% de l’eau douce de la planète. Les images d’ours polaires en dérivent ou en train de mourir de faim et de chaud, sont désormais une triste réalité.
D’ailleurs, avec la fonte des calottes glaciaires de l’Antarctique et du Groenland, le niveau des océans va encore augmenter, multipliant les événements extrêmes comme les vagues de submersion et les inondations, en particulier dans les petites îles et les mégalopoles côtières.
Même si le monde parvenait à limiter le réchauffement à +2°C, les eaux pourraient à terme submerger des territoires où vivent aujourd’hui 280 millions de personnes. Elles devront alors être déplacées, selon le projet de synthèse.
"Nous allons passer d’un monde doté d’un océan stable à un monde où (le niveau de la mer) s’élèvera en permanence, menaçant les côtes pendant des siècles, si ce n’est plus", a déploré Ben Strauss, directeur du centre de recherche Climate Central.
Autre risque majeur du réchauffement climatique, les glaciers, qui régulent l’apport en eau des régions montagneuses. En danger, certains comme ceux des Alpes peuvent perdre 80% de leur volume d’ici la fin du siècle. En effet, de 30 à 99% des sols gelés toute l’année dans l’Hémisphère nord pourraient fondre, relâchant dans l’atmosphère des millions de tonnes de CO2 et accélérant encore le réchauffement.