Sommet de l’océan à Nice

Les océans ne doivent pas devenir un « Far West » pour l’exploitation minière

10 juin

Le sommet mondial sur les océans s’est ouvert le 9 juin à Nice, en France, avec des appels à interdire le chalutage de fond et à renforcer la protection des aires marines protégées dans le monde.

Plus de 60 chefs d’État et de gouvernement sont réunis à Nice, dont de nombreux dirigeants du Pacifique et d’Amérique latine, pour la troisième conférence visant à mieux protéger un océan surchauffé, pollué et surpêché.

La conférence de l’ONU sur les océans s’est ouverte le 9 juin à Nice par des appels à la mobilisation et au multilatéralisme, afin d’éviter le chacun pour-soi dans les eaux internationales. Ces appels ont été lancé en signe de protestation à la politique unilatérale du président américain Donald Trump, absent du sommet.

« Les abysses ne sont pas à vendre »

Premier à prendre la parole, le président français Emmanuel Macron a appelé à la « mobilisation » pour des « océans » en « ébullition », car « si la terre se réchauffe, l’océan quant à lui est en ébullition ».

« La première réponse c’est donc le multilatéralisme », a déclaré le président français. « Le climat comme la biodiversité, ce n’est pas une question d’opinion, c’est une question de faits scientifiquement établis », a estimé le président français.

« Les abysses ne sont pas à vendre, pas plus que le Groenland n’est à vendre, pas plus que l’Antarctique ou la haute mer ne sont à vendre », a-t-il enchaîné en visant implicitement les déclarations expansionnistes du président américain.

Emmanuel Macron, qui a renouvelé son appel à un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins, partageant la prise de position du secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, dans ses appels au respect du droit international.

« Les grands fonds ne peuvent pas devenir un Far West », a-t-il lancé, alors que Donald Trump prévoit de lancer unilatéralement l’exploitation des galets de nickel ou autres métaux critiques dans les eaux internationales du Pacifique.

« C’est gagné » pour la haute mer

Sur la ratification du traité sur la haute mer, autre sujet sensible du sommet, Emmanuel Macron a affirmé que le traité sera ratifié par suffisamment de pays pour pouvoir entrer en vigueur. L’Élysée a précisé que ce serait le cas d’ici la fin de l’année.

Ce dernier a également annoncé de nouveaux engagements de pays pour atteindre au moins 60 ratifications. « À la cinquantaine de ratifications déjà déposées ici même ces dernières heures, quinze pays se sont formellement engagés à les rejoindre », a déclaré Emmanuel Macron en ouverture de la conférence de l’ONU sur les océans à Nice (sud-est de la France). « Ce qui fait que l’accord politique est obtenu, qui nous permet de dire que ce traité sur la haute mer sera bien mis en œuvre. C’est donc gagné », a-t-il ajouté, sans préciser de calendrier.

Le traité, signé en 2023, entrera en vigueur 120 jours après la 60e ratification. La France souhaitait initialement obtenir ces 60 ratifications d’ici la conférence de Nice pour l’entrée en vigueur du traité, a dû accepter que ce calendrier symbolique ne soit pas respecté.

Limitation du chalut de fond

La France a annoncé dès samedi, par la voix d’Emmanuel Macron, une limitation du chalut de fond dans ses aires marines protégées (AMP) pour protéger les fonds marins, sans toutefois parvenir à convaincre les ONG, qui ont critiqué le « manque d’ambition » de ces annonces.

Plusieurs pays pourraient également profiter du sommet de Nice pour annoncer la création de nouvelles aires marines protégées ou l’interdiction de certaines pratiques de pêche, comme le chalut de fond, dans certaines d’entre elles.

Le 9 juin, le gouvernement britannique doit également annoncer son intention d’interdire le chalutage dans 41 zones protégées, couvrant une superficie de 30.000 km2. La moitié des AMP anglaises sera ainsi interdite au chalutage si le processus arrive à son terme.

Mis en avant dans le film « Ocean » du Britannique David Attenborough, le chalutage de fond est critiqué pour son impact carbone et les dommages qu’il engendre sur les habitats marins sensibles (herbiers, coraux, etc.).

La communauté internationale s’est fixé un objectif de 30% de protection en 2030 (objectif « 30X30 »). Seulement 8,36% des océans sont protégés actuellement, et, au rythme actuel, cet objectif ne sera pas atteint avant 2107, selon Greenpeace.

Les annonces attendues à Nice devraient permettre de dépasser 10% de protection au niveau mondial, selon le ministère de la Transition écologique, un taux bien loin de l’objectif initial indispensable à la protection des océans.

De nouvelles institutions

La première journée de la conférence a été animé par des annonces scientifiques, dont le lancement de l’Ipos, une plateforme conçue pour conseiller les États sur leurs engagements liés au développement durable de l’océan.

La société Mercator, qui surveille l’état de l’océan depuis plus de 20 ans, doit être transformée en organisation internationale, à l’occasion de la signature d’un traité. Cet organisation œuvre notamment à concevoir un « jumeau numérique » de l’océan, qui pourrait aider en particulier pour la compréhension des cyclones.

Enfin une coalition spatiale pour l’océan (Space4Ocean) devrait être fondé, afin de renforcer des efforts de préservation et de conservation des océans.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus